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Eric Martineau a choisi de développer la vente directe de pommes

Arboriculteur dans la Sarthe, Eric Martineau a fait évoluer son exploitation pour mieux répondre aux attentes des consommateurs et développer la vente directe.

« A l’avenir, il y aura d’un côté de grands vergers positionnés notamment sur les variétés club et de l’autre de petites exploitations orientées sur la vente directe », estime Eric Martineau, producteur de pommes à Chenu, dans la Sarthe. Installé en 1990 en reprenant la ferme familiale de 55 ha, Eric Martineau a peu à peu fait évoluer l’exploitation dans ce sens. Une première évolution a été l’arrêt de l’élevage de vaches allaitantes, trop peu rémunérateur. Une autre a été la restructuration du verger et notamment l’évolution et la diversification des variétés de pomme. « Quand je me suis installé, il y avait 20 ha de vergers et trois variétés : Golden, Granny Smith et un peu de Melrose. Au fil des renouvellements, j’ai réduit ces variétés, Granny Smith parce que je ne voulais pas exporter, et les autres parce qu’elles ne répondaient plus aux attentes du marché. Je les ai remplacées par Gala et Elstar mais aussi par Bertanne et par des variétés anciennes parce que je voulais déjà développer la vente directe. » Aujourd’hui, l’essentiel des pommes de la Ferme des Quantières est encore commercialisé par le groupement de producteurs Renaissance, dont Eric Martineau est président depuis 2007. « Renaissance regroupe 13 producteurs pour un potentiel de 14 à 15 000 tonnes de pommes, précise-t-il. Les fruits sont commercialisés dans le cadre des structures commerciales de trois d’entre eux. En termes de rémunération, les circuits longs sont toutefois assez aléatoires. Si la valorisation est correcte en général pour les variétés club, elle est plus compliquée pour les variétés libres. Comme le groupement autorise la vente directe dans la limite de 25 % en conventionnel et plus encore en bio, j’ai donc choisi de m’orienter davantage vers la vente directe. »

Diversification variétale

Un autre changement en 2017 a été la conversion à l’Agriculture biologique. « La bio répond aux nouvelles attentes des consommateurs, estime Eric Martineau. J’ai choisi de convertir l’ensemble de l’exploitation. Comme la ferme compte encore beaucoup de prairies, cela me permet de vendre du foin bio à des voisins éleveurs. La moitié du verger est aussi conduite en bio, l’autre moitié en Vergers Ecoresponsables. Certaines variétés comme Reine des Reinette sont difficiles à produire en bio et les Vergers Ecoresponsables sont un bon compromis qui permet d’avoir des fruits sains et accessibles à tous. » Enfin, en 2020, il a choisi de réduire ses surfaces de vergers pour devenir maire de sa commune. « C’est un choix de vie, souligne-t-il. Comme j’emploie deux salariés permanents, dont un s’occupe plus spécialement de la production, il fallait qu’une personne seule puisse traiter tout le verger en une journée, au cas où je serais absent. J’ai donc réduit le verger de 18 ha à 12 ha, ce qui est par ailleurs approprié du fait que je m’oriente davantage vers les circuits courts. J’ai notamment arraché Golden, Granny Smith et Gala, variétés les moins rémunératrices. » Aujourd’hui, la Ferme des Quantières compte donc 12 ha de vergers de pommiers, dont la moitié en bio, répartis en une vingtaine de variétés. Si le verger compte encore un peu de Golden, Gala, Elstar et Fuji, il se compose surtout de variétés anciennes comme Bertanne, Sainte-Germaine, Cox’orange, Melrose, Reine des reinettes, Reinette Clochard, Bramley, Belchard, Reinette du Canada, Idared, ou de variétés plus récentes mais adaptées à la vente directe comme Choupette, Dalinette ou Délisdor. « La diversification variétale et le choix de variétés anciennes ont été importants pour développer la vente directe, précise le producteur. La variété la plus développée est Bertanne, qui occupe 2 ha. Sainte-Germaine, une variété ancienne bosselée, acidulée, vert doré, à la peau épaisse, se vend aussi très bien en bio. »

