Seine-Saint-Denis : la Cité maraîchère de Romainville au cœur de la ville
En Seine-Saint-Denis, la Cité maraîchère de Romainville est une expérimentation agricole urbaine unique. Propriété de la municipalité, elle commercialise depuis 2021 ses légumes auprès des habitants de la commune.
En Seine-Saint-Denis, la Cité maraîchère de Romainville est une expérimentation agricole urbaine unique. Propriété de la municipalité, elle commercialise depuis 2021 ses légumes auprès des habitants de la commune.
En Seine-Saint-Denis, blottie entre Bagnolet et Pantin, la municipalité de Romainville a lancé une expérimentation agricole urbaine unique. La cité maraîchère, équipement municipal de 2 000 m2 sur sept niveaux, vise à développer une offre à l’éducation environnementale et l’alimentation durable. Mais elle doit également favoriser l’accès à des produits frais, sains et de saison. Si le rez-de-chaussée est réservé à l’accueil du public (ateliers, exposition, espace restauration…), les étages et le sous-sol sont ainsi consacrés à la production maraîchère en bacs, à une champignonnière (pleurotes et shiitakes) et à une endiverie.
9 millions d’euros d’investissement
En février 2021, les clés de cette serre verticale qui représente 9 millions d’euros d’investissement, ont été remises. « Les premières productions ont été lancées en avril-mai, suivies par notre premier marché hebdomadaire en juin 2021 », explique Nicolas Baudez, chef de culture de la Cité maraîchère depuis novembre dernier. Éclairage, chauffage et ventilation naturels, régulés grâce à des capteurs et une ministation météo, collecte des eaux de pluie dans les prochains mois (jusqu’à 30 % des besoins en arrosages devraient être couverts), la serre a été conçue pour réduire son impact environnemental. Dans cette logique, pas d’intrants ni de pesticides, même si la culture hors sol interdit d’envisager le label AB.
« J’utilise aussi beaucoup d’insectes. En pollinisateurs, des bourdons et des syrphes ; des guêpes parasitoïdes contre les pucerons… », remarque le chef de culture. Le substrat est conçu par AgroParisTech, à partir de déchets de la ville avec, notamment du compost et du béton pulvérulent issus de la démolition de bâtiment. « Nous pratiquons un maraîchage intensif avec beaucoup de successions culturales, rebondit Nicolas Baudez. Typiquement, avant les tomates, j’avais des fèves avec du basilic au pied, des radis, des carottes. Le but étant de faire entre 4 et 6 cultures dans le même espace et de remettre 10 cm de compost à la fin de la saison. L’objectif est de 8 tonnes de légumes et champignons par an. » Un chiffre qui pourrait être revu à la baisse. Car sur les 720 bacs superposés équipant la serre à l’origine, près de la moitié a été enlevée pour réduire l’ombre portée et améliorer la luminosité de l’édifice.
Le responsable regrette également les murs en béton brut plutôt que blancs, ainsi que les planchers en béton qui génèrent également des ombres. « Mon prédécesseur a fait des essais sur des salades. Le rendement au 2e étage représente 30 % de celui au 6e étage. », témoigne Nicolas Baudez. La production est vendue au cours du marché hebdomadaire de la Cité maraîchère, ouvert à tous. « Nous fixons notre prix en nous basant sur le marché bio de gros de Rungis auquel nous ajoutons 30 % », explique Nicolas Baudez. Les Romainvillois, selon leur quotient familial, peuvent bénéficier d’une réduction (jusqu’à 75 %) sur ce prix de vente. Par ailleurs, une partie du personnel de la Cité est en réinsertion.