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Autriche : en Styrie, Willi Flechl produit des pommes sur 30 ha

En Autriche, la Styrie est au pommier ce que le Burgenland est à la vigne. Cet état collinaire du Sud-ouest du pays est en tête de la production de fruits en Autriche. Lors du dernier recensement, près de 77 % des 6 000 hectares de surfaces cultivées de pommiers s’y trouvaient.

A l’arrivée sur l’exploitation de Willibald Flechl (56 ans) à Hartl, près de Neusiedl en Autriche, on comprend au premier coup d’œil qu’on se trouve sur une exploitation fruitière hautement professionnelle. On y voit à perte de vue des cultures en basse tige équipées d’une infrastructure de pointe avec une irrigation, des filets, des pieux en béton et des pommiers nouvellement plantés. L’exploitation se trouve à 450 m d’altitude. En Styrie orientale, les conditions sont idéales pour produire des pommes : des sols volcaniques fertiles et un climat doux influencé par la Méditerranée.

Willibald Flechl a repris de son père l’exploitation de 3,5 ha à l’époque il y a de cela 35 ans. L’exploitation était étriquée et surannée. Le nouveau chef d’exploitation a donc dû réfléchir à son avenir. « Ou bien je cherche une activité annexe en dehors de l’agriculture ou je me transforme en exploitation à part entière, résume-t-il. J’avais toujours voulu vivre de la production de pommes. La seule issue pour moi était donc d’aller de l’avant. » Aujourd’hui, Willi Flechl exploite 30 ha de pommiers, 5 ha de pruniers et 5 ha d’abricotiers selon les normes de la Production intégrée.

La production était limitée

Avant l’adhésion de l'Autriche à l’Union européenne il y a 25 ans, les besoins nationaux s'élevaient à près de 60 000 tonnes et la vente des excédents était chaque fois problématique. « Ce système sans perspective dans lequel il était impossible de produire librement ne me convenait pas. » Pour lui, la voie vers une exploitation à plein temps passait inévitablement par une adhésion à l’Union européenne, qui s'est produite en 1995. Cela lui a donc permis d’augmenter sa production et d’exporter des pommes. Un autre argument en faveur de l’adhésion était l’idée de paix, l’Europe unie. « Je veux pouvoir vivre en paix. Personne ne peut probablement comprendre ce qui vient d’arriver avec l’invasion russe en Ukraine. »

Mais comment ça se présente après 25 ans ? « Je m’accommode du fait que nous exportons 50 % de notre production et que nous devons savoir quelles pommes nous livrons en Espagne et lesquelles nous produisons pour la Scandinavie. » Sa vision est devenue plus globale. « Nous produisons ce que le marché demande, c’est la raison pour laquelle nous replantons constamment. » Le plus vieil arbre de l’exploitation a 12 ans, car le marché exige la toute meilleure qualité. Si les structures ont évolué au cours des 25 années écoulées, la production s’est aussi professionnalisée. Autrefois, les exploitations fruitières produisaient sur 4 ha en moyenne contre 15 aujourd’hui.

Coup de cœur pour Prince royal Rodolphe

La variété principale sur l'exploitation de Willi Flechl est Gala, sur près de 15 ha. « Gala est une variété fiable de conservation facile, ce qui en fait une pomme d’exportation idéale. Nous pouvons la livrer en Egypte, en Espagne ou en Scandinavie. » La seconde variété en importance sur 8 ha est une variété styrienne patrimoniale, Prince royal Rodolphe. Elle se distingue de toutes les autres variétés tout en étant quasi inconnue hors de Styrie. Sa chute physiologique est faible et elle est d’entretien facile, sauf lors de la cueillette, car elle est très sensible aux meurtrissures. Willi s’en amuse : « Seuls des salariés triés sur le volet ont le droit de la cueillir. » Prince royal Rodolphe est une variété de première catégorie pour lui, car le prix à la production se situe vers 1,10 euro, tandis que Gala ne rapporte que 60 centimes/kg. D’autres variétés dans son assortiment sont Fuji, Golden Delicious et Red Jonaprince.

Beatrice Rüttimann

Source : Les fruits suisses juin 2022

Des fonds opérationnels pour des producteurs reconnus

 

La société Kröpfl appartient à l’un des plus grands négociants en fruits d’Autriche. Elle dispose d’une capacité de stockage pouvant atteindre 35 millions de kilos de fruits. © Les fruits suisses

En Styrie, les pommes et les poires sont commercialisées principalement par l’intermédiaire de trois communautés de producteurs. L’une d’entre elles est la « Obstgemeinschaft Steiermark » (OGS) à laquelle Willibald Flechl et cent autres producteurs ont adhéré. Ensemble, ils cultivent près de 1000 ha de pommiers en Styrie. Willi est engagé dans le comité directeur de l’OGS. L’OGS est le maillon qui relie les producteurs au négociant en fruits Kröpfl et aux divers services administratifs en Autriche et dans l’UE. L’OGS se charge d’une grande partie du travail administratif pour ses membres. La communauté de producteurs OGS a conclu des contrats de coopération et de prestations de services avec le grand négociant en fruits Kröpfl. Cette société se charge de la vente et de la commercialisation au pays et à l’étranger. 50 % des pommes partent à l’exportation.

Un soutien financier pour les programmes opérationnels

Les organisations de producteurs reconnues par la loi bénéficient du soutien financier de l’UE, pour autant qu’elles satisfassent à ses exigences et à la stratégie nationale. Sur cette base, les organisations de producteurs élaborent leurs programmes opérationnels. Ceux-ci sont des mesures obligatoires pour la promotion d’une production et d’une commercialisation respectueuses de l’environnement. Le fonds de financement des programmes opérationnels est alimenté pour moitié par les cotisations des membres et pour moitié par les subventions de l’UE.

Chaque producteur verse 0,01 euro par kilo de fruits livrés pour alimenter le fonds des exploitations. Le programme opérationnel contient de nombreuses directives telles que la replantation des cultures permanentes pour adapter l’assortiment variétal, l’extension de la production ou l’amélioration qualitative des produits. D’autres exigences sont la promotion des ventes, de fruits frais ou sous forme de produits transformés, des mesures environnementales et des méthodes de production respectueuses de l’environnement.

Des assurances contre le gel

Si un producteur de l'OGS plante une nouvelle culture ou s’il achète des machines, par exemple, il reçoit 50 % de soutien du fonds pour les exploitations gérées par l’OGS. Les producteurs d’OGS bénéficient de soutiens supplémentaires par le biais du développement rural qui passe par les Chambres d’agriculture de chaque Etat. La Confédération et les Etats promeuvent aussi des assurances contre le gel et pour les récoltes en production fruitière en prenant en charge jusqu’à 55 % des primes.

9 ha d’arbres de la variété patrimoniale Prince royal Rodolphe ont été nouvellement plantés.

L’analyse d’isotopes contre la marchandise bon marché

Selon Willibald Flechl, des importations illégales exigent des analyses d’isotopes sur les abricots et les pommes. Il s’agit d’empêcher l’importation de marchandises à prix cassés pour les vendre comme produits autrichiens. Les analyses d’isotopes consistent à mesurer les taux d’isotopes des éléments biologiques et à les comparer avec des échantillons d’origine connue. La méthode permet de vérifier l’origine.

En chiffres

La production autrichienne de pommes en 2020

6 000 ha en production

258 000 t produites

52 285 t exportées

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