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40
anniversaire de Rungis
Un glissement progressif vers la qualité

Pour le 40 anniversaire du marché de Rungis, fld se penchera tout au long de l’année sur les grands produits et les activités qui font la particularité de la place parisienne. Premier article de cette série : la pomme, fruit symbolique s’il en est.

La pomme, fruit emblématique sur le marché de Rungis, a connu de profondes mutations depuis au moins une décennie. La montée en puissance des produits importés, une progression de la qualité globale alors que, paradoxalement, la standardisation s’est aussi développée. Aujourd’hui, la pomme reste un moteur de l’activité du marché. Mais, celui-ci, à travers les grossistes spécialistes du produit, a surtout réussi à se positionner sur le fruit de qualité, qu’il provienne des meilleurs terroirs français ou d’ailleurs.

Sur la dernière décennie, les tonnages de pommes traitées sur le marché international de Rungis ont été régulièrement en baisse, passant de plus de 80 000 à environ 47 000 t entre 1998 et 2008. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette propension baissière. Mais, principalement, c’est vers le développement continu de la contractualisation entre les producteurs et la grande distribution qu’il faudrait se tourner. Cette dernière fortement demandeuse d’un fruit clé pour son rayon fruits et légumes s’est tournée vers l’amont afin de disposer de tonnages sur une base régulière. Elle fut certainement aidée en cela par la structuration de la filière et l’émergence de grands groupes.

Mais s’arrêter à l’évolution des tonnages serait manqué ce qui fait la particularité de Rungis, et finalement aussi celle d’un marché de gros : cette capacité à capter les évolutions de la consommation et, par son aptitude à s’y conformer, à préserver une place dans le grand manège de la commercialisation des fruits et légumes. De ce point de vue, visiter les bâtiments fruits et légumes de Rungis permet de voir une constante : l’offre s’est standardisée avec, en corollaire, une certaine uniformisation dans les conditionnements (la primauté du plateau 50 x 60) et dans les calibres. Normal finalement, dans la mesure où le consommateur final n’achète pratiquement plus la pomme au kilo mais par trois ou quatre, ce qui a impacté sur les calibres proposés (avec la prédominance du 70/75 par exemple). Parallèlement, les opérateurs reconnaissent aisément que la qualité s’est beaucoup améliorée, ne serait-ce que depuis une quinzaine d’années.

La production française est largement présente sur le marché : les grands faiseurs commercialisent leurs produits sur place. Il faut aussi compter avec les producteurs d’Ile-de-France qui, eu aussi ont engagé des relations commerciales avec la grande distribution.

Mais, le marché de Rungis est aussi historiquement une place d’importation, l’objectif premier étant de pouvoir approvisionner le marché parisien et au-delà tout au long de l’année. La norme ici est de pouvoir offrir un produit qui se différencie du tout-venant. Un produit bien travaillé et en phase avec la demande trouvera toujours sa place. Un exemple est celui de l’Elstar venue d’Allemagne qui connaît un beau destin sur Rungis : outre-Rhin, la production avoisine les 200 000 t, alors que la France n’assure qu’environ un dixième de l’offre allemande et que la demande sur le marché national est encore là.

C’est certainement pourquoi, a contrario, la Fuji de Chine ne s’est pas imposée même si elle fut bien présente il y a cinq ans. D’autre part, l’offre hollandaise et belge se fait essentiellement sur des critères tarifaires et l’Italie, qui dispose de gros volumes, se positionne essentiellement sur la fin de campagne française. Bien évidemment, les produits de grand import (Chili, Nouvelle-Zélande) sont aussi présents. Et c’est là l’importance d’un marché comme Rungis qui se situe au cœur des campagnes de commercialisation : ici aussi, la nécessité est de gérer le marché afin d’assurer les passages de campagne. De plus, depuis dix ans, l’importation a beaucoup évolué : l’approvisionnement était alors essentiellement assuré par des “pure players”, des importateurs dans le sens strict du terme ; aujourd’hui, les grands groupes de producteurs français ont intégré cette fonction, devenant ce que l’on appelle Outre-manche, des “category manager”.

Alors, le marché de Rungis, un marché de niche seulement ? Ce serait aller vite en besogne. Les grossistes ont su adapter leur politique commerciale : on trouvera ainsi des spécialistes de la pomme et des généralistes et on y verra souvent encore le lancement de nouvelles variétés. Sûrement à cause de la capacité du grossiste à réagir devant un nouveau produit qui, s’il est en phase avec la demande, trouvera naturellement sa place.

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