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Assurance récolte : Groupama craint un retard à l’allumage

Selon le projet d’ordonnance cadrant la réforme de l’assurance récolte, le groupement de coréassurance ne serait pas créé par l’État mais par les assureurs eux-mêmes, dans un délai de dix-huit mois. De quoi faire craindre à Groupama du retard dans la mise en œuvre du nouveau dispositif de gestion des risques climatiques, voire sa fragilisation si un consensus sur le pool n’est pas trouvé.

Blé souffrant de la sécheresse. Selon Groupama, si la création du groupement de coréassurance est retardée, les échéances et l'efficacité de la nouvelle assurance récolte seraient compromises.
Blé souffrant de la sécheresse. Selon Groupama, si la création du groupement de coréassurance est retardée, les échéances et l'efficacité de la nouvelle assurance récolte seraient compromises.
© J.-C. Gutner

Devant la presse, le 6 juin, Groupama a fait part de son inquiétude pour l’avenir de la réforme de l’assurance récolte, censée entrer en vigueur début 2023. À l’origine des craintes de l’assureur : le projet d’ordonnance, texte qui doit préciser les modalités pratiques du nouveau dispositif, ne prévoit pas que l’État crée lui-même le groupement de coréassurance (ou pool), nécessaire selon Groupama au déploiement sur le terrain de l’assurance récolte, et à son accessibilité au plus grand nombre.

Le projet de texte prévoit de laisser aux assureurs eux-mêmes le soin de s’organiser pour fixer les règles de fonctionnement du groupement, dans un délai de 18 mois. Passé ce délai, le gouvernement aurait la possibilité (mais non l’obligation) de mettre en place ce pool. Compte tenu de l’absence de consensus sur ce sujet entre les assureurs du marché, le leader de l’assurance récolte met en garde sur le fait que le groupement a « peu de chances d’aboutir » dans les dix-huit mois.

Pour Groupama, ce groupement est indispensable pour développer l’assurance récolte. Il vise en effet à mettre en commun les portefeuilles des assureurs qui distribueront ce produit. Cela permettra une meilleure connaissance du risque, et une mutualisation des pertes et des bénéfices. Faute de mise en place au plus vite du pool, ou s’il y a uniquement une mise en commun des données, « cela conduirait les assureurs à avoir une démarche de sélection du risque, ce qui laisserait de côté certains agriculteurs », a déploré Pascal Viné, directeur des relations institutionnelles de Groupama.

Or, la souscription de l’assurance récolte sera indispensable pour profiter pleinement du dispositif de solidarité nationale, abondé par l’État pour indemniser les plus grosses pertes de rendement provoquées par les aléas climatiques. Par ailleurs, Pascal viné considère que, sans la création de ce groupement, il y aura des « problèmes pour fournir à chaque agriculteur des contrats d’assurance à conditions raisonnables », qui est l’un des objectifs de la réforme.

Pour Groupama, le nouveau système de gestion des risques climatiques ne sera un succès qu’à condition « de faire bonne impression dès janvier 2023 », appelant à valider au plus vite la création du pool. Tout retard pris dans la mise en place du nouveau dispositif risque de « démonétiser » l’assurance récolte nouvelle formule auprès des agriculteurs, fait-on savoir chez l’assureur. « Nous sommes donc favorables à ce que l’État prenne la décision de la création du pool, ce qui permettrait de commencer son élaboration, qui sera longue, dès 2023 », a expliqué Pascal Viné.

Face aux résultats financiers pénalisés par une sinistralité climatique en hausse, Groupama « s’est engagé comme les autres assureurs dans une phase de redressement des équilibres techniques », a signalé Delphine Létendart, directrice assurances de Groupama, avec la suppression de certaines options et des hausses tarifaires. « La question est de savoir si la réforme va nous inciter à accompagner le monde agricole dans le développement de l’assurance récolte, mais sans groupement je suis réservée sur la capacité à le faire », a indiqué la responsable.

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