Vers plus de fruits et légumes zéro carbone en rayon ?
Des fruits et des légumes labellisés neutres en carbone commencent à fleurir dans les rayons, portés par la sensibilité des consommateurs d’Europe du Nord et dans l’optique de l’objectif de neutralité carbone de l’Union européenne.
Des fruits et des légumes labellisés neutres en carbone commencent à fleurir dans les rayons, portés par la sensibilité des consommateurs d’Europe du Nord et dans l’optique de l’objectif de neutralité carbone de l’Union européenne.

Et si nos fruits et légumes français pouvaient afficher une empreinte carbone neutre ? C’est en tout cas l’objectif général annoncé par l’Union européenne dans sa loi Climat de 2021 et plus particulièrement par la France dans sa Stratégie bas carbone. Cette neutralité carbone d’un produit, d’une entreprise ou d’une filière, qui consiste à réduire au maximum les émissions de CO2 et à compenser ensuite celles qui restent, c’est une façon de lutter contre le changement climatique en limitant les émissions de gaz à effet de serre (GES).
Pour aller plus loin : les autres articles du dossier Carbone
C’est ainsi que depuis la fin des années 2010, on voit fleurir des initiatives privées, particulièrement en Europe du Nord où les consommateurs – et donc les distributeurs – sont très sensibles à la problématique. Un engagement donc, mais qui se traduit aussi par des possibilités marketing et de valorisation en rayon. Citons en vrac la banane neutre en carbone du belge Fresh Fruit ; la marque Be Climate de l’allemand importateur Port International lancée en 2019 qui garantit des fruits et des légumes neutres en CO2 ; le récent ananas du Costa Rica Del Monte Zero lancé début 2023 pour l’Amérique du Nord et l’Europe ; celui du rungissois Siim, l’ananas d’Équateur Terrasol Zéro Carbone dès 2021 ; ou bien la tomate du franco-marocain Azura, neutre en carbone de la production à la consommation (lire encadré ci-dessous).

© Siim
© Fresh Del Monte
© Be Climate
Et pour les émissions incompressibles, peut-on compenser ?
Tous ces projets ont débuté par le calcul de l’empreinte carbone totale et la mise en œuvre de solutions pour réduire les émissions de carbone : itinéraires culturaux repensés, optimisation des flottes de tracteurs et des unités de conditionnement, installations frigorifiques plus efficaces, réflexion sur le transport maritime…
Et pour les émissions incompressibles, les entreprises peuvent compenser en investissant dans des projets de protection du climat (qui stockeront du carbone). La marque Be Climate est engagée dans des projets certifiés Gold Standard : eau potable au Malawi, énergie éolienne au Chili. Azura soutient des projets ONU ou Gold Standard de développement d’énergies renouvelables et reforestation de la forêt amazonienne.
Fresh Del Monte compense les émissions de GES de ses ananas Del Monte Zero de la production à la commercialisation par la réabsorption des forêts que l’entreprise possède et préserve sur le territoire national. De même, la Siim compense les émissions produites lors de la culture de l’ananas par la conservation de la zone protégée de forêt primaire de Tinajilla-Río Gualaceño (Équateur), et celles générées par la logistique par un projet d’électricité propre au Brésil.
Pour les émissions incompressibles, les entreprises peuvent compenser en investissant dans des projets de protection du climat.
La tomate Azura, neutre en carbone, l’affirme haut et fort
En décembre 2020, le groupe Azura est devenu le premier producteur de tomate fournisseur de la grande distribution à atteindre la neutralité carbone pour l’ensemble de ses opérations, de la production à la consommation. La tomate d’Azura représente 1,26 kg de CO2 par kilo de tomates produites (selon la méthode ACV ISO 14 040 et 14 044). Afin d’atteindre ses objectifs de politique bas carbone, le groupe s’est dans un premier temps engagé sur une compensation de 192 000 tonnes de eqCO2 (équivalent CO2) par an. Et même s’il est « très compliqué » et « délicat d’expliquer justement ce qu’est une empreinte carbone », car il n’existe pour le moment aucun label officiel, le groupe a décidé de faire savoir aux consommateurs son engagement et ses résultats. La neutralité carbone est incarnée par l’apposition du logo « 100 % carbone neutral » accompagné d’un QR code pour accéder aux informations précises.

© Julia Commandeur – FLD
Pourquoi parle-t-on d’équivalent carbone ?
Les gaz à effet de serre sont le dioxyde de carbone, le protoxyde d’azote, le méthane, la vapeur d’eau… L’agriculture au final n’émet que peu de carbone, principal gaz responsable de l’effet de serre, comparé aux autres filières, mais plus des autres gaz. C’est pourquoi on parle en « équivalent carbone » (eqCO2).
En 2017, la répartition des émissions atmosphériques de gaz à effet de serre dans le monde s’établissait à : dioxyde de carbone (CO2) 81 %, méthane (CH4) 11 %, protoxyde d’azote (N2O) 5 % et hydrofluorocarbures 2 % (source Parlement UE).
La neutralité carbone vue par l’Union européenne
Le saviez-vous ? Le terme « carbon neutral », soit neutralité carbone, a été le mot de l’année du New Oxford American Dictionary en 2006. Et depuis, elle a été adoptée par le grand public.
En vertu de la loi européenne sur le climat de 2021, l’Union européenne s’est engagée à adopter la neutralité carbone d’ici 2050. Mais c’est quoi, la neutralité carbone ? « La neutralité carbone implique un équilibre entre les émissions de carbone et l’absorption du carbone de l’atmosphère par les puits de carbone [systèmes qui absorbent plus de carbone qu’ils n’en émettent : sols, forêts, océans]. Pour atteindre des émissions nettes nulles, toutes les émissions de gaz à effet de serre dans le monde devront être compensées par la séquestration du carbone », peut-on lire sur le site du Parlement européen.
Et pour atteindre la neutralité carbone dans des systèmes ne permettant pas de le stocker, il est possible de compenser les émissions produites par un secteur en les réduisant ailleurs. « Cela peut être réalisé grâce à des investissements dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique ou d’autres technologies propres à faible émission de carbone. Le système européen d’échange de quotas d’émission (SEQE) est un exemple de système de compensation des émissions de carbone », précise encore l’Europe.