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Kiwi : les pistes de recherche contre la punaise diabolique

Le BIK mène des travaux depuis six ans afin de rechercher des solutions de lutte contre la punaise diabolique, notamment dans le cadre du projet Polcka. Ses travaux ont notamment porté sur la maturation ovarienne du ravageur et la recherche de parasitoïdes.

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Les dégâts de la punaise diabolique peuvent affecter entre 5 et 25 % des fruits, voire plus de 35 %.
© BIK

La punaise diabolique, Halyomorpha halys, est un insecte piqueur-suceur qui cause des dégâts sur les organes végétaux de plus de 300 plantes cultivées dont le kiwi. En verger, les dégâts sur fruits sont compris entre 5 et 25 % mais peuvent atteindre plus de 35 %. Les enzymes digestives injectées dans la plante provoquent des nécroses aux abords de la piqûre et entraînent au niveau du fruit des déformations, des altérations de la coloration et des apparitions de zones liégeuses sous l’épiderme.

Les dégâts sont alors à forte incidence économique. « Il est donc essentiel de trouver des solutions durables pour lutter contre ce ravageur. C’est pourquoi le BIK a participé au projet Polcka, dont l’objectif est la recherche de solutions de lutte alternatives et complémentaires à la lutte phytosanitaire », mentionne Adeline Gachein, directrice du Bureau national interprofessionnel du kiwi (BIK).

Suivi de la maturation ovarienne de la punaise

Ce projet collectif, cofinancé par FranceAgriMer, a regroupé plusieurs partenaires dont le BIK, Invenio, le Grab, le Cvetmo et Koppert entre 2021 et 2023. Pour le kiwi, les actions mises en place ont concerné l’étude de la maturation ovarienne, la recherche de parasitoïdes, et des essais de répulsifs, de plantes attractives et de boîtes d’hivernage. « L’étude de maturation ovarienne a permis de valider le modèle connu pour prédire le premier pic de ponte de la punaise diabolique », précise la directrice.

<em class="placeholder">punaise diabolique</em>

En effet, afin de connaître les périodes de ponte, la dissection de punaises femelles a permis de déterminer le stade de la maturation ovarienne (réparti en quatre stades, plus la ponte). Les données externes (température et photopériode) ont permis de valider le modèle des 148 DJ [degrés jour] qui correspond au premier pic de ponte. Cette donnée permet aux producteurs de cibler plus précisément les périodes d’intervention en verger pour une lutte plus efficace. Pour le deuxième pic de ponte, qui diffère selon les régions, il n’a pas été possible de calibrer un modèle à ce jour.

Déterminer une présence régulière de parasitoïdes

En 2024, les essais se sont concentrés sur deux lâchers augmentatifs de Trissolcus mitsukurii, un parasitoïde de la punaise diabolique en Nouvelle-Aquitaine. « Ces lâchers ont débuté le 10 juin 2024 et pour savoir si notre parasitoïde est resté dans le coin nous accrochons des ooplaques sentinelles sous les feuilles et les récupérons trois jours après pour les mettre en élevage auprès des entomologistes de l’Association nationale des producteurs de noisettes, qui collabore avec nous à ce projet », explique Adeline Gachein. Parallèlement le BIK recherche d’autres parasitoïdes.

« Les ooplaques sentinelles n’ont pas permis de retrouver notre parasitoïde cette année, et nous continuerons la surveillance l’année prochaine », indique Adeline Gachein. Pour la recherche d’autres parasitoïdes, le nombre d’ooplaques trouvées en verger reste faible au regard de la population. « Il semble que les punaises diaboliques vivent surtout dans les haies et les bois, le verger étant une source d’alimentation », mentionne-t-elle. Il est également possible que le nombre de parasitoïdes reste faible eu égard à la récente arrivée de ce ravageur dans notre écosystème. L’augmentation de la population de parasitoïdes est donc un objectif.

