Cerise : les pratiques culturales à la loupe
Les pratiques culturales et phytosanitaires en verger de cerisier ont été décrites par le CTIFL, à partir des données des enquêtes culturales arboriculture réalisées en 2012 et 2015.
Les pratiques culturales et phytosanitaires en verger de cerisier ont été décrites par le CTIFL, à partir des données des enquêtes culturales arboriculture réalisées en 2012 et 2015.
En 2012, l’enquête sur les pratiques culturales était intervenue dans un contexte de production particulièrement défavorable : un peu plus de 26 000 tonnes de cerises avaient été récoltées, soit un potentiel de production diminué d’environ 30 %, notamment en raison de pluies abondantes en mai-juin. En 2015, l’enquête avait porté sur une campagne « normale » en termes de potentiel de production. Un tiers des superficies avait tout de même été concerné par des aléas climatiques exceptionnels et obtenu des rendements déclarés comme faibles par les producteurs. Le nombre moyen de traitements phytosanitaires reçus par les vergers de cerisiers était de 8,5 en 2012 et de 9,4 en 2015, au niveau national. Sur ce total, les traitements fongicides et bactéricides arrivaient en tête, en 2012 comme en 2015 (près de 5), devant les traitements insecticides et acaricides (2,6 en 2012 et 3,4 en 2015) et les herbicides (près de 1). Le nombre moyen de traitements phytosanitaires apparaît comme plus élevé en Pays-de-Loire/Centre (11,5 en 2012 et 14,6 en 2015) et Midi-Pyrénées (10,2 en 2012, 11,6 en 2015), régions soumises à une humidité relativement plus importante, pouvant favoriser le développement de maladies fongiques. Le nombre moyen de traitements est également sensiblement supérieur à la moyenne nationale en Rhône-Alpes (9,9 en 2012, 10,5 en 2015). Dans ces trois régions, 6 à 7 traitements fongicides-bactéricides étaient ainsi effectués en moyenne, contre 5 au niveau national.
Le monilia, première cible des fongicides
Dans le Sud-est (Provence-Alpes-Côte d’Azur, Languedoc-Roussillon), ce nombre était le plus bas, avec près de 4 en moyenne. Cette région est en effet plus sèche, d’où un moindre risque de maladies et notamment de monilioses sur fleurs et fruits, et moins de risques liés à l’éclatement. La première cible des traitements fongicides-bactéricides est le monilia sur fleurs et rameaux et le Monilia-Botrytis sur fruits (2,7 traitements en 2012 et 2,3 en 2015). La bactériose se situe en deuxième position, avec 1 traitement en moyenne au niveau national, en 2012 comme en 2015. Derrière, la cylindrosporiose apparaît comme une cible marginale au niveau national, mais plus importante en Midi-Pyrénées, Pays-de-Loire/Centre et Bourgogne/Ile-de-France. En 2015, 7 producteurs sur 10 déclaraient avoir adopté des pratiques visant à réduire l’utilisation de produits phytosanitaires. Ainsi, 3 producteurs sur 10 déclaraient choisir leurs variétés et porte-greffes en fonction de leur résistance à certaines maladies. Si en 2012, près de 6 producteurs de cerise sur 10 avaient exercé au moins un traitement au cuivre à la chute des feuilles afin de prévenir l’apparition de maladies, cette proportion était divisée par deux en 2015, probablement en raison d’un contexte beaucoup moins défavorable vis-à-vis de la pluie. Par ailleurs, près de 4 producteurs sur 10 déclaraient procéder à l’enlèvement des momies sur les arbres en 2012, contre un peu plus de 2 sur 10 en 2015. En 2012 comme en 2015, seuls 2 arboriculteurs sur 10 procédaient à l’élimination manuelle de pousses infectées. Enfin, les traitements à l’argile et l’enlèvement des fruits tombés au sol n’étaient quasiment pas pratiqués, que soit en 2012 ou en 2015.
La protection par filet représente une infrastructure coûteuse
Les principales cibles des traitements insecticides-acaricides sont, quelle que soit la région, la mouche de la cerise et Drosophila suzukii. Avec 1 traitement en moyenne en 2012 et près de 2 en 2015, la pression parasitaire de la mouche de la cerise et de Drosophila suzukii était considérée comme « nulle » ou « faible » par 85 % des producteurs en 2012, contre « normale » ou « forte » pour 65 % d’entre eux en 2015. Derrière, les pucerons sont la cible d’environ 1 traitement en moyenne. En 2012, les méthodes de lutte alternative du type filets ou piégeage massif n’étaient quasiment pas pratiquées. En 2015, seuls 9 % des producteurs déclaraient avoir eu recours au piégeage massif et 2 % à la confusion sexuelle. La protection par filet représente encore à l’évidence une infrastructure coûteuse, impliquant une conduite adaptée des vergers. Elle reste très marginalement réalisable dans le verger actuel, encore très traditionnel et extensif (arbres formés en gobelet, à une densité moyenne de 400 arbres/ha). En 2015, le suivi de la pression parasitaire des ravageurs concernait essentiellement la mouche de la cerise, Drosophila suzukii et les pucerons, pour lesquels des observations avaient été réalisées sur environ 70 % des superficies. Toutefois, la réalisation de comptages ne concernait que 25 % des superficies pour les mouches et 12 % pour les pucerons. Enfin, les pratiques relatives aux auxiliaires (comptages, observations, aménagements d’habitat, apports alimentaires) mobilisaient chacune 20 à 25 % des exploitations.
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En bio, une moyenne de 3,6 traitements
En 2015, 5 % des producteurs ont déclaré conduire le lot enquêté selon un cahier des charges biologique ou en conversion. Ils représentaient 4 % du verger de cerisier enquêté et ont déclaré 3,6 traitements effectués en moyenne (dont 2 insecticides-acaricides et 1,4 fongicides-bactéricides). 18 % des producteurs se déclaraient engagés dans un cahier des charges de réduction des phytosanitaires hors mesure agro-environnementale (PFI, cahier des charges de la distribution…), et représentaient 25 % des superficies enquêtées. Ces producteurs avaient effectué 9,5 traitements en moyenne (dont 4,3 fongicides-bactéricides, 3,6 insecticides-acaricides et 1,3 herbicide).
Le raisonnement des traitements