Avignon : un congrès pour des aubergines et piments mieux adaptés au changement climatique
Les plus récentes connaissances en génétique et sélection variétale du piment et de l’aubergine ont été échangées lors du 17e colloque scientifique Eucarpia au Palais des Papes d’Avignon.
Les plus récentes connaissances en génétique et sélection variétale du piment et de l’aubergine ont été échangées lors du 17e colloque scientifique Eucarpia au Palais des Papes d’Avignon.
Plus de 250 scientifiques venus de 30 pays ont mis en commun le fruit de leurs recherches et réflexions pour obtenir des aubergines et piments, demain, mieux adaptés au changement climatique, en octobre dernier à Avignon. « Le piment est le premier légume consommé en Corée, où le kimchi, du chou macéré dans le piment, est un plat quotidien. En Afrique, par exemple, il existe des variétés d’aubergine orange et amères », image Véronique Lefebvre, directrice de recherche à l’unité INRA-GAFL, spécialiste du piment et organisatrice du colloque.
Soumises à un fort stress climatique
Mais aujourd’hui, la production de ces légumes a à réponde aux défis climatiques et environnementaux avec des défis multiples : rendement, qualités des fruits, visuelle, gustative et nutritionnelle, valeur santé… sans oublier les résistances, ou tolérances, aux maladies et aux stress environnementaux, dus aux fortes températures ou à la sécheresse. « Ce sont des problématiques émergentes à travers le monde. Au GAFL, nous travaillons de plus en plus à identifier les meilleures variétés qui résistent à de fortes pressions parasitaires, même soumises à un fort stress climatique. L’avenir va vers des plantes qui présentent des multi-résistances », souligne Véronique Lefebvre. « Les génomes du piment et de l’aubergine ont été publiés récemment, ouvrant de nouvelles voies de recherche. Le piment présente un génome extrêmement complexe, aussi vaste que le génome humain ! », s’enthousiasme la chercheuse, qui a identifié le gène responsable d’une anomalie de coloration du piment. « Dans un projet européen, nous avons réuni une collection de 10 000 variétés de piment de tous les conservatoires de graines du monde, afin d’observer les variations de son génome. Nous espérons que, de cette diversité, se révéleront des variétés résistantes au mildiou et à la sécheresse. Cela nous permettrait alors d’identifier les zones du génome correspondantes à ces caractères. L’objectif est de pouvoir proposer de nouvelles solutions aux sélectionneurs, pour apporter de la sécurité alimentaire quelles que soient les conditions climatiques. » Ainsi, Eucarpia favorise les échanges au sein de la communauté scientifique. Chaque pays a ses domaines d’étude privilégiés. Par exemple, la Hongrie, la Turquie et la Corée travaillent beaucoup à la transformation du piment. L’Espagne est tournée vers la conserve d’aubergine. Israël, l’Indonésie et la Chine essaient de déterminer les éléments génétiques qui gouvernent le caractère brûlant du piquant. A noter, le prochain grand événement scientifique de l’Inra d’Avignon sera du 29 mars au 1er avril 2020, sous la forme d’un congrès international sur la qualité et la sécurité des fruits et légumes.
Cécile Poulain
Eucarpia pour l’amélioration des plantes
Eucarpia, European association for research on plant breeding, est une association européenne de chercheurs et de sélectionneurs qui promeut la collaboration scientifique et technique dans le domaine de l’amélioration des plantes depuis 1956, en particulier via l’organisation de congrès. Eucarpia compte 700 membres individuels et 59 entreprises, soit environ 1 000 personnes enregistrées, dont 500 s’intéressent aux légumes. Un congrès général a lieu tous les quatre ans. Le prochain se tiendra à Rotterdam, aux Pays-Bas, du 23 au 28 août 2020.