Distribution
L’offre “semences paysannes” de Carrefour a fait bondir la filière
Carrefour vient de lancer des f&l bio issus de semences paysannes. La démarche soulève bien des questions.
Carrefour vient de lancer des f&l bio issus de semences paysannes. La démarche soulève bien des questions.
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L’annonce le 20 septembre a fait l’effet d’une bombe : Carrefour propose à la vente des f&l bio issus de semences paysannes dans une quarantaine de magasins (Ile-de-France et Bretagne). Et côté publicité, l’enseigne ne lésine pas : l’offre est appelée “le marché interdit” renvoyant à « la législation interdisant le commerce de semences de plus de 2 millions de variétés ». Pour cela, Carrefour a signé des accords contractuels sur 5 ans avec deux groupements de producteurs bretons (Association des producteurs de fruits et légumes bio bretons-APFLBB et Kaol Kozh) avec un engagement sur les prix et les volumes. L’offre comprend une dizaine de produits (oignon rose d’Armorique, tomate Kanvedenn, artichaut Glad Ruz…)
Sur la démarche, Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France, ne mâche pas ses mots : « Je suis atterré. Je ne comprends pas ce que recherche Carrefour, si ce n’est de la publicité. Cela brouille le message auprès du consommateur en lui laissant l’impression que les fruits et légumes vendus auparavant étaient de mauvaise qualité. En plus, consacrer 1 M€ pour deux associations, alors que nous demandons quelques cents du kilo pour pouvoir vivre décemment de notre métier, c’est difficile à accepter. Il y a certainement d’autres partenariats à nouer. Et d’autres sujets à aborder. Par exemple, celui de savoir pourquoi la qualité que nous avons dans nos exploitations ne se retrouve pas en linéaires. C’est tout l’enjeu du magasin pilote que le CTIFL va créer. » La réaction des semenciers n’a pas été longue : « Carrefour vise à faire croire que le manque de diversité de nos assiettes viendrait des semences. Pourquoi Carrefour veut-il vendre l’artichaut "Camus du Léon" mais pas le "Camus de Bretagne ? », s’interroge le Gnis, l’interprofession des semences qui rappelle qu’« aujourd’hui, près de 350 variétés pour 37 légumes sont déjà remises en production. Oui, la biodiversité est conservée ». Hasard du calendrier ou opportunisme, le même jour, Biocoop annonçait un partenariat avec le Réseau semences paysannes (RSP) visant à développer une meilleure connaissance des semences paysannes auprès des consommateurs.