Ail de France : un potentiel en baisse et de sérieux problèmes de qualité
Les volumes d’ail hexagonaux seront moindres cette année. La faute à la sécheresse qui impacte fortement la qualité du produit. Les producteurs appellent à la compréhension de leur principal client, la GMS.
Les volumes d’ail hexagonaux seront moindres cette année. La faute à la sécheresse qui impacte fortement la qualité du produit. Les producteurs appellent à la compréhension de leur principal client, la GMS.
Les producteurs français d’ail s’apprêtent à vivre une campagne 2021-2022 difficile. La saison a été lancée à l’occasion d’une réunion à Paris, le 9 septembre au Palais du Luxembourg, à l’invitation du sénateur du Gers, Alain Duffourg.
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Un potentiel déjà en baisse de 20 %
L’ail français est tributaire, comme toutes les autres productions, des conditions météorologiques. Cette année, ce fut particulièrement le cas : « 2022 a surpris avec un début de récolte très précoce, de l’ordre de 8 à 10 jours selon les bassins de productions, souligne Christiane Pieters, présidente d’Aniail, le contexte de la sécheresse a aussi influé sur le calibre, plus petit, et quelques problèmes de coloration pour l’ail violet ». De plus, l’étape de séchage se déroule dans des conditions de températures extrêmes (des pointes à 50°c ont été notées). Cela impacte la qualité des produits et oblige à un tri sévère de la part des producteurs, entamant les volumes disponibles.
La production d’ail français tourne autour des 22 000 t par an, dont 15 000 t sont destinées au marché de consommation (le reste est destiné à la filière semences). « Le produit n’est pas au mieux pour une commercialisation sereine cette année, reconnaît Christiane Pieters. Nous n’atteindrons pas 100 % de qualité commercialisable ».
Selon une note d’Interfel en date du 30 août dernier, les volumes sont en retraits d’environ 20 %, ce qui laisse un potentiel provisoire de 12 000 t au début septembre. Seule consolation, l’Espagne, principal concurrent du produit français, connaît les mêmes situations et ne devrait pas représenter un recours pour la distribution.
Consommation : un retour à la normale après 2020
En 2020, les ventes d’ail français avaient connu une belle augmentation. En 2021, la situation est revenue à la normale, voire un peu en retrait par rapport à la moyenne sur cinq ans. Selon les données de Kantar Worldpanel, 62,2% des ménages ont acheté de l’ail français en 2021 contre 64,5% en 2020 (moyenne sur 5 ans : 62,4 %). Les quantités achetées par acte d’achat s’établissent à 210 g (soit grosso modo un filet de 3 têtes) contre 220 g en 2020.
En magasin, l'Association nationale interprofessionnelle de l'ail (Aniail) déploiera sa communication avec des PLV (affiches et stop rayons), une théâtralisation « Mon ail français ». Les unités de ventes consommateurs (UVC) seront commercialisées avec le logo « Mon ail français ».
L’agréage de l'ail, un point de discorde
L’agréage est une procédure importante pour la production d’ail français, qui commercialise 70 % de ses tonnages en grande distribution. Traditionnellement, des coupes de bulbes sont réalisées par les agréeurs. S'ils découvrent une gousse présentant des symptômes similaires au « Waxy » (aspect translucide et cireux avec une forte odeur caractéristique), les bulbes sont déclassées entraînant des pertes importantes de volumes.
Dans le contexte de cette campagne, la procédure est fortement ressentie par l’amont : « Nous espérons que les services qualité des enseignes se montreront bienveillants face à la situation que nous connaissons », a déclaré la présidente d’Aniail.
Rémy Algayres, directeur clientèle d’Agri Condiments, s’est voulu un peu rassurant : « L’agréeur, c’est un peu le sheriff. L’agréage parfait n’existe pas. Je pense qu’il vaut mieux communiquer auprès de lui en expliquant que la coupe longitudinale d’une tête pour agréer, ce n’est pas possible. Depuis une semaine, j’ai quand même remarqué une meilleure écoute de la part de la grande distribution ».
Des surfaces en progression
Dans un contexte difficile, la filière peut malgré tout se féliciter de voir ses surfaces augmenter (ce ne fut pas toujours le cas). Ainsi, en 2021, cette augmentation moyenne a été de 9 % pour atteindre 3 520 ha de production. Le phénomène a concerné l’ensemble des bassins de production traditionnels mais aussi les « nouvelles » zones comme le Centre et le Val de Loire.
L’Occitanie demeure toujours le premier producteur d’ail avec 65 % des surfaces, le Tarn (842 ha) et le Gers (730 ha) menant la danse. Vient ensuite la Région Auvergne-Rhône-Alpes avec 22 % des surfaces : l’essentiel se situe dans la Drôme (662 ha). Les Hauts-de-France, connus surtout pour l’ail fumé d’Arleux, regroupent 5 % des surfaces. Les 8 % restant concernent les autres régions françaises.