Pourquoi l’ananas Victoria de La Réunion est-il en crise ?
Derrière la rencontre, toujours appréciée, avec les métropolitains pendant le salon de l’Agriculture, les producteurs réunionnais demeuraient soucieux. Tout particulièrement, ceux cultivant le fruit phare de La Réunion, l’ananas Victoria.
Derrière la rencontre, toujours appréciée, avec les métropolitains pendant le salon de l’Agriculture, les producteurs réunionnais demeuraient soucieux. Tout particulièrement, ceux cultivant le fruit phare de La Réunion, l’ananas Victoria.
Sur l’espace de La Réunion, dans le hall 5 du parc des expositions de Paris, le stand de l’Arifel (Association réunionnaise interprofessionnelle des fruits et légumes), qui présentait une large gamme de produits cultivés sur « l’île intense », a connu une fréquentation forte et soutenue pendant tout le salon. Bananes, longanes, fruits de la passion, mangues étaient proposés à la vente. L’ananas Victoria était aussi présent. Cependant la situation est loin d’être rose pour le fruit star de la Réunion.
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Explosion des coûts de production
La Réunion produit environ 7000 tonnes d’ananas Victoria et en exporte 2000 tonnes, ce qui constitue le principal fruit expédié (avec le litchi – 1500 tonnes – et le fruit de la passion, 150 tonnes). Cependant, la demande serait tout à fait capable d’absorber le double en volumes, selon l’Arifel. « La production rencontre de très gros problèmes, reconnaît David Collet, producteur d’ananas à Saint-Benoît. Depuis le début de la guerre en Ukraine, nous avons vu une augmentation très importante des intrants nécessaires à la culture de l’ananas. Aujourd’hui, le coût de production est environ 23 000 euros l’hectare, ce qui représente une multiplication par deux en un an ».
Disparition de l’aide européenne
Du coup, la production est en baisse dans l’île : « Pour l’instant, nous conservons le même prix à l’export en rognant sur nos marges. Mais, Il y a un risque de disparition pure et simple de l’ananas Victoria », s’inquiète David Collet. Car, les producteurs réunionnais ont aussi appris une mauvaise nouvelle : l’arrêt du versement par l’Europe d’une aide aux nouvelles plantations. Celle-ci avait permis d’encourager les agriculteurs à se diversifier vers l’ananas : « Contrairement à la canne à sucre, l’Union européenne ne considère pas l’ananas Victoria comme une culture pérenne, note David Collet. Proposer un ananas à 5 euros, ce qui permettrait de couvrir les coûts, n’est pas possible sur le marché local ». Ni à l’exportation, malgré toutes les qualités gustatives reconnues de l’ananas Victoria.