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« Les abris sont indispensables pour assurer la qualité des petits fruits rouges »

Déjà spécialisée dans les fruits rouges, framboise, mûre et groseille, la SCEA Jolibois a élargi sa gamme avec la myrtille. Une culture en sol, contrairement aux autres, mais sous abris, condition sine qua non pour assurer la qualité exigée.

Les petits fruits rouges, d’abord les framboises, sont arrivés dans la SCEA Jolibois installée à Julliac en Corrèze dans les années 1990, en alternative à la culture de tomate sous serre qui connaissait alors ses premières crises. Tout en changeant de culture, Gérard Boissiéras n’a pas changé de mode de production. Adepte convaincu de la technique hors-sol, il est alors devenu précurseur de la production de framboise hors-sol en France. L’exploitation s’est progressivement transformée pour se spécialiser dans une gamme de petits fruits : framboise, mûre, groseille, à la demande des clients essentiellement grossistes. En 2019, c’est pour accueillir deux nouveaux associés, Sophie Ponson et Martin Bouvier, déjà concernés par les fruits rouges en Espagne, que le projet de plantation de myrtille s’est développé avec une condition sine qua non : « produire sous abri ». « On ne peut pas faire de petits fruits sans couverture, assure le spécialiste. C’est indispensable pour gérer la culture et le personnel lors de la récolte, et assurer la qualité du produit ». Ainsi, toutes ses cultures de la SCEA Jolibois sont abritées sous diverses structures : multichapelle, tunnel ou simple abri « parapluie ».

Produire en jouant sur l’étalement de la maturité

Avec la myrtille, la stratégie de l’entreprise, qui commercialise toute sa production sous sa marque Jolibois, a été d’élargir la gamme. « Nous produisions et commercialisions essentiellement de la framboise de mai à novembre, qui se complétait avec de la mure et de la groseille. Aujourd’hui, la myrtille a connu un fort développement en réponse aux demandes de nos clients et représente 30 % des ventes », témoigne Gérard Boissiéras. Ainsi, sous l’impulsion de Sophie et Martin deux hectares de myrtille ont été plantés à leur arrivée sur un site proche de l’entreprise et de la station. Le sol acide mais compact, composé de 20 % d’argile et 40 % de limon, a d’abord été amendé par de l’écorce de pin et de la sciure de résineux (100 L/m2). Puis des buttes 40 cm couvertes d’une bâche et équipées d’un goutte-à-goutte ont été confectionnées en prévoyant de couvrir deux rangs de plantation avec un tunnel plastique 5 m. La densité est de 2 000 plants/ha.

 

 
Les myrtilles 4 ans plus tard, les rangs sont palissés pour maintenir la végétation et faciliter la récolte.
Les myrtilles 4 ans plus tard, les rangs sont palissés pour maintenir la végétation et faciliter la récolte. © RFL

« Le choix variétal s’est fait dans l’objectif de produire de juin à novembre, en jouant sur l’étalement de maturité d’une gamme de cinq variétés avec Duke comme variété précoce, puis Legacy, Cargo, Last call et Central Blue, la plus tardive », détaille Gérard Boissiéras. Cette fenêtre de production, qui correspond à celle des autres fruits rouges de l’entreprise, est également déterminée par la présente et la concurrence d’autres origines sur le marché français. « Jusqu’en mai, l’Espagne et le Maroc sont très présents. L’arrivée de la myrtille française se fait progressivement en juin pour toute la période estivale, jusqu’en novembre où l’Argentine et surtout le Chili arrivent par conteneur sur le marché européen », explique le spécialiste. En saison, le pic de production de la myrtille française et celui de la SCEA Jolibois ont lieu sur juillet-aout. « Mais il est possible de gérer le surplus car la myrtille est un fruit qui se conserve bien en frigo, à l’inverse de la framboise », fait remarquer le responsable.

Les entre-rangs sont régulièrement « soufflés »

« L’entrée en production de la plantation de myrtille s’est faite dès la seconde année, et les volumes de pleine production ont été atteints à la troisième. Aujourd’hui, la parcelle de deux hectares produit en moyenne 30 t de fruit par an », témoigne Martin Bouvier. Les plants qui dégagent une forte vigueur sont palissés pour limiter le port retombant et faciliter la récolte, sans perte de fruit. « La taille est basée sur le renouvellement des bois pour optimiser la vitesse de récolte », précise-t-il. Les fruits sont récoltés avec un passage par semaine, car contrairement à la framboise le fruit conserve ses qualités sur la plante. « Il est important toutefois de maintenir le rythme pour éviter le risque de dégâts de Drosophila suzukii, fait remarquer Gérard Boissiéras, avec la difficulté de gérer les débuts et fin de récolte où les volumes sont limités et le rendement de récolte faible ». Il convient aussi de maintenir la parcelle « propre » en éliminant les fruits tombés au sol lors des cueillettes. Pour cela, les entre-rangs sont régulièrement « soufflés » pour amasser et ramasser les fruits en bout de rang. « En 2023, nous avons connu une forte pression de drosophiles lors des périodes pluvieuses de l’été », témoigne Gérard Boissiéras.

Des tests de culture hors-sol en sac

La récolte et le conditionnement en barquette se font directement à la parcelle, avec un minimum de manipulation du produit pour le maintien de la qualité du fruit. Un contrôle de qualité et de poids par colis est fait à la station. Et l’idée d’une récolte mécanique ou d’un tri optique semble bien éloignée de la stratégie de production de SCEA Jolibois. En ce qui concerne l’avenir de la myrtille sur l’exploitation, les responsables de SCEA Jolibois s’interrogent sur les options de développement et de renouvellement du potentiel de production de myrtille. « Si nous avons la possibilité de planter sur un terrain neuf, le sol a sa place avec l’avantage d’un conforme de conduite de plante qu’apporte l’effet tampon notamment pour l’irrigation », commentent-ils. Mais leur interrogation se porte sur les parcelles à replanter, myrtilles sur myrtilles, et déjà des tests de culture hors-sol en sac d’écorce de pin sont en cours. Difficile de changer la nature, surtout celle des hommes !

Framboise et mûre programmées

La production de framboise de la SCEA Jolibois est essentiellement conduite en hors-sol sur 6 hectares de tunnel dont 30 % en double rotation. L’étalement de la production de mai à novembre est permis par la mise en culture de plants programmés produits sur l’exploitation, mis au froid et sortis selon le calendrier de plantation. Cette technique permet d’avoir un choix variétal plus restreint. Deux variétés de framboise et une seule de mûre pour toute la saison. L’entreprise est totalement indépendante de son approvisionnement en produisant elle-même ses plants sur 2,5 ha de pépinières.

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