Gers
Un verger-maraîcher pour la diversité
De nombreux maraîchers choisissent d’implanter des arbres fruitiers au sein de leurs parcelles légumières. En septembre dernier, le verger-maraîcher du jardin de Cocagne Terra Ferma a ouvert ses portes aux producteurs.
De nombreux maraîchers choisissent d’implanter des arbres fruitiers au sein de leurs parcelles légumières. En septembre dernier, le verger-maraîcher du jardin de Cocagne Terra Ferma a ouvert ses portes aux producteurs.
« On a démarré sous une tente militaire, sans eau ni toilettes. Tout a été fait et monté par les aides-maraîchers, des terrassements jusqu’aux serres », raconte Philémon Daubard, en évoquant la genèse du jardin de Cocagne Terra Ferma, où il travaille comme coordinateur. Une trentaine de maraîchers et chercheurs ont visité le site à Castillon-Savès (32) en septembre dernier, lors d’une journée sur les techniques maraîchères alternatives organisée par les Bios du Gers, en partenariat avec l’Association française d’agroforesterie. Le site occupe huit hectares et comprend depuis mars 2015 un verger-maraîcher de 8 000 m2 : six lignes d’arbres fruitiers, d’une centaine de mètres de long avec un espacement de douze mètres entre chaque ligne calculé pour accueillir six planches de légumes diversifiés. En ce moment sont cultivés fenouil, betterave, blette et mâche. « Les fruitiers sont originaires du conservatoire d’Aquitaine et de la pépinière Lapèze, à Masseube (82), précise Philémon Daubard. Il y a une grande diversité d’espèces : pommiers, pêchers, pruniers, cerisiers et abricotiers ».
Les arbres sont espacés de cinq mètres sur le rang, un intervalle sur lequel sont plantés des arbustes diversifiés : cassis, framboisiers, groseilliers, mûriers, sureaux, noisetiers, grenadiers, arbousiers, poivriers du Sichuan, lyciets (arbustes des baies de Goji), etc. Pour faciliter la gestion et la récolte, les séquences d’espèces sont identiques sur chaque ligne d’arbres mais les variétés sont nombreuses et peuvent fluctuer.
Une grosse demande de formation
Les fruits produits ne sont pas encore commercialisés. Le verger-maraîcher est suivi dans le cadre du Casdar Smart, qui caractérise les performances et les limites des systèmes agroforestiers.
La grosse difficulté pour les maraîchers qui implantent un verger-maraîcher est leur manque de connaissances pour conduire un verger. « Il y a une grosse demande de la part de maraîchers pour des formations sur la taille, les traitements, la récolte… », confirme Aubin Lafon, de l’Association française d’agroforesterie. Pour le moment en travail du sol classique, le jardin de Cocagne commence à utiliser les couverts végétaux. Mais cet hiver, grâce à une formation à l’autoconstruction d’outils dispensée par l’Atelier paysan, le Jardin de Cocagne passera en planche permanente pour la saison 2017. Il est également prévu l’introduction de traction animale avec deux ânes début 2017, complémentaire à l’utilisation du tracteur pour les travaux légers comme le binage et le désherbage.
La solidarité au jardin
Créé en 2013, Terra Ferma propose des emplois d’insertion pour des personnes en difficulté d’insertion sociale et professionnelle. Dix-huit personnes travaillent actuellement sur le site, elles peuvent rester de quelques mois à deux ans maximum. Le jardin vend les légumes bio qu’il produit sous forme de paniers que les adhérents vont chercher en points de dépôt et sur place.