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Matinale Bio
Activer les leviers de l’offre et la demande du bio qui a prouvé sa résilience face aux crises

Lors d’un débat organisé par l’Agence Bio, les intervenants ont discuté de la résistance du bio face aux crises et en particulier de la crise Covid. De nombreuses expériences qui permettent de renforcer l’accessibilité au bio ou d’attirer les agriculteurs dans ce mode de production ont été évoquées.

La première Matinale Bio, le 19 décembre, a débattu de la résilience du bio face aux crises.
© Capture d'écran - FLD/Agence Bio

Crise sanitaire oblige, les Assises de la Bio n’ont pas pu se tenir. A la place, l’Agence Bio a inauguré un nouveau format de débat, La Matinale Bio, émission retransmise en direct. La première émission, inaugurée par la nouvelle directrice de l’Agence Bio Laure Verdeau, a eu lieu le 19 janvier. Et à l’image de ce nouveau format de rendez-vous, le thème a tourné autour de l’adaptation du bio aux crises.

Le bio, « une solution à court et long terme »

Pour Philippe Henry, président de l’Agence Bio : « Le bio est une solution à la fois sur le court terme car il est pourvoyeur d’emplois et créée du lien et de la confiance avec le consommateur, et sur le long terme en soutenant la biodiversité, l’environnement. Il n’y a pas d’agribashing avec le bio. »

Comme le souligne Julien Fosse, de France Stratégie, auteur du rapport “Les performances économiques et environnementales de l’agroécologie”, la capacité de résilience de l’agriculture biologique est supérieure à celle du conventionnel, agronomiquement mais aussi économiquement, en raison de revenus plus stables, de partenariats forts et donc de débouchés plus sûrs, d’un marché qui a sa demande…. « Par ailleurs, pendant les confinements, la demande pour le bio a été très forte. La crise Covid va donc peut-être dynamiser la tendance à la conversion en agriculture biologique chez les agriculteurs », espère-t-il.

Janusz Wojciechowski : « Maintenir l’équilibre de l’offre et la demande »

« L’agriculture française et en particulier bio a tenu le choc de la crise, il n’y a pas eu de rupture, confirme aussi Julien Fosse. La vraie question n’est donc pas de savoir si le bio est résilient face aux crises, puisqu’il l’est, mais plutôt de savoir comment pérenniser cette nouvelle dynamique pour le bio et l’agroécologie. Quels sont les leviers politiques et sociologiques à activer ? Car a posteriori du premier confinement, le monde d’après ressemble toujours au monde d’avant. Mais il y a une opportunité à saisir. »

Bref, le bio peut et doit être le fer de lance de la transition agroalimentaire européenne, comme l’estime en vidéo Janusz Wojciechowski, commissaire européen à l’agriculture, en confirmant l’objectif européen de 25 % de la SAU en bio en 10 ans. « Pour cela, il faut maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande. Nous mettrons en place des politiques pour pousser l’utilisation des marchés publics verts, nous maintiendrons les politiques de promotion… »

Activer la demande en aidant les publics défavorisés

Côté demande, aujourd’hui le consommateur réfléchit plus son alimentation et ses achats, il achète moins mais mieux, avec plus de signes de qualité. « Et le bio est une tendance durable, cela fait des années que ça ne se dément pas. Avec la crise, il y a une reconfiguration -par exemple les circuits courts qui se sont très bien adaptés, la forte croissance du drive, mais le bio s’est maintenu », souligne Olivier Lepiller, sociologue au Cirad. Il faut donc encourager l’accessibilité du bio par des politiques publiques pour les publics les plus démunies (familles défavorisées, étudiants…) : des subventions et allocations ? une sécurité sociale de l’alimentation de qualité ? Tous ces sujets sont à l’étude.

Repenser les modèles de distribution

Exemple concret : Aurore Market, épicerie bio solidaire en ligne, présente un modèle de distribution différent pour que le plus grand nombre ait accès au bio : en ligne, sur abonnement, l’adhésion est offerte aux publics les plus défavorisés. « En parallèle, nos prix sont plus accessibles car les frais de marketing et de communication des produits et marques sont réduits, ce qui permet de gagner 20 % sur les prix, explique Roman Régis, co-fondateur de Aurore Market. Et la gamme, environ 3 000 références, est réduite par rapport à un supermarché classique, ce qui permet un roulement des stocks plus efficace. »

De manière générale, la crise Covid et les confinements ont vu émerger de nouveaux modèles de distribution alimentaire. « Faire ses courses en grande distribution a un côté anonyme alors que dans les petits magasins de proximité ou avec la vente directe, il y a du lien qui se créé, de la confiance. Et c’est cela que les consommateurs ont recherché pendant le confinement », analyse Michel François, président de l’Union de commercialisation Fermes Bio.

Sécurisation du revenu, formations… Il faut jouer sur l’attractivité du métier

Mais ces nouveaux modèles de vente en ligne, de vente à la ferme, demandent aux agriculteurs de nouvelles compétences qu’ils n’ont pas forcément. Un accompagnement est donc nécessaire (chambres d’Agriculture, CCI). Dans tous les cas, les formations, qu’elles portent sur des sujets techniques agricoles, commerciaux, de ressources humaines… sont un enjeu inévitable.

Christophe Audoin, directeur exécutif Les Prés Rient Bio (yaourts éthiques Les 2 Vaches), résume la situation : « Il faut accompagner et sécuriser les agriculteurs bio car travaillant directement avec et selon la Nature, ils sont les plus touchés par le changement climatique et sont en même temps les premiers contributeurs au changement positif. » Contractualisation sur du long terme et prix minimum garantis, valorisation du lait en conversion, fonds (5 % du chiffre d’affaire des yaourts) pour garantir à chaque agriculteur une semaine de congés payés et des formations… Les Prés Rient Bio multiplient les expériences pour attirer et sécuriser le métier d’agriculteur.

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