Pomme : des bâches antipluie expérimentées dans un verger bio
Solution controversée, les bâches antipluie trouvent pour autant une petite place dans certains vergers de pommier. Laurent Rougerie les expérimente depuis sept ans sur des vergers conduits en agriculture biologique.
Solution controversée, les bâches antipluie trouvent pour autant une petite place dans certains vergers de pommier. Laurent Rougerie les expérimente depuis sept ans sur des vergers conduits en agriculture biologique.
« Après sept ans d’expérimentation, je pense qu’il n’est pas tenable techniquement et humainement de conduire un verger de Golden en bio sans bâche antipluie du fait du nombre de traitement phytosanitaire important à appliquer » Les bâches antipluie, Laurent Rougerie, producteur de Golden dans le Limousin y croit depuis 2014 : « c’était pour moi la solution la plus prometteuse pour diminuer le nombre de traitements anti-tavelure. » L’ex-conseiller de Limdor a installé à ce jour des bâches sur un peu plus de trois ha et compte couvrir trois ha de plus en 2021. « Leur installation me permet de produire une Golden bio avec un niveau qualitatif équivalent à celui du conventionnel. J’ai pu diminuer le nombre de passage d’anti-tavelure même si je continue à appliquer du soufre sur les épisodes de vent qui peuvent provoquer une humectation sous les bâches. En 2017, elles ont eu également un effet positif contre des nuits de gels survenues fin avril. Les pommes en dehors des bâches étaient très touchées par la rugosité, la récolte était perdue. Sous les bâches, les fruits étaient impeccables. Le gain commercial amorti largement le surcoût de l’investissement. »
Des bâches fermées seulement jusqu’en juin
Le principal frein à leur installation est en effet leur coût. Il faut compter entre 14 000 et 15 000 €/ha pour une durée de vie maximum de huit à dix ans sans catastrophe climatique. « J’estime qu’elles coûtent environ 8 centimes d'euros par kilo de pomme, main-d’œuvre comprise, un coût impossible à envisager en conventionnel mais possible avec les prix pratiqués en agriculture biologique actuellement. » L’ex-conseiller évalue le temps de main-d’œuvre pour ouvrir et fermer les bâches chaque année entre 100 et 120 h/ha et l’installation de 250 à 300 h/ha. « Cette technique restera marginale car elle est compliquée à développer à grande échelle du fait de l’investissement et des temps de travaux », analyse le producteur. Puis il y a le risque vent. « Je n’ai pour le moment pas eu de problème avec le vent, mais c’est un risque qu’il faut prendre en compte. » Laurent Rougerie travaille avec des bâches indépendantes des filets qu’il referme fin juin. Un choix fait après deux années d’expérimentation du système bâche et filet intégré, déployé toute la saison sur 2 000 m² de verger de pommier. « Avec ce système, les résultats étaient catastrophiques. J’ai failli arrêter », raconte-t-il. Sortie impressionnante de bitter pit quelques semaines avant la récolte et remontées de ravageurs ont déclassé les premières récoltes en industrie. « Nous avions aussi une avance de maturité de 10 jours avec une qualité organoleptique très mauvaise : de faibles taux de sucre et d’acidité, en dehors du cahier des charges de l’AOP. Dès qu’on a fermé les bâches à la fin des contaminations primaires fin juin, le comportement du végétal est revenu à la normale. »
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