Crise de l'énergie : « Il faut investir dans les énergies renouvelables pour s’affranchir des marchés du gaz »
Selon Anna Creti, chercheuse à l’Université Paris-Dauphine, le déploiement massif des énergies renouvelables est le meilleur moyen de lutter contre des prix élevés du gaz et de l’électricité.
Selon Anna Creti, chercheuse à l’Université Paris-Dauphine, le déploiement massif des énergies renouvelables est le meilleur moyen de lutter contre des prix élevés du gaz et de l’électricité.
« La crise du gaz s’est accentuée depuis février 2022, mais elle avait commencé depuis un an déjà avec la reprise d’activité post-Covid. Nous ne sommes déjà plus dans une crise conjoncturelle. Et nous n’allons pas revenir à des prix de 20-30 €/MWh, même si nous sortons de la crise politique. Les contraintes se renforcent au niveau de l’Union Européenne et ces contraintes sont celles de la neutralité climatique, avec un objectif de transition énergétique. Il devient important de gérer les ressources comme le gaz naturel. Nous sommes aujourd’hui à une frontière entre l’énergie en libre accès et ce que seront l’offre et la demande d’énergie dans le futur. Le marché du gaz jusqu’ici était dominé par le gaz russe peu coûteux, mais nous ne retrouverons pas cette compétitivité ni ces volumes.
Le prix de l’électricité est également un problème. Jusqu’ici, ce prix était corrélé à celui du gaz. Différentes solutions sont envisagées pour réformer le marché de l’électricité, mais ce marché est plus compliqué que celui du gaz et toutes ces solutions sont difficiles à mettre en œuvre. Le déploiement massif des énergies renouvelables est le meilleur moyen de lutter contre des prix élevés du gaz et de l’électricité. Comme il y aura une concurrence accrue sur l’utilisation du gaz, il est essentiel d’enclencher une transition vers des énergies de substitution. Les investissements seront de plus en plus rentables et cela permettra de se rendre indépendant des marchés internationaux de l’énergie.
Toute la palette de solutions
Il faut regarder toute la palette de solutions qui sont disponibles sur le territoire, car il n’y a pas une seule solution aussi flexible que le gaz. Il peut y avoir le solaire photovoltaïque si on dispose de place, le biogaz, qui permet les mêmes usages que le gaz naturel et peut se placer dans une logique d’économie circulaire ou faire l’objet d’investissements coopératifs. Il peut y avoir la géothermie ou encore la biomasse, même si cette dernière pourrait être plus réglementée à l’avenir car elle est polluante. La pire solution aujourd’hui serait d’attendre. Il faut investir pour s’affranchir des marchés internationaux de l’énergie. Et le secteur financier pourrait être intéressé par ces investissements pour verdir son offre de prêts. »