Aucun effet répulsif contre la punaise diabolique

En revanche, les essais de répulsifs et de méthodes alternatives n’ont pas démontré à ce jour d’efficacité. Quatre produits répulsifs ont été testés (Starmax, Ter’alg, Prevam et Zéolithe). En 2021, le Starmax (ovicide) et le Ter’alg (répulsif) semblaient avoir un effet répulsif. En 2022, seul le Starmax présentait des dégâts inférieurs au témoin, mais sans résultat statistiquement significatif. En 2023, seul un essai avec le Starmax a été effectué, mais aucun effet répulsif contre la punaise diabolique n’a été démontré. « À ce jour, nous n’avons pas pu identifier de répulsif efficace contre la punaise diabolique », conclut la directrice.

Il en est de même après deux années d’essais avec des plantes répulsives. Les essais de lutte contre la punaise diabolique ne s’arrêtent pas là. En sus des homologations et dérogations 120 jours, le BIK souhaite continuer à travailler sur les lâchers de Trissolcus mitsukurii. Le réseau de suivi est maintenu. Le BIK continuera également les essais boîtes d’hivernages et plantes répulsives. Il concourt à des appels à projets en vue de maintenir un volume d’actions important contre ce ravageur.

300 punaises adultes par piège

Le réseau de surveillance de la punaise diabolique permet de suivre l’expansion de Halyomorpha halys sur le territoire français. En l’espace de cinq ans, le nombre de punaises a explosé dans la vallée de la Garonne et dans le Gard, alors qu’elle était peu présente dans ces régions avant 2020. Le nombre de punaises piégées est passé de 100 adultes par piège en moyenne en 2021 à 300 en 2023. En Adour, la pression du ravageur dans les vergers de kiwi reste élevée (250 punaises adultes par piège en moyenne).

D’autres pistes de lutte

Des essais des plantes attractives ont été réalisés en 2021 et 2022 avec des plantes reconnues dans la littérature comme appétentes pour la punaise diabolique, avec comme objectif d’attirer la punaise en dehors des vergers. Les plantes sont par la suite détruites en cours de culture. Parmi les quatre modalités testées, le mélange tournesol + sorgho ainsi que le soja sont les plantes les plus attractives. Cet essai n’a pas été reconduit en 2023 au vu de la complexité de réalisation de l’essai (implantation, destruction du couvert, risque d’augmentation de la population de punaises).

Les essais de boîtes d’hivernage ont pour stratégie de créer un abri artificiel pour la punaise diabolique, afin qu’elle puisse venir s’y loger naturellement, puis de détruire les punaises hivernantes pour diminuer la population responsable du premier pic de ponte. Les boîtes en carton n’ayant pas fonctionné en 2021 et 2022 (trop humides), deux boîtes en bois ont été construites et posées en 2023, mais seuls des morceaux de punaises y ont été retrouvés, suggérant une prédation (possiblement de reptiles). L’essai sera reconduit en suspendant les boîtes.

La défaillance des moyens de protection

Début 2024 dans le cadre des travaux pour le Comité des solutions, le BIK a dressé un constat alarmant. Sur les 35 usages kiwi répertoriés en Europe, 8 n’existent pas en France, bien que pour 6 d’entre eux les maladies ou ravageurs soient présents dans l’Hexagone (les 2 restants étant des ravageurs présents en Espagne et Italie, dont on peut craindre qu’ils arrivent prochainement en France).

« Plus alarmant encore, sur les quinze usages essentiels existants en France pour les producteurs, onze sont non ou mal pourvus – bientôt douze, voire treize. Et lorsqu’on regarde du côté des substances actives d’intérêt fort, seules 9 % d’entre elles sont autorisées en kiwi en France contre 56 % en Italie, 49 % au Portugal et 39 % en Grèce », s’inquiète l’organisme. Le BIK assure rester actif sur ce dossier et mettra tout en œuvre pour couvrir les usages kiwi de manière pérenne.

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