Vente à la ferme et sur les marchés

Une partie de la vente directe est réalisée sur l’exploitation les mercredis, jeudis et vendredis après-midis. L’exploitation, qui adhère à Bienvenue à la Ferme, propose également des goûters à la ferme et est Ferme Découverte pour des groupes. Elle adhère aussi à France Passion, réseau d’exploitations proposant l’accueil de camping-cars. « D’avril à mai, nous en recevons un à cinq par semaine. L’accueil est gratuit, mais les camping-caristes achètent en général des produits de la ferme. » Pour renforcer l’attractivité de la ferme, notamment pour les enfants, Eric Martineau a aussi remis des animaux sur la ferme, quelques chevaux et ânesses, des moutons d’Ouessant. Enfin, il fait deux marchés par semaine, à Tours, à 45 minutes de Chenu, et à Amboise, à 1 h de route. « J’ai toujours aimé faire les marchés, précise-t-il, et je vais sans doute les développer. » Pour diversifier son offre sur les marchés, il a aussi lancé en 2020 une activité de maraîchage, avec cette année des potimarrons, des choux et des poireaux. « Cela me permet aussi de garder mes deux salariés permanents toute l’année malgré la réduction du verger », note Eric Martineau.

Maire d’une commune arboricole

En plus d’être président de son groupement de producteurs depuis 2007 et après avoir été conseiller municipal depuis 2001, Eric Martineau est devenu en 2020 le maire de Chenu, commune la plus arboricole de la Sarthe avec 300 ha de vergers pour 450 habitants. « Je suis heureusement bien secondé, aussi bien sur l’exploitation qu’au sein du groupement et à la mairie, apprécie-t-il. Je peux déléguer en toute confiance. »

 

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Bio et Vergers écoresponsables

 
La vente à la ferme se développe. Pour informer les consommateurs, la Ferme des Quantières dispose notamment d’un blog régulièrement mis à jour. © V. Bargain
La moitié du verger est menée en bio, l’autre en Vergers écoresponsables. « Sur les marchés, je vends les deux types de pomme, indique Eric Martineau. Certains clients sont habitués au bio, d’autres aux Vergers écoresponsables. Sur les marchés ou lors des fermes ouvertes Vergers écoresponsables, j’explique ce que je fais en bio et en Vergers écoresponsables. Et souvent, des personnes qui viennent avec des idées préconçues sur les vergers conventionnels repartent au final avec des pommes Vergers écoresponsables. » Dans tous les vergers, l’entre-rang est enherbé, ce qui, entre autres, a permis de supprimer les traitements contre les araignées rouges. Le désherbage mécanique sur le rang, généralisé en bio, est aussi utilisé en Vergers écoresponsables, mais pas tous les ans. La lutte contre le carpocapse se fait partout grâce à la confusion sexuelle, aux nichoirs à mésange et aux haies, jachères fleuries et bandes enherbées qui favorisent la biodiversité. En revanche, les traitements diffèrent contre les champignons. « Le soufre est utilisé de la même façon dans les deux modes de production. Le cuivre, très utilisé en bio, est par contre limité en Vergers Ecoresponsables à la période après récolte et jusqu’à la floraison. » La lutte contre les pucerons diffère également, avec des aphicides de synthèse en Vergers écoresponsables et du Neemazal en bio. Enfin, la fertilisation, toujours raisonnée, est assurée par des coquilles d’œufs et des fientes de poule, issues de poules conventionnelles pour les Vergers écoresponsables et de poules bio pour les vergers bio.

 

Parcours

1987 : BEPA Arboriculture au Lycée agricole de Pouillé (49)

1988 : BTA option arboriculture au Lycée agricole de Capou (82)

1990 : installation par reprise de l’exploitation familiale

2017 : passage en bio

2020 : réduction des surfaces de vergers

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