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Cassis : l'irrigation est déterminante dans l'itinéraire technique

L’irrigation est un élément de production déterminant pour le cassis. En plus de couvrir les besoins de la plante, les systèmes d’irrigation peuvent également atténuer les évènements climatiques pénalisant cette production.

L’irrigation du cassis est considérée comme essentielle dans les régions où la pluviométrie annuelle est inférieure à 750 mm.
L’irrigation du cassis est considérée comme essentielle dans les régions où la pluviométrie annuelle est inférieure à 750 mm.
© G. Dubon

La culture du cassis s’étend en France sur 2 000 hectares pour 8 000 tonnes de production annuelle. Les surfaces se situent principalement en Val de Loire et en Bourgogne et, de manière secondaire, en région Rhône-Alpes et dans le nord-est de la France. Les tailles des vergers varient entre 2 et 50 hectares et sont souvent des ateliers complémentaires d’autres productions. Le changement climatique rend cependant la production de cassis de plus en plus complexe du fait de la multiplication des aléas climatiques tels que le gel et les canicules.

Irrigation en saison et post-récolte

« L’eau devient l’un des éléments majeurs de l’itinéraire technique et sa gestion doit permettre aujourd’hui de répondre à la fois aux besoins de la culture et aux stress abiotiques récurrents », mentionne un récent rapport d’étude du CTIFL sur la gestion de l’eau en culture de cassis, ayant pour objectif de faire un état des connaissances sur le sujet. Ainsi, selon les données recueillies, l’irrigation est considérée comme essentielle dans les régions où la pluviométrie annuelle est inférieure à 750 mm. Ainsi, plusieurs études menées en Bourgogne ont permis de caractériser les impacts d’un stress hydrique en culture de cassis.

Avec l’irrigation, les buissons produisent des fruits de plus gros calibre.
Avec l’irrigation, les buissons produisent des fruits de plus gros calibre. © CTIFL

L’une d’entre elles montre qu’entre trois modalités : une non irriguée, une irriguée seulement en saison et une irriguée en saison et en post-récolte, les plants de la modalité « irriguée seulement en saison » ont présenté un gain de rendement de 20 % en comparaison avec la modalité « non irriguée » passant de 2,17 t/ha à 2,67 t/ha. Ce même écart de rendement a été observé entre la modalité « irriguée en saison » et celle irriguée « en saison et post-récolte », et ce en faveur de cette dernière avec 3,33 t/ha.

L’irrigation surtout les premières années

Toutefois, si la quantité d’eau disponible est l’un des facteurs clé de la production, la fragmentation des apports et la période de disponibilité en fonction du stade de la culture sont également à prendre en compte. Ainsi, le cassis module sa consommation d’eau en fonction de ses besoins et des disponibilités. Les besoins sont en moyenne de 3 mm/jour/plant de la floraison à la récolte. De fait des apports journaliers sur de jeunes plants permettent d’avoir un développement plus rapide des buissons. Les premières années, la production peut augmenter de 50 à 120 % grâce à l’irrigation. En effet, les buissons sont plus vigoureux (15 à 35 % plus haut) et produisent des fruits avec des calibres plus importants et en plus grande quantité.

Cependant, cette précocité de production se réduit au fil des années : au bout de cinq ans il est observé une augmentation seulement de 15 %. Ainsi, plus un buisson est âgé moins il répondra significativement à l’irrigation. Son système racinaire étant déjà bien implanté, il est capable de mobiliser de l’eau à des strates plus profondes. L’augmentation des quantités produites grâce à l’irrigation se traduit également par une différence de taux de sucre, notamment les années sèches. Lors d’années à forte chaleur et faible pluviométrie, il est possible d’observer une diminution des valeurs de sucrosité de 1 à 1,5 % Brix dans les modalités irriguées.

Pour une bonne initiation florale

L’irrigation joue également un rôle au moment du grossissement du fruit. Dès lors que le buisson se trouve en stress hydrique, les baies cessent de grossir allant jusqu’à l’avortement si le déficit persiste. Ces stress sont d’autant plus impactant qu’ils arrivent de manière précoce. Il est donc important de bien réaliser les apports d’eau en début de saison. Deux périodes sont particulièrement critiques. La première est la période de floraison/nouaison qui demande à la plante une énergie conséquente pour former les baies. La seconde est celle de l’induction florale qui conditionne la production de l’année suivante.

Lors de ces périodes, les besoins peuvent atteindre 5 à 8 mm/jour suivant les températures. Pour couvrir ces besoins, l’irrigation ou le maintien d’une humidité du sol suffisante permet une bonne initiation florale au cours de l’été. À l’inverse, il faut être vigilant sur les excès d’eau notamment en fin de campagne. L’induction florale se réalisant lorsque les rameaux ne poussent plus, elle pourrait être stoppée par un apport d’eau trop important qui retarderait l’aoûtement des plants.

Des besoins en froid importants

De plus, celui-ci empiéterait sur les besoins en froid importants pour cette culture (environ 1 000 heures pour les variétés de référence telles que le Noir de Bourgogne et le Blackdown). Le rapport d’étude du CTIFL présente également les systèmes d’irrigation utilisés sur cassis, soulignant que l’aspersion sur frondaison est le seul système qui offre une gestion du microclimat parcellaire permettant une protection antigel efficace et la régulation de la température lors de fortes chaleurs (voir encadré).

L’eau pour gérer des aléas climatiques

Les micro-asperseurs peuvent être également utilisés pour asperger les cultures avant un événement caniculaire.
Les micro-asperseurs peuvent être également utilisés pour asperger les cultures avant un événement caniculaire. © CTIFL
Les apports d’eau peuvent également atténuer les évènements climatiques drastiques tels que le gel et les canicules. Certains producteurs de cassis sont équipés d’asperseurs sur pivot situés au-dessus de la canopée pour lutter contre le gel, ce qui demande d’avoir un accès à de l’eau en quantité suffisante (environ 40 m3 d’eau par h/ha). Ce système représente un coût entre 8 000 et 14 000 €/ha et peut protéger les cultures jusqu’à -5,5 °C.

Les micro-asperseurs peuvent être également utilisés pour asperger les cultures avant un évènement caniculaire, ce qui permet de baisser la température des feuilles et des fruits et d’augmenter l’hygrométrie. Trois mécanismes de refroidissement du verger peuvent être utilisés : le refroidissement par évaporation d’eau (micro-aspersion de plusieurs cycles), le refroidissement par le ruissellement de l’eau sur les organes végétatifs (aspersion constante) et le refroidissement par convection de vapeur d’eau (aspersion de fines gouttelettes qui s’évaporent avant de tomber sur les feuilles et les fruits). Ces différents systèmes nécessitent un débit horaire plus faible, entre 15 et 35 m3/h/ha.

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