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ARBORICULTURE
Le choix de la spécialisation

Alors que nombre d’exploitations développent des ateliers de diversification, David Massot et sa compagne Marie Brial se lancent dans la voie de la spécialisation en pêche.

David Massot reste convaincu que la production française de pêches et nectarines a encore de beaux jours devant elle.

Petit-fils et fils de maraîchers perpignanais, David Massot a toujours su qu’il inscrirait son parcours professionnel dans les pas des générations précédentes. A 38 ans, avec sa compagne Marie Brial, il exploite dans les Pyrénées-Orientales près de 100 hectares de vergers de pêchers et abricotiers et conditionne la quasi-totalité de sa production. Une réussite envers et contre tout qu’il doit avant tout à sa passion pour ce métier mais aussi à sa persévérance et à une gestion très méthodique de son entreprise. En 1993, alors qu’il n’a que quatorze ans et rêve de devenir agriculteur comme ses parents, des difficultés économiques et conjugales conduisent l’entreprise familiale vers une cessation d’activité. Un crève-coeur pour lui qui, par dépit, se dirige vers un bac technique en mécanique.

D’une petite exploitation à une entreprise arboricole

Le jeune homme n’a pourtant pas dit son dernier mot et décide en 1998 de trouver un emploi en tant que salarié agricole… pour se faire la main. Cinq ans plus tard, son BPREA en poche, il s’installe sur onze hectares dont six de vergers et cinq de maraîchage à Millas et Ille -sur-Têt. « J’ai toujours su que je voulais devenir agriculteur. Ce métier me plaisait ! » se souvient-il.

Jusqu’en 2006, date à laquelle il reprend une exploitation arboricole de 17 hectares à la suite d’un abandon d’activité, David Massot apporte la totalité de sa production chez un expéditeur privé. En 2007, en même temps qu’il fait le choix d’abandonner le maraîchage et de spécialiser ses 28 hectares en pêches et nectarines, il crée une EARL et devient adhérent de la coopérative La Tour à Millas. En 2008, il saisit une nouvelle opportunité de reprise d’exploitation et accroît ses surfaces de 11 hectares. En 2010, ce sont 10 hectares de plus qu’il reprend à la suite de la cessation d’activité d’une exploitation voisine. Son objectif : créer une exploitation remembrée dans une région où le verger est traditionnellement très morcelé. Tout aurait pu évoluer favorablement si le contexte économique et climatique n’avait pas joué en sa défaveur.

Après deux années consécutives de mévente en 2009 et 2010 et une année de grêle en 2011, conjuguées à des difficultés économiques au sein de la coopérative La Tour, les comptes sont dans le rouge. En 2012, date où son engagement coopératif se termine, il fait alors le choix de conditionner lui-même sa production. Une nouvelle cessation d’activité lui offre l’opportunité de louer une station de conditionnement. Alors que le contexte arboricole roussillonnais est maussade et marqué par de nombreux départs, David Massot reste convaincu que la production française de pêches et nectarines a encore de beaux jours devant elle. Reste à faire les bons choix techniques et organisationnels. En 2013, alors qu’il conditionne ses premiers fruits, sa stratégie est claire. « Depuis le départ, mon objectif visait à me concentrer sur la production et le conditionnement en maîtrisant au mieux les coûts. Pour ce qui est de la commercialisation, surtout en circuit long, cela reste l’affaire de spécialistes car il faut veiller à ne pas déstructurer le marché avec l’atomisation de l’offre », détaille-t-il. C’est à la coopérative Teraneo qu’il délègue la commercialisation de sa production et crée en parallèle une SARL pour l’activité conditionnement et vente.

