[Coronavirus Covid-19 ] Pierre Monteux (UGPBAN-Fruidor) : « La filière banane de Guadeloupe et Martinique a tenu le cap »
Pierre Monteux, directeur de l’UGPBAN-Fruidor revient sur les dernières semaines marquées par le confinement lié à la crise du coronavirus et comment la banane de Guadeloupe et de Martinique s’est comportée durant cette période inédite.
Pierre Monteux, directeur de l’UGPBAN-Fruidor revient sur les dernières semaines marquées par le confinement lié à la crise du coronavirus et comment la banane de Guadeloupe et de Martinique s’est comportée durant cette période inédite.
Lire aussi : La société agricole de Mbanga au Cameroun veut contribuer à la relance de la filière banane
Production ultramarine, la banane de Guadeloupe et de Martinique a aussi été perturbée par les retombées de la crise de la Covid-19. Mais, la filière a su s’organiser en conséquence et faire face, souligne Pierre Monteux, directeur de l’UGPBAN-Fruidor.
Quel impact a eu cette crise du covid-19 sur la filière banane de Guadeloupe et Martinique ?
Dans cette période pour le moins inédite, la filière a tenu le cap. Une nouvelle organisation a dû être trouvée aux niveaux des plantations et des ateliers : installation de séparation en plexiglas, mise à disposition de gel, densité de personnel abaissée pour assurer la distanciation, balisage des parcours…
Ceci étant les chiffres ne sont pas pour autant mirobolants. Les volumes de production, entre mars et mai, sont en recul entre 7 et 9 %. Mais, la crise de la pandémie n’est pas seulement en cause : en fin d’année 2019 et au début de cette année, les Antilles ont connu d’importantes pluies qui ont entraîné une plus forte pression phytosanitaire. Et depuis quelques semaines, elles connaissent un épisode de sécheresse qui impacte les volumes.
L’approvisionnement a-t-il été perturbé ?
Toute la chaîne d’approvisionnement a pu fonctionner et l’activité hebdomadaire s’est poursuivie. Notre chance a été de ne pas être tributaire du transport aérien, comme malheureusement nos confrères producteurs de melons. Aucun maillon n’a sauté. Nous avons pu nous reposer sur la compagnie maritime CMA CGM, les grand ports maritimes de Fort-de-France, Point-à-Pitre et Dunkerque, et notre partenaire Dunfresh sur Dunkerque.
De même toutes les murisseries du groupe Fruidor sont opérationnelles. Nous avons connu une légère tendance baissière en volumes au début du confinement mais elles ont adopté maintenant leur régime de croisière.
Comment s’est comporté le marché, au niveau de la distribution, pendant cette période de confinement ?
La banane, tout comme la pomme de terre ou les agrumes, a fait figure de valeur refuge pour les consommateurs. Les ventes ont été extrêmement fortes, surtout les premiers jours du confinement. Les prix sont restés accessibles et d’une manière générale, le marché a été fluide. Nous avons constaté que la banane française a été fortement demandée. C’est notable dans la mesure où elle n’a fait l’objet d’aucune promotion prix de la part des distributeurs.
Pour notre activité en légumes avec Terroirs, le début de campagne des produits français a été un peu plus compliqué, surtout pour l’asperge. C’est principalement un achat plaisir, et l’époque ne s’y prête pas vraiment.
En termes de visibilité pour les prochaines semaines, il y encore beaucoup d’inconnus. Certes, le regain d’activité que l’on constate sur le marché de Rungis laisse penser à un retour à la normalité. Mais, une question se pose : quel sera le positionnement de la GMS face à un consommateur qui sera financièrement contraint ? Un retour à la guerre des prix, qui fait du mal aux producteurs, n’est pas souhaitable.
Au dernier Salon de l’agriculture, vous aviez signé un partenariat avec Carrefour pour la nouvelle banane bio et en conversion antillaise, la « Pointe d’Or ». La crise du Covid-19 a-t-elle eu un effet sur ce partenariat ?
La crise a évidemment impacté ce partenariat. D’un commun accord avec Carrefour, nous avons décidé d’interrompre le test, alors que nous devions nous recentrer sur l’essentiel de notre activité. Le dossier est revenu sur la table depuis une semaine. Et nous recommençons doucement en ne commercialisant que les bananes bio. Elles vont bientôt apparaitre sur les étals. En espérant que cet essai soit transformé.
Pendant cette période, l’activité de l’UGPBAN-Fruidor a aussi apporté son aide au personnel soignant
Pour les 600 producteurs de Guadeloupe et Martinique et pour la filière tout entière, il est capital durant cette période d’être unis et solidaires. Depuis le début de la crise, environ 400 cartons de bananes françaises (soit 7,5 tonnes) ont été livrés au personnel soignant d’une vingtaine d’hôpitaux de Paris et de la région parisienne ainsi qu’à des EHPAD et à des associations humanitaires. Dans ce contexte difficile, les producteurs ont souhaité offrir un peu de chaleur, de réconfort et d’espoir aux soignants et aux plus nécessiteux.
De plus, malgré les difficultés induites par le changement d’organisation dû à cette crise, les sites du groupe poursuivent également leurs dons à la Fédération Française des Banques Alimentaires respectant ainsi la convention de partenariat signée entre Fruidor et la fédération en 2018. Plusieurs tonnes de bananes et de légumes ont ainsi été mises à disposition des Banques alimentaires.
Arthur, Bertha, Cristobal… les événements cycloniques pour la saison 2020 ont déjà été baptisés. La filière antillaise de la banane est-elle inquiète ?
La première tempête de la saison, Arthur, est en effet en cours mais elle passe essentiellement sur la côte américaine. C’est la première de la saison et elle est en avance. La saison commence habituellement à partir du mois de juin et court jusqu’à la fin octobre. Le dernier évènement qui ait frappé durement la filière bananes des Antilles est l’ouragan Maria en 2017.
L’année 2020 a vu une succession d’évènements - la crise du Covid-19, les grèves de la période de Noël, les gilets jaunes- et nous espérons que ce sujet ne sera pas trop prégnant. Mais, nous restons très vigilants. La saison des ouragans, selon les experts, s'annonce particulièrement active.