La filière pêches et abricots peaufine son empreinte carbone
Le cahier des charges de Vergers écoresponsables intègre depuis cette années des bonnes pratiques carbone. En parallèle, l’AOP avec l’appui technique du CTIFL est en cours d’études pour calculer les émissions carbone de sa filière et le stockage en verger.
Le cahier des charges de Vergers écoresponsables intègre depuis cette années des bonnes pratiques carbone. En parallèle, l’AOP avec l’appui technique du CTIFL est en cours d’études pour calculer les émissions carbone de sa filière et le stockage en verger.
Alors que le sujet du carbone et de l’empreinte des produits mobilise plus que jamais, le secteur agricole s’en était déjà saisi depuis longtemps. « Il y a 12 ans, le CTIFL avait réalisé une étude pour mesurer l’empreinte carbone d’un verger français de pêches, se souvient Muriel Millan, responsable technique à l’AOP pêches et abricots de France. Ces données servent dans la base de données Agribalyse mais sont aujourd’hui obsolètes. Elles n’existent pas en abricots ». En 2023, l’AOP et le CTIFL réactualisent donc les données pour un verger de pêches et les créent pour l’abricot. Résultats attendus pour la fin de l’année.
Et pour la partie post-récolte ? La filière pêches et abricots a voulu suivre la voie de la pomme, qui dans le cadre de l’appel à projets Green Go, a mesuré l’empreinte (analyse du cycle de vie) de la pomme française du verger au consommateur, dont la pomme en compote (porté par l’ANPP, l’Afidem, Blue Whale et Pink Lady et dont les résultats ont été présentés au Sival 2023). L’AOP pêches et abricots de France, porteur et financeur du projet, avec le CTIFL comme partenaire technique, a donc fait appel au bureau d’études Evea. Les données sont en cours de collecte. L'objectif est d’abonder la base de données Agribalyse.
Combien de carbone stocke un verger français ?
Autre travail qui vient d'être lancé avec la filière pomme : évaluer le stockage de carbone par les vergers français. L’AOP pêches et abricots et l’ANPP sont en train de mettre en concurrence des bureaux d’études. « On en est persuadés, les vergers sont des stockeurs nets importants de carbone mais le sujet n’a jusqu’ici pas été travaillé, au contraire des grandes cultures qui sont en avance », évoque Muriel Millan.
Un premier travail de bibliographie et d’état des lieux devrait être rendu d’ici la fin de l’année. Des bonnes pratiques ont déjà été identifiées et mises en place dans les itinéraires techniques (exemple : enherbement inter-rang obligatoire dans Vergers Ecoresponsables) mais ce travail devrait confirmer et apporter de nouvelles pistes de progrès.
Des bonnes pratiques carbone dans Vergers écoresponsables
En attendant, Vergers écoresponsables (80 % de la production français dont 100 % des adhérents de l’AOP et de l’ANPP) a ajouté en 2023 une ligne carbone dans son cahier des charges avec trois nouveaux points, dont une obligation mineure et deux recommandations. Il est désormais obligatoire de broyer les bois de taille et de les laisser au champ, une « pratique déjà largement mise en place dans les vergers ».
Le deuxième item carbone, pour freiner l’érosion et favoriser la vie du sol, limite à 12 mois le fait d’avoir un sol nu, semé d’un couvert, entre arrachage et replantation d’une même parcelle. Enfin, le troisième item, sur la fin de vie du verger, vise à valoriser le bois par broyage, avec restitution au sol, ou par bûcheronnage pour fabriquer litières ou copeaux pour les chaufferies. Ces deux pratiques sont recommandées aux producteurs en 2023 et pourraient devenir obligatoires l’année prochaine.
« Oui il y a des freins, reconnaît Muriel Millan. Des freins techniques notamment sur la fin de vie du verger car les filières ne sont pas mises en place, il n’y a pas le matériel de broyage, les racines peuvent être profondes dans le sol… Des freins psychologiques et organisationnels aussi. Il faut du temps mais cela va se faire. »
Les enseignes, de plus en plus demandeuses d’une empreinte carbone réduite
Des difficultés donc mais le jeu en vaut-il la chandelle ? Muriel Millan estime que oui. « Le carbone est un sujet qui touche tout le monde, avec de plus en plus de producteurs sensibilisés et probablement une carte à jouer en termes de valorisation. »
« Il n’y a pas encore une demande forte du consommateur -qui est plus tourné vers la qualité, le prix- même s’il est de plus en plus sensible à la thématique du carbone. En revanche, les enseignes sont demandeuses, car c’est un moyen de répondre aux attentes des consommateurs, de se distinguer les unes des autres et de répondre à l’obligation qu’elles ont elles-mêmes de réduire leur empreinte carbone, ce qui englobe entre autres les produits qu’elles vendent ».