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Consommation : peut-on remettre l’artichaut dans nos assiettes ?

Les maraîchers de Prince de Bretagne, principale région productrice d’artichaut en France, observent année après année une perte de consommation. Pourquoi ? Qui consomme l’artichaut et comment ? Comment endiguer la baisse de consommation ? Quelles sont les actions de Prince de Bretagne ?

750 grammes. C’est la consommation moyenne annuel d’un ménage français en artichaut. C’est peu. Sachant qu’un artichaut charnu type Camus ou Castel pèse en moyenne 550 grammes (150 grammes pour un Petit Violet), un ménage français ne consommerait donc qu’un artichaut et demi chaque année.

« En France, on a perdu l’habitude de consommer l’artichaut », observent avec regret les producteurs et opérationnels de l’équipe Prince de Bretagne à l’occasion d’une journée presse dédiée à ce légume breton et organisée par la marque collectivele 23 mai dernier. 

Lire aussi : « On perd 10 000 tonnes de production d’artichaut tous les 10 ans » : comment les producteurs bretons entendent sauver cette culture emblématique

Ainsi, 2 Français sur 3 ne consomment pas d’artichaut frais. Et toujours selon Kantar (étude 2023),  parmi le tiers de Français consommateurs, la grosse majorité (70  %) ont plus de 60 ans.

L’étude Conso du CTIFL pour l’artichaut est en cours de réactualisation.  Objectif : comprendre les raisons de cette non-consommation. Prince de Bretagne attend des premiers résultats d’ici la fin de l’année.

2 Français sur 3 ne consomment pas d’artichaut frais. Et parmi le tiers de Français consommateurs, 70  % ont plus de 60 ans.

 

Les animations en magasin boostent les ventes d’artichaut

« La consommation a commencé à décliner il y a des années, rendant compliqué pour les producteurs d’avoir une culture rentable », rappelle Pierre Gélébart, chef Produits (dont artichaut) Prince de Bretagne.

Afin de faire face à cette baisse de consommation, le marketing Prince de Bretagne s’est saisi du sujet depuis 3 ans : animations en magasin (en mai, juin et septembre principalement, sur l’Ouest) qui commencent à bien reprendre après le Covid), campagnes d’affichage dans l’Ouest de la France et Paris (métro)…

La Bretagne et le sud-est de la France, régions productrices, sont sans surprise les principales régions consommatrices d’artichaut, avec la région parisienne. 

Comparé à d’autres produits comme la tomate, l’artichaut voit une importance des circuits traditionnels : primeurs, marchés, vente directe. Mais la vente en hyper et super reste le principal circuit de distribution.

« Les campagnes d’affichage ont plutôt un impact sur la notoriété de la marque plutôt que sur le produit. Mais en magasin, l’artichaut est très réactif aux promotions et à la vente en lot. L’artichaut est un achat d’impulsion, pas programmé. On le voit bien : les animations Prince de Bretagne en magasin génèrent des ventes », confirme Pierre Gélébart.

Flora Balcon, directrice marketing chez Prince de Bretagne depuis janvier 2024, confirme : « On aura beau faire des campagnes d’affichage, tant qu’on n’est pas au plus près du rayon, on ne pourra pas transformer l’essai. »

« L’artichaut est un achat d’impulsion. En magasin ses ventes sont très réactives aux promotions et à la vente en lot. »

 

L’artichaut est peu présent dans les recettes à la maison et au restaurant

L’artichaut présente d’indéniables atouts nutritionnels [lire l’encadré en fin d’article]. Mais à ses dépends, « l’artichaut demande plus de préparation et de temps que d’autres légumes » comme le souligne Flora Balcon. Pour palier cela, Prince de Bretagne a concocté il y a quelques années le cuit-vapeur microondes Articook à ses couleurs. Faire cuire un artichaut devient donc un jeu d’enfant : 10 min au microondes. Disponibles chez les primeurs partenaires et bientôt en GMS.

« On ne communique peut-être pas assez sur les différentes recettes, estime le producteur Marc Rousseau. On peut le faire au barbecue, on peut le farcir avec des moules et des coques… »

Chef étoilé à Carantec dans le Finistère, Nicolas Carro ne jure que par l’artichaut. Cru, cuit à la vapeur, farci, en purée et même en liqueur ou en mousse dessert, il l’intègre le plus possible à sa carte. « En pleine saison, j’achète près de 800 têtes par mois de Petit Violet à Régis [Régis Guéguen, producteur Prince de Bretagne à Carantec]. J’utilise aussi les variétés charnues évidemment, le Castel je le cuisine beaucoup en sucré. »

Nicolas Carro, chef étoilé à Carantec (Finistère) : « En pleine saison, j’achète près de 800 têtes par mois de Petit Violet »

Mais Nicolas Carro est un ovni de la restauration. Partout ailleurs, surtout lorsque l’on quitte la région Bretagne, difficile de trouver de l’artichaut au menu.  Ne parlons même pas de la restauration collective.