Technicité et organisation, deux leviers déterminants

Fort des enseignements que lui ont apportés ses trois années difficiles, David Massot veut remettre son exploitation en ordre de marche. Pour cela, il fait appel à un consultant technique privé, Christophe Fournerie de AFC Consultant, et à son collaborateur Régis Grenier : un levier déterminant dans l’évolution de l’exploitation. « Dans le cadre de ma stratégie d’entreprise, il était absolument nécessaire de revoir mon itinéraire technique afin d’être en capacité de produire des fruits de qualité, en quantité et à un coût maîtrisé pour répondre aux attentes du marché français », explique l’arboriculteur. Quatre ans plus tard, les résultats sont au rendez-vous. Sur la durée de la campagne qui s’étale de fin mai à fin septembre, le rendement moyen toutes variétés confondues s’établit à 27 tonnes par hectare et ce malgré le phénomène sharka. L’augmentation du calibre moyen et le respect d’un taux de sucres minimum imposé par un marché français très exigeant ont aussi été atteints. La remise en ordre de marche a également été possible grâce à l’arrivée de Marie Brial dans l’entreprise qui, désormais, emploie 45 salariés en saison et présente un potentiel de production de quelque 1 500 tonnes. « Rien n’est encore gagné mais je mets tout en oeuvre pour aller au bout de mon objectif », termine David Massot, conscient de la difficulté actuelle liée à une surface importante de jeunes vergers entraînant un manque de volumes. Mais dès 2019-2020, ses volumes devraient augmenter significativement. Quatorze ans après son installation, David Massot et Marie Brial ont réussi ce coup de force de devenir des arboriculteurs avec lesquels il faut compter en Roussillon.

Conditionner pour aller plus loin dans la maîtrise des coûts

En charge du conditionnement mais aussi de toute la partie ayant trait à la gestion du social et de la qualité, Marie Brial a fait le courageux choix de quitter son emploi de préparatrice en pharmacie en vue de prendre en charge ces trois postes stratégiques pour la réussite de l’entreprise. Parmi les défis qu’elle a dû relever, il y a celui de la gestion d’une équipe d’une quinzaine de salariés. Car c’est aussi à la station, grâce à un management intelligent, que se font des gains substantiels. Outre le fait d’apprécier la qualité du travail de cueillette, Marie contribue à rationnaliser les coûts du conditionnement. Et dans ce domaine, la jeune femme excelle. « Que ce soit au verger ou à la station, notre objectif vise à fidéliser les salariés. La qualité du travail ainsi que la relation que nous établissons avec eux en dépendent », indique-t-elle. Bref, Marie est comme un poisson dans l’eau dans la station où, dès 2017, quelque 1 500 tonnes de pêches et nectarines seront conditionnées sous son regard vigilant.

PARCOURS

2002 : installation sur 11 ha de maraîchage et arboriculture.

2006, 2008, 2010 : reprise d’une exploitation de 17 ha, d’une seconde de 11 ha puis d’une troisième de 10 ha.

2013 : location d’une station de conditionnement et premiers fruits conditionnés.

2015 : arrivée de Marie Brial au sein de l’entreprise.

2016 : reprise d’une exploitation de 31 ha grâce à un portage de foncier.

2017 : l’entreprise possède une centaine d’hectares et un potentiel de 1 500 t.

Portage de foncier, un outil facilitateur de projets

Face à la recrudescence de la Sharka dans le Roussillon, David Massot n’a pas pu ignorer cette problématique dans le cadre du développement de son entreprise. « Après deux années de recherche active de foncier en zone indemne, une opportunité de reprise d’une exploitation arboricole de 31 hectares s’est présentée sur la commune de Salses-le-Château, en Salanque. Grâce à une opération de portage de foncier mise en oeuvre par la coopérative Teraneo en lien avec la Safer LR, j’ai pu avoir accès à ce parcellaire dès l’hiver 2016-2017, en contrepartie d’un bail d’une durée de cinq à dix ans suivi d’un achat et de mon engagement au sein de la structure coopérative », explique-t-il. Outre la dizaine d’hectares d’abricots en production, il a d’ores et déjà planté dix hectares de pêchers et projette d’en installer autant dans le courant de l’hiver prochain. Grâce à ce dispositif qui constitue un mode de financement original, David Massot a pu conforter le développement de son entreprise tout en créant une unité de production cohérente dans une zone préservée par la sharka.

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