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Cerise : le piégeage massif complète la protection contre Drosophila suzukii

L’utilisation du piégeage massif contre Drosophila suzukii apporte un complément de protection pour les vergers de cerisiers. Mais les pièges doivent être placés suffisamment tôt avant la récolte.

Le piégeage massif contre Drosophila suzukii (Decis Trap DS, Bayer) a été évalué pendant trois ans, de 2019 à 2021, au sein d’un réseau de piégeage national. « C’est un piège de type gobe-mouche qui présente des attractifs spécifiques à Drosophila suzukii à l’intérieur, présente Valérie Gallia, de SudExpé/CA30, lors de la journée CTIFL consacrée à Drosophila suzukii, fin mars. Il se positionne dans la frondaison, à hauteur d’homme, à la dose de 100 pièges à l’hectare, pour une durée d’attractivité de 100 jours. Les attractifs sont sous forme solide, il n’est donc pas nécessaire de passer dans le verger pour rajouter de l’attractif comme c’est le cas avec des pièges artisanaux ». L’évaluation s’est faite principalement sur cerisier dans le Sud-est, mais aussi dans deux sites du Sud-ouest et un du Val de Loire. Les personnes en charge de la pose des pièges l’ont qualifiée de facile et rapide. Le temps de pose moyen est inférieur à 3h/ha.

Une pose tardive des pièges mène parfois à des échecs

En termes d’efficacité, il y a eu 13 situations sur 29 au total où la pression Drosophila suzukii a été suffisante pour pouvoir comparer les modalités. Sur ces 13 cas exploitables, l’efficacité du piégeage a été variable. « Cette variabilité est particulièrement liée à la durée entre le moment où on a posé les pièges et le moment où la récolte est intervenue, indique Valérie Gallia. Ainsi, quand la pose des pièges a lieu entre 28 et 55 jours avant récolte, on a en moyenne une réduction importante de dégâts de Drosophila suzukii, d’environ un tiers ». Cette réduction des dégâts est cependant hétérogène selon les situations.

« Le bénéfice apporté par la mise en place des pièges est nettement plus marqué dans les situations où la pression Drosophila suzukii est faible à moyenne que dans celles où la pression est forte », précise la spécialiste. Une pose plus tardive des pièges, plus près de la récolte, peut mener à des situations d’échec. « Dans les deux situations où les pièges ont été mis en place à moins de 14 jours de la récolte, on a constaté davantage de dégâts sur les cerises qu’en l’absence de piégeage, observe Valérie Gallia. On suppose que les pièges ont bien attiré les drosophiles de l’environnement, mais les cerises avancées en maturité étaient plus attractives. Les dégâts ont donc été encore plus concentrés sur la parcelle. »

Un complément à la stratégie de protection

Dans deux autres situations, avec une pose intermédiaire des pièges 15 à 28 jours avant la récolte, le pourcentage de dégâts a été plus faible, mais supérieur qu’en l’absence de piégeage. « Il est donc très important de ne pas poser les pièges trop tard, insiste Valérie Gallia. Si on est pris par le temps, mieux vaut ne pas en mettre. C’est un système qui permet d’améliorer la protection en complément de la stratégie, particulièrement pour les variétés tardives. » En protection allégée, pour les quelques essais qui ont été mis en place, le piégeage permet de compenser le fait d’avoir enlevé un traitement dans la plupart des situations.

« En raison du coût du piégeage, il est difficile d’envisager de mettre des pièges partout, poursuit l’expérimentatrice. On peut imaginer un positionnement dans un objectif de réduction de l’inoculum, afin de casser un peu les populations de Drosophila suzukii avant qu’elles ne se développent. C’est une piste qu’il faut creuser. Nous avons aussi prévu d’évaluer l’efficacité du piégeage en combinaison avec d’autres méthodes de protection comme les filets périphériques ».

Deux types d’approche

Le piégeage a été évalué selon deux types d’approches. Dans le premier cas, les parcelles producteurs ont été coupées en deux : sur la première moitié, des pièges Decis Trap DS étaient mis en place. Sur l’autre, il n’y avait pas de piégeage. Les producteurs réalisaient leur protection habituelle contre Drosophila suzukii sur les deux parties des parcelles, le piégeage constituant un complément à la stratégie de protection. L’autre approche consistait à diviser les parcelles en trois : une première partie avec pièges + protection classique, une deuxième partie sans piège + protection classique et une troisième partie avec pièges + protection allégée, avec un ou deux traitements en moins. Sur cette dernière partie, les producteurs prenaient un risque pour évaluer si le piégeage pouvait permettre de compléter la protection.

Le niveau de piégeage difficile à interpréter

 
© SudExpé
En termes d’intensité, le niveau de piégeage n’est pas corrélé à la pression Drosophila suzukii et au niveau de dégâts sur fruits. Les niveaux de piégeage peuvent être très hétérogènes d’une parcelle à l’autre, d’une année à l’autre et au sein d’une même parcelle. « On ne peut pas se fier à ce qu’on voit dans le piège pour déterminer si le piégeage fonctionne ou pas », résume Valérie Gallia.

 

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