La sécurité des Amap
En Seine-Maritime, Isabelle et Fabrice Fortin ont orienté leur exploitation des Jardins de la Béthune sur la commercialisation en Amap.
En Seine-Maritime, Isabelle et Fabrice Fortin ont orienté leur exploitation des Jardins de la Béthune sur la commercialisation en Amap.
Isabelle et Fabrice Fortin sont maraîchers depuis cinq ans à St-Martin-l’Hortier, en Seine-Maritime. Installés le long de la Béthune, ils cultivent deux hectares en agriculture biologique, et disposent de 1 200 m2 de serres. Dès leur installation, ils se sont rapprochés du réseau des Amap, associations pour le maintien d’une agriculture paysanne. Avec un objectif : sécuriser un volume de vente et assurer une trésorerie régulière. « L’Amap est une garantie de vente toutes les semaines. C’est une vraie sécurité ». Très vite, Fabrice et Isabelle sont sollicités par d’autres Amap. Aujourd’hui, ils en livrent trois sur l’agglomération de Rouen, et une à Dieppe. Soit 80 à 100 paniers par semaine et quatre jours de distribution les mardis, mercredis, jeudis et vendredis. « On rentre en général vers 20 heures, témoigne Fabrice Fortin. Mais un marché à préparer, ça fait terminer tard aussi, et en plus derrière il faut se lever de bonne heure, avec une certaine incertitude sur le volume de vente ». Ce qui n’est pas le cas en Amap. Et le système des paniers permet à Fabrice et Isabelle une grande flexibilité dans les rotations et dans la conduite des récoltes. En effet, en dehors des légumes de saison de base, « on fait un peu ce qu’on veut », se félicite Fabrice Fortin. « On gère nos récoltes beaucoup plus facilement et on limite les pertes. Et sur un marché, il faut avoir toutes les sortes de légumes, tout le temps. Avec les Amap, nous n’avons pas l’utilité de tout faire ». Mieux, les Amap peuvent être un excellent complément à d’autres modes de commercialisation. La preuve : Fabrice et Isabelle sont présents tous les quinze jours sur un marché bio près de Rouen. Et ils participent actuellement à la création d’un magasin de producteurs près de Dieppe, suite notamment à l’arrivée de nouvelles surfaces de production.
Le maraîcher donne le ton de l’Amap
Ainsi, le fait de choisir la constitution des paniers permet d’écouler la marchandise excédentaire. Mais attention, prévient Fabrice Fortin, cela ne doit pas se faire au détriment de la qualité ou de la fraîcheur, ni de la diversité du panier. En effet, cette souplesse affichée des Amap n’est pas sans limite. Consomm’acteurs, les Amapiens ne sont pas toujours une clientèle facile. Pour Fabrice et Isabelle, c’est souvent le maraîcher qui donne le ton de l’Amap et qui en assure la stabilité. Il faut donc de la qualité, du temps d’échange et d’explication, mais aussi une certaine diversité de produits. Au minimum six ou sept légumes différents dans chaque panier, et un renouvellement d’une semaine sur l’autre. Une contrainte de diversité, que Fabrice et Isabelle vivent plutôt comme un avantage. Elle permet de mieux suivre le rythme de maturation des cultures et surtout de « se faire plaisir à cultiver des choses un peu différentes ». Néanmoins, cela suppose de disposer d’une grande diversité de plants. Une difficulté que Fabrice et Isabelle ont surmontée en produisant eux-mêmes leurs plants.
Les Amap en France
La première Amap a été créée en France en 2001. Depuis, le concept s’est propagé dans l’Hexagone, et même outremer. En 2005, une étude du Mouvement inter-régional des Amap (Miramap), dénombrait plus de 2 000 associations, représentant plus de 250 000 Amapiens. Mais les évolutions sont permanentes et les dynamiques très locales. Difficile donc de connaître précisément le nombre d’associations. Certains producteurs livrent toute leur production en Amap, d’autres une petite partie. Toutefois, selon le Miramap, la tendance reste à la création de nouvelles Amap. Dans les régions précurseurs du mouvement (Ile-de-France, Aquitaine ou Rhône-Alpes par exemple), la dynamique est moins forte que par le passé. La demande reste bien présente mais les listes d’attente sont moins longues, notamment du fait du développement de nouvelles formes de commercialisation en circuits courts. D’autres régions, parties plus tard dans le mouvement, connaissent une forte augmentation du nombre d’Amap. Si globalement les Amap sont plutôt concentrées dans les zones urbaines ou périurbaines, des initiatives très rurales sont aussi recensées. Les fruits et légumes représentent le plus souvent le coeur de fonctionnement des Amap, mais là encore des exemples existent d’associations créées sans arboriculteur ni maraîcher.