Des variétés de pastèque pour le marché français
Face aux attentes des distributeurs pour des pastèques d’origine France, des producteurs commencent à en produire et sont dans l’attente de variétés adaptées au marché français. Des essais variétaux sont mis en place par les stations expérimentales.
Face aux attentes des distributeurs pour des pastèques d’origine France, des producteurs commencent à en produire et sont dans l’attente de variétés adaptées au marché français. Des essais variétaux sont mis en place par les stations expérimentales.
Selon l’étude menée en 2020 par le CTIFL à la demande de l’Association interprofessionnelle Melon (AIM), les achats de pastèque en France sont en forte progression. En 2017-2019, la taille de clientèle de la pastèque a presque doublé par rapport à 2007-2009 et sa place dans le panier moyen de fruits frais des ménages a nettement progressé, avec une clientèle plus jeune et familiale que le melon. La tendance étant au consommer local, les consommateurs et les distributeurs sont donc dans l’attente de pastèques d’origine France. Et pour répondre à la demande, en diversification souvent d’une production de melon dont la consommation est plutôt en baisse, des producteurs en circuits courts ou longs commencent à en produire et sont dans l’attente de données variétales et de variétés adaptées au marché français.
« La pastèque est une plante assez rustique et qui peut se cultiver sans problème en France, notamment dans le sud du pays, mais aussi dans le Centre-ouest et le Sud-ouest, précise Madeleine de Turckheim, de SudExpé. Les principales contraintes sont qu’elle nécessite beaucoup d’eau et qu’une bâche est indispensable pour la cultiver. L’offre variétale est assez large, car la production est déjà très développée dans de nombreux pays, notamment en Espagne et au Maroc. Mais les variétés proposées sont surtout des gros calibres, de plus de 5 kg. Or, en France, la demande porte surtout sur des pastèques de 2 à 4 kg. » Le marché étant en progression, les semenciers ont donc engagé un gros travail de sélection pour proposer des variétés adaptées au marché français.
Des fruits de 2 à 4 kg
L’offre variétale s’élargissant, des stations d’expérimentation mènent donc des essais variétaux en pastèque. SudExpé a ainsi engagé, en 2020 et pour quatre ans, des travaux d’observation et de caractérisation des variétés de pastèque, dans le cadre d’un programme financé par le Conseil régional d’Occitanie et l’Agence de l’eau Adour-Garonne. 14 variétés ont été testées en 2020, 21 en 2021. L’Aprel a également mené en 2021 des essais de nouvelles variétés de pastèque présentant des résistances aux maladies et ravageurs.
Quatre types variétaux principaux sont expérimentés : le type Sugar Baby, à épiderme vert foncé à noir et fruit rond, le type Crimson Sweet, à épiderme vert foncé strié de vert clair et fruit allongé ou rond, le type Jubilee, à épiderme vert clair strié de vert foncé et fruit rond ou allongé, et le type Charleston Grey, à épiderme vert foncé strié de vert foncé et fruit rond. « Le type le plus recherché aujourd’hui est le type à peau noire, arrivé sur le marché il y a quelques années avec des variétés très gustatives et que les consommateurs associent désormais au goût, analyse Madeleine de Turckheim. Mais on trouve également les autres types dans les magasins. »
En diversification, quelques variétés de pastèque à chair jaune, très sucrée mais moins aromatique, sont également proposées. Les principaux critères de choix variétaux pour le marché français sont des fruits de 2 à 4 kg, plutôt 2 à 3 kg en circuit court, avec une homogénéité des calibres, les fruits notamment trop gros pouvant être difficiles à commercialiser, et sans pépin ou à micro-pépins.
« La difficulté avec les variétés sans pépins est que le taux de germination peut être affecté et que le producteur doit implanter une variété pollinisatrice un plant sur quatre ou cinq, ce qui entraîne une perte de surface. La production de semences est aussi plus compliquée. Le taux de germination des variétés est donc un critère important. Et le marché devrait sans doute s’orienter vers des variétés à micro-pépins de 1 à 3 mm qui ne posent pas un gros problème pour le consommateur. »
Améliorations sur le goût
Le rendement commercial est également important. « Dans nos essais, certaines variétés ont eu un rendement brut supérieur à la moyenne, indique Auria Le Guen, de l’Aprel. Certaines sont aussi plus sensibles que d’autres à la fente aux champs ou aux pourritures. » Autre critère : la tenue en conservation. Si la pastèque, à la différence du melon, peut se consommer dès la récolte et se conserve plutôt bien, 15 jours en général dans un hangar frais et jusqu’à 20 jours en chambre froide, des différences existent toutefois entre variétés. Un autre critère essentiel est le goût, évalué par ses arômes, le taux de sucre, la texture en bouche, la fermeté.
« Certaines variétés présentent une chair farineuse qui n’est pas appréciée des jeunes, qui sont les premiers consommateurs de pastèque, précise Madeleine de Turckheim. Cette caractéristique dépend toutefois aussi de la conduite, notamment de l’irrigation. » Le marché français étant en recherche de fruits gustatifs, des améliorations sont apportées sur ce critère dans les nouvelles variétés. La production de pastèque étant encore limitée en France, la pression des maladies et ravageurs est par contre assez limitée, avec uniquement parfois des problèmes d’oïdium et de pucerons, et aucune résistance ou tolérance aux bioagresseurs n’est pour l’instant proposée.
Des essais en melon Canari et Piel de Sapo
Les attentes de diversification de l’offre melon avec des produits d’origine France amènent aussi des producteurs à produire du melon Canari, du Piel de Sapo ou encore du melon Galia. A la demande de producteurs du Ceta du pays d’Aubagne, l’Aprel a mené en 2020 des essais variétaux de melon Canari. « Pour ces producteurs axés sur la vente directe en ceinture verte d’Aubagne, il est important d’offrir toujours des produits nouveaux et qui doivent être des produits plaisir », souligne François Veyrier, du Ceta du pays d’Aubagne.
Huit variétés de melon Canari ont été testées en 2020. Les critères recherchés sont un fruit de 1,5 à 2 kg, à la robe bien jaune et surtout très gustatif, sucré et juteux. La tolérance à l’oïdium est également importante, de même que la conservation, ces melons pouvant être stockés un mois dans un hangar pour étaler la commercialisation. Les variétés Timon, Ducral, Nautilo, Chester et Sirocco ont notamment été retenues et sont désormais préconisées. En 2022, toujours à la demande des producteurs du Ceta du pays d’Aubagne, d’autres essais variétaux seront menés par l’Aprel sur le Piel de Sapo.