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Interpera 2022
Poire : changement climatique, ravageurs… Des solutions existent en verger

Le Congrès de la poire a aussi été l’occasion de visites techniques et de conférences pour mettre l’accent sur des solutions innovantes en verger. De quoi participer à la redynamisation de la poire et d’espérer pour l’avenir de la filière.

Interpera 2022 a aussi été l’occasion de visites techniques les 28 et 30 juin et de conférences le 29 juin pour mettre l’accent sur des solutions innovantes en verger. De quoi participer à la redynamisation de la poire et d’espérer pour l’avenir de la filière.

Outre les nouvelles variétés, une visite au centre de recherche et station expérimentale de Proeftuin Randwijk a permis de découvrir les recherches sur les techniques de culture (conduite des arbres notamment), l’installation de panneaux solaires au-dessus des vergers afin de mieux gérer l’énergie, le test d’un cabrio : un toit-serre convertible pour protéger le verger des ravageurs et des aléas climatiques, ou encore le projet Next Fruit 4.0, une plateforme numérique pour visualiser les données data et la gestion à distance et automatique des exploitations (avec l’association de GPS aux machines pour une machine d’élagage automatique des racines, la machine détectant si un élagage est nécessaire pour chaque arbre, par exemple).

Protection des cultures par un système de serre et de toit convertible en test : très prometteur mais beaucoup trop cher

Le centre Proeftuin Randwijk teste un système de maîtrise de la prophylaxie par système fermé : les poiriers sont cultivés sous une structure qui peut se fermer (murs et toit) en 2 minutes. Un atout non négligeable pour remplacer les traitements antifongiques. « Efficace contre le mildiou, il a aussi prouvé son efficacité sur Pseudomonas l’année dernière avec 4 ou 5 fermetures. La serre est aussi résistante au vent et aux tempêtes de grêle », souligne le chercheur Marcel Wenneher.

Côté désavantage, l’impact des fermetures du toit sur la coloration des fruits est toujours incertain. Et surtout, l’investissement est énorme. On parle de millions d’euros, l’équivalent d’une serre. « Aucun producteur ne peut se permettre aujourd’hui un tel investissement », ont glissé quelques opérateurs français présents à la visite. « Mais un prototype est toujours trois fois plus cher qu’un outil industriel, essaye de nuancer Marcel Wenneher. Des entreprises sont déjà en cours de R&D pour diminuer les coûts et donc le prix. »

Il est persuadé du potentiel de cette technique, face à la hausse des coûts des intrants, de la réduction des matières actives autorisées et de l’objectif de réduction de 50 % des phytos en Europe d’ici 2030.

 

Explosion des coûts de l’énergie et pression foncière : un avenir pour les toits photovoltaïques en verger ?

Alors que les Pays-Bas sont à la recherche d'espace pour l'énergie solaire, et dans un contexte de forte explosion des coûts de l’énergie, le centre de recherches Proeftuin Randwijk teste les panneaux photovoltaïques au-dessus des arbres.

Températures plus constantes que sous serre, moins d’arrosage, un “toit” qui peut protéger contre les grêlons, plastique de serre économisé… Testé sur d’autres cultures comme les framboises, ce système présente le désavantage d’être moins performant qu’un système photovoltaïque au sol et surtout il diminue les rendements agricoles par l’ombre qu’il induit sur les cultures. « On parle d’au moins -15 % de rendement en poirier. A voir si la crise de l’énergie avec la hausse du prix de l’électricité se poursuit sur le long terme », explique le chercheur Herman Helsen.

 

Face à la punaise diabolique, un espoir par le biocontrôle ?

Halyomorpha halys, la punaise diabolique. « L’assassin des poires », la caractérise Lara Maistrello, chercheuse à l’Université de Modena et Reggio Emilia, dans une présentation dynamique et malgré tout optimiste le 29 juin à Interpera.

Originaire de Chine orientale, introduite aux Etats-Unis, au Canada, en Argentine, au Chili et dans le reste de l’Asie, la punaise diabolique est aussi malheureusement présente en Europe : en France (détectée pour la première fois à Strasbourg en 2012) en Suisse (Zurich en 2004) et en Grèce (Athènes en 2011). « Aujourd’hui elle est partout en Europe. » Elle a ainsi provoqué 90 % de dégâts chez les noisetiers du Piémont. Pomme, kiwi, olive... Nombreux sont les végétaux qu’elle touche, à la fois pendant la culture et après récolte. « Le CSO Italy a calculé les impacts : 600 M€ sur la production fruitière en Italie du Nord, en particulier sur la poire », regrette Lara Maistrello.

La problématique : trouver des solutions durables. « Les filets en plastique peut-être », évoque la chercheuse sans trop y croire. Elle mise plutôt sur le biocontrôle, avec l’identification prometteuse de deux guêpes samouraï parasitoïdes des œufs, spécifiques à la punaise diabolique : Trissolcus japonicus et Trissolcus mitsukurii, deux espèces exotiques originaires d’Asie, avec un cycle de vie de seulement deux semaines. « Anastus bifasciatus est le parasitoïde principal natif (on le trouve en Italie) mais pas assez spécifique, généraliste, et son cycle de développement est lent », précise Lara Maistrello.

 

L’Italie autorise l’introduction d’un parasitoïde exotique, gros travail d’évaluation des risques effectué

L’Italie a été le premier pays à autoriser l’utilisation de Trissolcus japonicus, en juin 2020, autorisation renouvelée en 2021 et 2022. L’évaluation des risques a représenté un gros travail, géré par les Services Phytosanitaires Régionaux des régions du Frioul Vénétie Julienne, Vénétie, Lombardie, Piémont, Émilie-Romagne (groupe 1) en 2020 et en 2021, et des régions de Campanie, Sardaigne, Marche, Ombire et Ligurie (groupe 2) en 2021, associés aux Institutions scientifiques et universités. « Des efforts coordonnés, des sites de lâchages avec des corridors écologiques, etc…, évoque Lara Maistrello. Et en conclusion, nous pouvons dire que la guêpe samouraï ne présente pas de risque pour l’humain, ni pour les abeilles et les autres insectes auxiliaires. »

Pour le groupe 1, 643 sites de lâchage ont été réalisés en 2020 (dont 300 en Emilie Romagne) et 465 sites en 2021. Le taux de parasitisme des œufs de punaise diabolique par Trissolcus japonicus est de 4,3 % (2020) à 9,20 % (2021), suivi par les autres espèces exotiques Trissolcus mitsukurii et Acroclisoides sinicus (hyperparasitoïde). Pour le groupe 2, sur les 45 sites de lâchages en 2021, le parasitisme a été plus important par d’autres parasitoïdes : parasitisation d'A. bifasciatus par Ooencyrtus sp., suivi par Trissolcus mitsukurii et Trissolcus japonicus. A. sinicus absent. Autres résultats : Trissolcus japonicus a pu être observé au-delà de 50 m du site de lâchage, sur plusieurs sites. Et cette guêpe présente « un impact négligeable sur les hémiptères non cibles ».

Néanmoins, Lara Maistrello conclut : « Les essais doivent être poursuivies pour comprendre l'efficacité globale des parasitoïdes et le temps nécessaire pour parvenir à une réduction significative des populations de punaises diaboliques. »

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