Pomme : Quassia amara passe le test contre l'hoplocampe
Les extraits de Quassia amara, une plante tropicale utilisée notamment pour la production d’arôme alimentaire, montre des effets larvicides très intéressants sur l’hoplocampe.
Les extraits de Quassia amara, une plante tropicale utilisée notamment pour la production d’arôme alimentaire, montre des effets larvicides très intéressants sur l’hoplocampe.
« L’hoplocampe fait partie de la cohorte des ravageurs secondaires du pommier qui réémergent en raison de la baisse d’utilisation des insecticides à large spectre et de l’essor de l’agriculture biologique », souligne Benjamin Gandubert, de la station La Morinière, CTIFL. En cas de forte pression, cet hyménoptère peut causer de graves dégâts sur fruits. Face à l’efficacité limitée des produits homologués en agriculture biologique, des essais sont menés depuis 2013 par La Morinière afin de tester Ia quassine, une substance extraite de la plante tropicale Quassia amara, notamment utilisée comme arôme alimentaire pour son amertume. La quassine présente en effet des propriétés insecticides ou insectifuges mises en évidence dans d’autres pays européens.
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Un produit obtenu par extraction d’écorce de Quassia amara, le Quassol, a été élaboré par une société spécialisée pour les essais de La Morinière. Les essais en microparcelle ont montré systématiquement des réductions de dégâts significatives lorsque les pommiers étaient traités avec le Quassol. Ainsi, en 2014, la microparcelle ayant reçu trois applications de Quassol à 320 g/ha (correspondant à 16 g/ha de quassine) a présenté seulement 3,3 % de fruits atteints par des dégâts d’hoplocampe. Le témoin non traité avait 37 % de fruits atteints, et la microparcelle traitée au spinosad (Success 4) à 0,2 l/ha présentait 12,8 % de fruits atteints.
Deux applications de 16 g/ha de quassine sont suffisantes
En 2015, deux modalités Quassol ont été testées (une seule application pour la première, deux pour la deuxième, toutes dosées à 16 g/ha de quassine) et comparées à une modalité traitée à l’azadirachtine (Neemazal à 2 l/ha), l’aphicide de référence en bio. Avec deux applications de Quassol, l’efficacité a été très satisfaisante, 3,5 % des fruits étant touchés par les dégâts d’hoplocampe en moyenne. En comparaison, le témoin avait 21,7 % de fruits atteints, la modalité Neemazal en avait 15,7 %. En revanche, l’efficacité de la quassine décroche avec une seule application : pour cette modalité, 13,7 % des fruits étaient atteints par les dégâts d’hoplocampe. « Il semble que deux applications en fin de floraison (stade G-H) à une dose de 16 g/ha de quassine soient suffisantes pour maintenir l’infestation dans des proportions acceptables », analyse Benjamin Gandubert. D’autres essais en laboratoire ont montré que la quassine avait un effet larvicide sur l’hoplocampe, le taux de mortalité des larves augmentant avec la dose appliquée. Mais cet effet est plus marqué sur les jeunes larves que sur les larves plus âgées. L’effet larvicide des extraits de Quassia amara n’est pas spécifique à l’hoplocampe. Des essais sont en cours à La Morinière pour tester leur efficacité vis-à-vis d’autres ravageurs comme la cécidomyie et le carpocapse, avec des premiers résultats intéressants. De plus, « cette substance est a priori sans effet sur les pollinisateurs, ce qui constitue un avantage indéniable quant à son positionnement », précise l’ingénieur. Pour Quassia amara, le point noir est réglementaire. En effet, aucune spécialité commerciale à base d’extrait de cette plante n’est encore homologuée en France, contrairement à d’autres pays européens.