Petits fruits bio : comment améliorer l'efficience en production
Il est souvent possible d’être plus efficient en petits fruits bio comme le montre un travail du GABBAnjou. Plusieurs pistes organisationnelles et techniques sont explorées pour réduire les écarts du ratio chiffre d’affaires/temps.
Il est souvent possible d’être plus efficient en petits fruits bio comme le montre un travail du GABBAnjou. Plusieurs pistes organisationnelles et techniques sont explorées pour réduire les écarts du ratio chiffre d’affaires/temps.
« La demande en petits fruits bio est forte depuis quelques années, souligne Céline Le Gardien, animatrice du groupement des agriculteurs biologistes et biodynamistes du Maine-et-Loire, le GABBAnjou. Selon les données Kantar-CTIFL, les quantités de petits fruits achetées par les ménages ont augmenté de 22 % par an de 2016 à 2021. Depuis 2016, il y a donc eu beaucoup d’installations en petits fruits bio en Pays de la Loire. » Aujourd’hui, 131 producteurs y cultivent 87 hectares de petits fruits bio, plus de 60 % travaillant sur moins de 1 hectare.
« Un atelier de petits fruits bio est attractif, constate Céline Le Gardien. Il est peu gourmand en surface, avec une forte valeur ajoutée. Il nécessite peu d’infrastructures pour la production de plein champ. Et le coût à l’installation est raisonnable. Il est par contre très chronophage et peu mécanisable, notamment pour la récolte. » En 2019, des producteurs et productrices de la région se sont regroupés sur la thématique des petits fruits bio. Objectif : monter en compétence sur cette filière pour laquelle il y a peu de références et pérenniser les fermes grâce à une bonne rémunération.
Quantifier le temps travaillé
« En 2022, en prenant le Smic comme objectif de salaire dans un premier temps et avec des objectifs de temps passé de 35 à 45 heures par semaine, tous les producteurs étaient insatisfaits, note Céline Le Gardien. Soit le travail était trop conséquent, soit la rémunération était insuffisante, soit les deux. » Cette même année, un travail a donc été engagé pour quantifier le temps travaillé, identifier les stratégies réellement efficientes et optimiser les tâches pour libérer du temps.
Un outil détaillé a été testé permettant une quantification du temps passé par tâche (plantation, désherbage…), type de fruit et heures non affectables à un fruit (administratif, transformation, commercialisation…), par jour et type de personnes (exploitant, salarié, aide non rémunérée…). En 2023, l’outil a été simplifié en ne retenant que le total des heures pour quatre catégories de tâche : production, récolte, logistique, commercialisation.
La libre cueillette pour réduire la pénibilité et le temps de travail
Les relevés montrent que le temps de travail sur l’année d’un atelier de petits fruits bio varie de 450 heures à 1 800 heures, avec 60 à 120 heures par semaine pour deux UTH (unité de travailleur humain, soit l’équivalent d’un temps plein) sur 5 000 m2 de mi-avril à fin juillet. Le chiffre d’affaires est également très variable, conduisant à un ratio chiffre d’affaires/temps total de 0 €/h (euro par heure) à 100 €/h. Les relevés ont montré aussi que la framboise et la mûre nécessitent davantage de travail que la fraise et beaucoup plus que la groseille, le cassis ou la myrtille.
Et un constat important a été que le temps de récolte des fraises est très variable, une ferme à 100 % en cueillette barquette par exemple passant trois fois plus de temps à la récolte qu’une ferme à 90 % en libre cueillette. « La libre cueillette en petits fruits est un vrai levier pour réduire le temps de travail et le coût de la main-d’œuvre, souligne Céline Le Gardien. Elle nécessite de l’organisation, d’avoir un parking adapté… Elle rajoute du temps d’information, de communication et de commercialisation. Mais elle réduit fortement la pénibilité et le besoin en main-d’œuvre. Et cela avec une valorisation identique, voire supérieure à la cueillette barquette. »
Si une localisation près d’une grande agglomération est un plus, la communication et le bouche-à-oreille peuvent permettre la libre cueillette même en zone rurale. « Attention en revanche au choix des variétés, pour que le pic de production ne tombe pas en plein été quand tout le monde est en vacances, sauf si l’on est en zone touristique », souligne Céline Le Gardien.
Optimiser les itinéraires techniques
Des formations techniques ont aussi été lancées pour gagner du temps au champ. Une technique identifiée est la gestion de l’enherbement en framboise par mise en place d’un paillage organique sur le rang et d’une toile tissée sur les côtés de la butte. « En début de printemps, les bâches limitent l’enherbement et favorisent le réchauffement du sol, explique Céline Le Gardien. Et l’été, le paillage organique isole et protège les racines de la chaleur. L’hiver, les bâches sont rabattues sur l’entre-rang, ce qui permet de faire le plein d’eau, d’apporter du fumier, de griffer le sol pour casser les galeries de campagnols… »
Une autre technique identifiée pour être plus efficient est le monorang en fraise. « Planter sur un seul rang par butte facilite la récolte et améliore l’aération, explique Céline Le Gardien. En resserrant les plants, on peut garder le même nombre de plants au mètre carré et on limite l’entretien du trou de plantation. Il faut juste veiller à effeuiller les variétés produisant trop de feuilles. » Autre piste encore : des chenilles nantaises pour sécuriser une partie de la production de fraise.
« Des chenilles nantaises sont plus faciles à utiliser que des tunnels 4-5 mètres, note Céline Le Gardien. Et en remplaçant les ficelles par un double arceau, on peut ouvrir rapidement la chenille. » Les travaux vont se poursuivre en 2025 sur d’autres pistes : utiliser des tray-plants pour décaler la plantation à une période moins chargée, installer deux gaines de goutte-à-goutte par rang pour plus d’homogénéité, utiliser un outil facilitant le palissage des framboisiers…
En chiffres
100 m2 de fraises nécessitent 15 h de travail pour l’implantation, 15 h pour l’entretien et 30 h pour la récolte.
1 ha de framboises implique 600 h de travail la première année, puis 2500 h/an.
Vitesse de récolte : 5-7 kg/h en fraise, 3-4 kg/h en framboise pour une récolte en vrac, 3-5 kg/h en myrtille et cassis, 10-12 kg/h en groseille à grappe.