Congrès de Légumes de France : le ministre de l'Agriculture s'est dit attentif aux problématiques des producteurs
Le 65e congrès des producteurs de Légumes de France a accueilli le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, sur fond d’inquiétudes multiples et de recherches de solutions pour plus de souveraineté alimentaire. Mais les moyens manquent pour atteindre cet objectif.
Le 65e congrès des producteurs de Légumes de France a accueilli le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, sur fond d’inquiétudes multiples et de recherches de solutions pour plus de souveraineté alimentaire. Mais les moyens manquent pour atteindre cet objectif.
Après onze années d’absence, un ministre de l’Agriculture a participé au 65e congrès des producteurs de Légumes de France, qui s’est déroulé à Avignon les 20 et 21 octobre, pendant le salon Med'Agri. Venu sans annonces, mais avec une réelle attention aux problématiques des producteurs (énergie, relations commerciales, pouvoir d’achat, souveraineté alimentaire, loi Agec...), Marc Fesneau a donné des axes de travail et s’est dit « déterminé » sur ces très nombreux dossiers.
Concernant la question énergétique, sa mobilisation se fait au travers d’un plan de résilience européen, avec un plafonnement des prix du gaz et une déconnexion du prix de l’électricité par rapport à celui du gaz. « Nous avons besoin de résoudre cette crise au niveau européen pour éviter les distorsions de concurrence », a-t-il commenté. Le ministre s’est aussi montré favorable au développement de l’agrivoltaïsme, « à condition d’éviter les projets alibis ». Déterminé à avancer sur le sujet de l’eau pour l’agriculture, Marc Fesneau a considéré que « le Varenne de l’eau avait posé les bonnes questions » et que « des projets sont en développement sur les territoires ».
En lâchant : « Pas d’agriculture sans eau », et en annonçant « vouloir lutter contre l’esprit de retour à l’état naturel », il a aussi montré sur quelle berge il campait. Interpellé sur la loi Agec, le ministre demande à « documenter les changements et baisses de consommation » liés aux contraintes d’emballages (visibilité du produit notamment). Il a aussi affiché sa détermination sur le plan de souveraineté alimentaire en prônant « une reconquête avec des étapes qui doivent s’inscrire dans une feuille de route, des objectifs et des moyens ». Sa position sur la réglementation phytosanitaire, est celle de ses prédécesseurs, « rien qui ne soit pas européen et pas de surenchère », avec les réalités que connaissent les professionnels des fruits et légumes.
« La transmission devient un sujet de transition agricole »
Il faut espérer que les positions seront mieux tenues face à la réglementation concernant le « Zéro artificialisation nette » (ZAN), qui pourrait concerner la construction de serres et abris. « L’agriculture doit rester hors du champ du ZAN, mais ce n’est pas encore fait », a concédé le ministre. Celui-ci a souligné la schizophrénie de cette loi qui limiterait la production locale, tant plébiscitée par les consommateurs. Quant au chèque alimentaire, depuis longtemps demandé par la profession, les réponses de Marc Fesneau sont à l’état de questions en direction de Bercy : « Comment on le met en place ? Avec combien de milliards ? ». Lié à la thématique de la souveraineté alimentaire, « le sujet du renouvellement des générations englobe les problèmes d’accès au foncier, à l’eau, aux revenus… la transmission devient un sujet de transition agricole », a-t-il conclu.
Pour clôturer le congrès, le ministre a repris tous les points d’inquiétudes des 200 participants. Malgré la réussite de l'organisation du congrès et les nombreux échanges des deux tables rondes sur l'énergie et le pouvoir d'achat, Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France, a témoigné de son inquiétude face à une situation dégradée en quelques mois. « Ce sont les agriculteurs qui nourrissent la population française. Pour maintenir la souveraineté alimentaire tant affichée, ce sont sur les producteurs de légumes de France qu’il faut s’appuyer », affirmait-il. Le prochain congrès du syndicat se déroulera les 16 et 17 novembre à Saint-Pol-de-Léon (Finistère).
Des radis hollandais en sachets plastique
Producteur de radis, Régis Chevalier a vu ses ventes auprès d’un client de la grande distribution chuter de 40 % en trois semaines, après avoir adopté, comme il se doit, un emballage recyclable en papier kraft à fenêtres de cellulose conforme à la loi Agec. « Je détruis plus que je ne vends, j’ai dû revoir mes plannings de semis à la baisse et j'ai été obligé de baisser mes prix », a-t-il précisé au ministre de l’Agriculture. Un témoignage amer, d’autant que des radis hollandais en sachets plastique sont aussi disponibles dans certains rayons français. Preuve à l’appui, l'agriculteur a donc remis à Marc Fesneau les deux sachets.
ZAN : produire local mais sans abri
ZAN ou Zéro artificialisation nette fait partie des nouvelles abréviations dont il faut se méfier et dont on va entendre parler. En effet, la loi Climat et résilience du 22 août 2021 prévoit un objectif national d’absence de toute artificialisation des sols en 2050, avec une définition de l’artificialisation des terres dans le Code de l’urbanisme qui positionne les abris dans un flou juridique. « En fonction des régions plus ou moins urbanisées, les permis de construire pour les serres pourraient ne plus être délivrés sans « contrepartie » de surfaces rendues à la nature », mentionne le rapport annuel de Légumes de France. Pour le syndicat des maraîchers, les serres doivent être écartées de cet objectif de non-artificialisation des sols au titre de leur apport agricole stratégique. Légumes de France échange avec le Comité départemental de développement maraîcher (CDDM) et Axema sur cette problématique. En ce sens, deux amendements ont été déposés mi-octobre dans le projet de loi de finances 2023 par Légumes de France et Axema. Ces amendements visent à préciser dans le Code de l’urbanisme que les sols cultivés sous des serres agricoles sont considérés comme des sols non artificialisés.