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Salade : la gestion des passe-pieds, point-clé pour se passer du désherbage chimique

La gestion des passe-pieds en culture de salades peut faire partie des alternatives au désherbage chimique, actuellement en essais au Sileban dans la Manche, dans le cadre du projet Gepaito.

Les essais 2021 ont montré que le plus compliqué, si l’on veut se passer du désherbage chimique, est la gestion des passe-pieds.
Les essais 2021 ont montré que le plus compliqué, si l’on veut se passer du désherbage chimique, est la gestion des passe-pieds.
© Sileban

Depuis plus de 20 ans, le Sileban teste différentes solutions de gestion de l’enherbement pour les cultures régionales. « Une veille active est toujours menée sur les solutions de désherbage chimique, indique Franck Vial, du Sileban. Néanmoins, il n’y a pas actuellement de candidat substituable en salade. Depuis une dizaine d’années, les essais et l’accompagnement des producteurs portent donc surtout sur des solutions alternatives. » Une piste depuis deux à trois ans est celle des paillages biodégradables.

« Le paillage des salades n’est pas habituel dans la Manche, précise Gwenaëlle Le Bihan, du Sileban. Cette solution est toutefois mise en place avec succès dans d’autres régions et nous regardons leur adaptation au contexte normand. Nous étudions l’intégration des paillages dans le système d’exploitation, leur coût, la façon de les gérer, les aspects techniques. Il y a des inquiétudes notamment dans le contexte climatique normand pour le mildiou, qui peut être favorisé par l’eau restant sur le paillage et les possibles éclaboussures sur les plants. La capacité du paillage à réchauffer le sol est également essentielle, le début de saison pouvant être frais et humide. Nous regardons aussi l’intérêt des paillages microperforés qui semblent pouvoir laisser passer des adventices dans certaines conditions.

Les paillages en chanvre, efficaces mais coûteux

En 2021, un programme dans le cadre du projet multi-régions et multi-productions Gepaito porté par le Sileban a été engagé pour deux ans sur les paillages plastiques biodégradables et des paillages organiques de type chanvre lin tissé. « Les premiers essais montrent que les paillages en chanvre sont très efficaces contre l’enherbement, rapporte Gwenaëlle Le Bihan. Ils sont toutefois très coûteux. De plus, comme ils sont très clairs, ils ne réchauffent pas toujours assez le sol, ce qui peut être un problème notamment pour les premières plantations. En 2021, leur utilisation n’a pas été satisfaisante au niveau du rendement. Nous devons renouveler l’essai sur plusieurs années, pour évaluer leur intérêt dans différentes conditions pédoclimatiques. » Les essais 2021 ont également montré que le paillage avec un film plastique biodégradable est techniquement faisable dans la Manche et présente de l’intérêt contre l’enherbement.

Réduire le stock semencier

L’idée de Gepaito étant de se passer entièrement du désherbage chimique, des essais ont aussi été engagés en 2022 sur la gestion des passages de roues. « Les essais 2021 ont montré que le plus compliqué si l’on veut se passer du désherbage chimique est la gestion des passe-pieds, souligne Gwenaëlle Le Bihan. Dans le contexte normand, les adventices arrivent à faire leur cycle et grainer dans les passe-pieds, ce qui n’est pas satisfaisant pour la rotation. » Différentes solutions sont envisagées et vont être testées.

« Le géochanvre est très efficace contre l’enherbement mais économiquement compliqué en paillage de la planche, précise l’expérimentatrice. Une idée est de l’installer uniquement sur les passe-pieds pour gérer les adventices et le stock semencier. Des paillages tissés horticoles sont également envisageables. » Une autre piste est le désherbage des passe-pieds avec un produit de biocontrôle.

Le binage des passe-pieds est envisageable

« Des producteurs ont été équipés de matériels de désherbinage utilisés à l’origine avec des herbicides chimiques, note Franck Vial. Il peut être intéressant de tester leur utilisation avec des produits de biocontrôle dans les passe-pieds. » Une autre piste envisageable est le binage des passe-pieds. « Le challenge dans ce cas est de biner le passage de roues sans déchirer le paillage installé sur la planche, précise Gwenaëlle Le Bihan. Nous sommes en contact avec une entreprise pour tester un nouveau matériel. » Et d’autres pistes encore sont envisagées, comme des paillages vivants de type trèfle ou ray-grass ou encore des paillages papier.

Binage de précision

L’autre piste étudiée pour lutter contre l’enherbement en salade est le désherbage mécanique. « La plupart des producteurs pratiquent un binage entre rangs en cours de culture, indique Franck Vial. Et quelques producteurs sont équipés de bineuses à caméras permettant de biner entre plants, comme la bineuse Robocrop de Garford, ou l’IC Cultivator de Steketee. Ces bineuses nécessitent toutefois des investissements élevés, de l’ordre de 100 000 €, et leur utilisation en commun n’est pas évidente. Elles ne sont donc pas adaptées à toutes les exploitations. Nous étudions aussi des solutions plus simples et moins coûteuses intégrant des doigts de binage entre plants. » Une autre piste pour l’avenir est la robotique. « L’offre en robotique évolue et nous devons poursuivre les essais sur cette voie. »

 

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