Carotte : « l'infestation de souchet augmente dans la Manche »
Bruno Pitrel, responsable Programmation Expérimentation à la station légumière du Sileban (Manche), fait le point sur l'infestation de souchet dans le bassin légumier de la côte ouest de la Manche et sur les perspectives de lutte.
Bruno Pitrel, responsable Programmation Expérimentation à la station légumière du Sileban (Manche), fait le point sur l'infestation de souchet dans le bassin légumier de la côte ouest de la Manche et sur les perspectives de lutte.
« On observe une augmentation significative de l'infestation de souchet (Cyperus esculentus) dans les sols légumiers du bassin de la côte ouest de la Manche. Sur l'ensemble du bassin, les nouvelles estimations sont de 36 % des surfaces déclarées avec une présence de cette plante invasive, soit 15 % de plus qu’en 2015. La progression du souchet n’est pas exclusive aux sols sableux, qui restent néanmoins les substrats les plus propices à son développement. L’enquête menée par le Sileban en 2022 confirme bien un risque étendu, et avéré, de propagation à des terres limono-sableuses où le souchet pourra proliférer de façon importante, même si ces types de sols semblent a priori moins favorables à son développement.
Les programmes de désherbage mis à mal
Malgré le respect de mesures élémentaires de prophylaxie et l’introduction de nouvelles cultures dans la rotation, la gestion du désherbage reste extrêmement difficile au sein des cycles de cultures ainsi qu’à l’échelle du système de culture. Parmi les cultures légumières, la production de carottes est celle qui met le plus en difficulté les producteurs. Plusieurs effets s’accumulent pour mettre à mal les programmes de désherbage spécifiquement sur le souchet, avec des impasses qui ne sont pas seulement liées aux carences de solutions herbicides.
Le contrôle sur le rang de culture est essentiel mais s’avère souvent insuffisant. Le recours au sarclage manuel répété ne peut pas être considéré comme une solution viable. L’introduction de nouvelles cultures dans la rotation est bénéfique lorsque celles-ci sont compatibles avec la présence du souchet, c’est-à-dire lorsqu'elles permettent une maîtrise du désherbage dans des conditions correctes. Dans le cadre du plan de lutte contre les nématodes, l’introduction de plantes de service comme le sorgho permet de contrôler le développement de la plante indésirable mais ne constitue pas véritablement une solution pour agir sur le stock semencier. Dans la situation d’impasse technique actuelle, il est donc particulièrement important d’agir en prévention du risque, notamment en évitant de nouvelles contaminations intra- et inter-bassins. »