Variétés
Le Haut-Poitou lance “sa collection”
Pour fêter leur lancement de campagne, le Syndicat des producteurs de melons du Haut-Poitou présente une centaine de variétés “de melons d’hier et de melons du monde”. L’occasion de montrer la grande diversité de ce fruit estival.
Le 26 juin, le Syndicat des producteurs de melons du Haut-Poitou lancera la saison de melon au château d’Avanton près du Futuroscope dans la Vienne. Il présentera une collection d’une centaine de variétés pour montrer la diversité des types de melons. A l’heure où la biodiversité est un thème porteur, où le consommateur français ne connaît pratiquement que le Charentais, cette initiative est sans doute la bienvenue. Cette opération est réalisée en collaboration avec le lycée horticole Danielle Mathiron de Thuré près de Châtellerault. Avec leur professeur François Dubreuil, les étudiants ont été chargés de semer et d’élever les différents types de melon dans des bacs afin qu’ils arrivent à maturité le jour J. Les semences ont été données par des semenciers et le distributeur Kokopelli. Selon Michel Pitrat, spécialiste du melon à l’Inra d’Avignon, les melons – qui appartiennent à la famille des cucurbitacées comme le concombre ou la courge – peuvent être classés en trois catégories et une vingtaine de groupes consommés dans le monde.
Trois types de melons
Les non sucrés, les types les plus anciens, les moins “domestiqués” et les plus sauvages viennent d’Afrique de l’Est. Dans cette catégorie, les scientifiques en distinguent trois ou quatre groupes dont le plus extraordinaire, le melon serpent. Comme son nom l’indique, il ressemble à cet animal et peut mesurer jusqu’à 2 mètres de long. Il est cultivé du Maroc jusqu’en Inde en passant par l’Egypte, la Turquie ou encore l’Afghanistan. Comme tous les melons de ce groupe dit flexuosus, il se mange immature et se cuisine comme un concombre. Les généticiens différencient d’ailleurs le concombre du melon uniquement par leur nombre de chromosomes, le premier en a 24, tandis que le second n’en a que 14.
La seconde catégorie n’est représentée que par un seul type, le melon dudaim. Il n’est pas comestible et sert seulement à parfumer les maisons du Caucase ou encore d’Afghanistan. Au château d’Avanton, les invités pourront aiguiser leur odorat avec le Queen Anne’s Pocket qui fait partie de cette catégorie.
Les sucrés, troisième catégorie, sont les plus nombreux aujourd’hui en Europe. Le plus connu est évidemment le type Cantaloup dans lequel on retrouve le Charentais. Au château d’Avanton, on pourra observer l’Ananas d’Amérique à chair verte ou orange, à ne pas confondre avec le melon Ananas qui est classé dans les inodorus, les inodores. Le melon Ogen figure également dans la collection et présente les melons Cantaloup d’Europe centrale. Tous ces melons se caractérisent par leur chair très sucrée, parfumée mais à très faible durée de conservation.
C’est la raison pour laquelle les sélectionneurs ont cherché à croiser les melons Cantaloup avec les melons sucrés que sont les inodorus. Ces derniers sont non parfumés mais ils sont juteux, sucrés, très désaltérants et se caractérisent par une longue conservation (lire encadré page précédente). Ils sont représentés par de nombreux types qu’il sera possible de voir le jour du lancement de campagne des producteurs de melons du Haut-Poitou.
A chaque pays son melon
Les Espagnols raffolent du Piel de Sapo. Les Portugais apprécient le melon de Noël récolté en septembre et consommé en fin d’année. En Provence, cette tradition a été perdue. Les Américains ont leur Honey dew, signifiant “rosée de miel”. Le groupe des brodés, ou reticulatus pour les spécialistes, est plus connu des Français avec le melon Galia. Ces melons ne laissent apparaître que leur formation liégeuse de leur écorce appelée broderie contrairement à certains melons Charentais qui sont plus ou moins ornés d’“écrits”. Quelques variétés anciennes de ce type comme le Sucrin de Tours sont encore commercialisées aujourd’hui. Les Américains ont eux aussi leurs brodés avec les variétés Western Shipper.
Pour l’anecdote, au Japon, les melons brodés verts sont très prisés : « Ce type de melon peut être vendu 32 € pièce dans un coffret en bois sans même avoir l’envie de le déguster ! », signale Michel Pitrat. Récemment, selon l’agence AFP, une vente aux enchères en mai 2007 a permis à un grand magasin de Sapporo de s’approprier deux melons pour le prix de… 12 500 € ! D’autres types caractérisent les sucrés comme les Améri, originaires du Proche-Orient et d’Asie centrale, exigeants de fortes températures pour leurs cultures et qui ne peuvent être cultivés dans nos contrées. Les plus typiques sont l’Ananas et les melons d’Ouzbékistan à chair blanche. En Asie, il existe aussi d’autres types de melons comme les makuwa dont plusieurs variétés sont cultivées en Extrême-Orient.