Pavlova d’artichaut, un dessert du chef étoilé Nicolas Carro. © Julia Commandeur

 

 

Et pourquoi en Espagne ou en Italie, l’artichaut a du succès ?

Loin devant nos 750 g/ménage/an, l’Espagne (5 kg/ménage/an) et l’Italie (8 kg/ménage/an) dévorent l’artichaut. Ce phénomène, sûrement culturel, est probablement aussi lié aux nombres de références que l’on y trouve : frais, mais aussi en Ière gamme ½ (barquettes 4 ou 5 têtes déjà parées). Les références transformées aussi sont pléthores (surgelées, en bocal, etc.).

En Italie, on trouve sur les étals des barquettes de petits artichauts en 4 ou 5 têtes déjà parés

En France, il n’existe plus d’usine de transformation de l’artichaut depuis la fermeture en 2022 de l’usine d’Eureden à Saint-Martin-des-Champs, dans le Finistère. Mais Prince de Bretagne s’apprête à ouvrir cet été sa propre usine de surgélation à Calmez dans les Côtes d’Armor, sur le même site qui transforme le coco de Paimpol.

Lire aussi : Artichaut : pourquoi l’ouverture prochaine d’une usine de transformation par Prince de Bretagne est une bonne nouvelle pour les producteurs bretons ?

« Le frais reste notre cœur de métier, avertit le producteur Christian Bernard. Mais nous sommes persuadés que les artichauts transformés offrent aux consommateurs par leur praticité et gain de temps peuvent aider à développer la consommation ».

Autre piste à laquelle rêve celui qui est aussi le président de la section Artichaut chez Prince de Bretagne : fournir la restauration collective avec des fonds d’artichaut prêts à l’emploi.

 

Les atouts nutritionnels de l’artichaut 

«L’artichaut a 4 grands atouts nutrition : il est peu calorique, sans graisse et avec peu de sucre », explique Malorie Burgevin, diététicienne responsable du réseau Pays de la Loire-Bretagne chez Interfel

Deuxièmement, l’artichaut est riche en potassium et en vitamines K et B9, cette dernière étant impliquée dans le renouvellement des tissus et dans le renforcement du système immunitaire. Ce légume est aussi riche en polyphénols, qui sont des antioxydants. 

Enfin, l’artichaut est une importante source de fibres, connues pour leur effet dans l’amélioration du transit intestinal et leur effet satiétogène, ainsi que la réduction du risque de maladies cardiovasculaires et de cancers. L’inuline, qui constitue les deux tiers des fibres de l’artichaut, favorise le microbiote et l’absorption de nutriments comme le calcium. « En France, la recommandation officielle est d'atteindre 25 grammes de fibres par jour, et si possible 30 grammes. L’artichaut présente un taux de fibres de 5,4 grammes pour 100 grammes. Un fond d’artichaut permet donc d’apporter 20 % de l’apport recommandé journalier en fibres », souligne la diététicienne.

 

Les principales variétés d’artichaut des maraîchers Prince de Bretagne 

Le Camus de Bretagne est la variété historique et emblématique de la région et donc de Prince de Bretagne. Charnu, sa tête est ronde et ferme. 

Le Castel, charnu, reconnaissable à sa tête plus en pointe que celle du Camus,  présente une couleur vert vif et un fond généreux. 

Également charnu, le Cardinal, avec sa robe violette, une tête “fermée” et des feuilles moins épineuses et un goût plus doux et sucré, est une innovation exclusive de Prince de Bretagne, lancée il y a 10 ans (il a d’ailleurs obtenu le Sival d’argent en 2015). 

Le Petit Violet est un petit artichaut (150 g en moyenne) à tête conique et d’une couleur verte à violette et une absence (ou quasi-absence) de foin. Il se mange cru ou cuit et est traditionnellement consommé en Italie et dans le Sud de la France. C’est d’ailleurs du Roussillon que les maraîchers bretons l’ont initialement rapporté. 

Le Petit Violet disponible dès le printemps suivi par les variétés charnues Camus, Castel et Cardinal, dès le mois de mai. L’artichaut peut être disponible jusqu’en novembre selon les conditions météo en production, et ses pleines saisons sont mai-juin et septembre-octobre.

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