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Nectarine plate : le défi à relever pour les producteurs français

La nectarine plate est le segment à conquérir pour les producteurs français. Mais l’espèce se révèle exigeante d’un point de vue technique. De nouvelles variétés devraient bientôt sortir. [Article de Sophie Sabot]

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Si la pêche plate dispose aujourd’hui d’une offre variétale étoffée en termes de calendrier et de bassins de production, on manque encore de recul sur la nectarine plate.
© ASF

Pêches et nectarines plates occupent désormais un quart du marché français. Mais elles sont majoritairement espagnoles. Les producteurs français sont restés frileux sur ces deux segments réputés techniquement difficiles. Si la pêche plate dispose aujourd’hui d’une offre variétale étoffée en termes de calendrier et de bassins de production, on manque encore de recul sur la nectarine plate. Excepté pour ASF où la gamme de variétés club Ondine est particulièrement aboutie, d’autres obtenteurs reconnaissent être encore « au début de l’amélioration » sur cette espèce.

« Les variétés actuellement commercialisées sont des premières ou deuxièmes générations. Nous travaillons sur les troisièmes générations pour essayer de corriger la plupart des défauts rencontrés », signale Christophe Bouchet d’ASF. Au premier rang de ces défauts : la sensibilité de l’épiderme comme en nectarines rondes mais aussi l’arrachement pédonculaire ou l’ouverture pistillaire. « La nectarine plate est l’espèce la plus difficile. Elle cumule les défauts de la nectarine et de la pêche plate », résume Thomas Chevaillier de PSB. « Depuis cinq ans, on a lâché les chevaux sur l’hybridation en nectarines plates et on devrait apporter beaucoup de nouvelles variétés dans les années à venir. Toutes seront mises en suivi dans les stations », promet-il.

Vigilance sur l’éclaircissage pour les plates

Autre question qui préoccupe les producteurs : celle des tonnages réalisables. En pêches plates, où le retour d’expérience est désormais suffisant, Valérie Gallia, responsable du pôle fruits à noyau de SudExpé, estime qu’il est possible d’atteindre des bons, voire très bons, rendements, jusqu’à 35 tonnes. « C’est au niveau de l’éclaircissage que la pratique est très différente des rondes. C’est là qu’il faut être vigilant », indique-t-elle. Sylvain Rispal (Domaine du Conquet), producteur dans la Drôme et le Gard de pêches et nectarines plates, insiste : « C’est une espèce à part entière qui demande une technicité particulière, des investissements en station et la formation des salariés ».

Aurélie Tiberio de l’EARL Racamier à Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône) signale effectivement les difficultés en station. « Au verger, les pêches et nectarines plates sont souvent très belles. Mais en station elles commencent déjà à prendre un peu de marbrure et après calibrage, si on n’a pas du matériel spécifique, c’est catastrophique. » Si les éditeurs essayent de corriger cette sensibilité de l’épiderme, reste aux producteurs à s’habituer à ce nouveau produit, « à travailler différemment que les rondes », souligne Valérie Gallia.

Les distributeurs attendent des produits français

« Le marché est ouvert, rappelle Raphaël Martinez de l’AOP Pêches et Abricots de France. Il y a un vrai enjeu stratégique pour la filière à aller sur ce segment dans les cinq à dix ans. Mais ce sont clairement les producteurs qui vont prendre les risques, notamment sur la nectarine. » Il assure pourtant que les distributeurs attendent des pêches et encore plus des nectarines plates françaises et qu’ils sont prêts à les payer plus cher. Sylvain Rispal confirme : « Nos clients s’interrogent clairement sur pourquoi il n’y a pas de pêches et de nectarines plates en France. Ce serait dommage de louper ce virage. »

Focus variétés : les pêches plates blanches

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La variété Babylone révèle un bon comportement général sur les stations expérimentales de la Drôme (Sefra), du Gard (CTIFL) et des Pyrénées-Orientales (Sica Centrex). © CTIFL
Flatwo cov d’ASF peut intéresser les producteurs des Pyrénées-Orientales ou du secteur Costières-Crau qui souhaitent démarrer très tôt en pêches plates. La variété, suivie par SudExpé et la Sica Centrex, présente une bonne qualité gustative mais des calibres limités. Deux semaines plus tard dans le planning de maturité, Babylone cov de PSB révèle un bon comportement général sur toutes les stations, y compris la Sefra en Rhône-Alpes. « Elle dispose d’un très bon potentiel agronomique, d’une bonne qualité gustative. Elle est plutôt bien fermée sur le dessus, assez aplatie. L’arbre est cependant très technique, avec des charpentières souples », avertit Julien Ruesch du CTIFL.

Flatbuzz cov confirme son très bon comportement

Juste après dans le planning, Flatbuzz cov d’ASF confirme son très bon comportement sur l’ensemble des sites. Ses principaux atouts : potentiel de charge et de calibre élevé, présentation attrayante du fruit, qualité gustative « bonne à très bonne » et conduite facile de l’arbre. Vient ensuite Flatbeauti cov d’ASF, au bon comportement général sur les sites des Pyrénées-Orientales et du Gard (chute physiologique toutefois en 2024 dans le Gard). Toujours dans le même créneau de maturité, Flatelse cov d’ASF est suivie également par la Sefra.

Dans le Gard, les Pyrénées-Orientales et la Drôme, elle révèle un bon comportement général mais un épiderme assez bosselé. Avec un débourrement semi-précoce, Flatreine cov d’ASF est, selon Julien Ruesch, une variété « assez facile à produire avec un bon potentiel de charge et de calibre et des fruits attrayants ». Ceci sur les trois sites d’expérimentation. En 4e feuille seulement, Flatheart cov d’ASF a aussi retenu l’attention sur les trois stations. Une variété à suivre. Enfin, un peu plus tardive, Filoe cov de PSB offre dans le Gard et les Pyrénées-Orientales des fruits très réguliers, bien plats. Attention toutefois à bien structurer l’arbre les premières années car il présente un bois souple comme Babylone.

Rédaction Réussir

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