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Cinq maraîchers bio associés dans la Loire : « il faut de la communication et beaucoup de patience »

Aux Jardins du Treille, dans la Loire, cinq associés partagent un projet collectif centré sur le maraîchage bio diversifié.

Les Jardins du Treille, à Maringes dans la Loire, est une exploitation bio de 30 hectares, dont 8 en maraîchage avec 1 hectare de serres. Elle a ouvert ses portes le 15 octobre dernier pour une journée légumes bio organisée par Agribio Rhône & Loire, l’Association départementale pour le développement de l’emploi agricole du Rhône, les chambres d’agriculture du Rhône et de la Loire. À l’origine, Marc Rivoire reprend la ferme familiale en élevage de moutons en 1987. N’ayant pas assez de terrain pour pouvoir en vivre, il change de production et se tourne vers les plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM), puis les petits fruits et les mini-légumes. La perte de son principal client restaurateur dans les années 2000 le contraint à abandonner les mini-légumes pour se lancer dans le maraîchage traditionnel.

Il construit des serres une à une entre 2005 à 2017. La conversion en AB, qui le rapproche de ses valeurs, lui ouvre de nouveaux marchés très porteurs à l’époque qui font rapidement progresser le chiffre d’affaires de l’entreprise de 150 000 euros en 2011 à 250 000 euros en 2015. Aujourd’hui, la ferme produit une large gamme diversifiée d’environ 70 légumes, parmi lesquels salades, tomates, aubergines, poivrons, courgettes, concombres, champignons, fraises, melons, haricots, petits pois, pommes de terre, carottes, choux, courges… Les débouchés commerciaux sont nombreux avec trois marchés par semaine, cinq Amap, des magasins bio, des paniers pour les entreprises, un magasin de producteur et du demi-gros.

Les associés disposent de cinq semaines de congé

À la fin des années 2000, Marc souhaite s’associer, afin de faciliter la transmission future de l’entreprise et se dégager du temps libre. L’association en 2015 avec Joffrey Murgue, salarié sur l’exploitation, aboutit à la création de l’EARL Les Jardins du Treille. Marc se rapprochant de la retraite, il ne souhaitait pas que Joffrey se retrouve seul à gérer une entreprise désormais conçue pour deux personnes. Ils ont donc commencé à prospecter pour chercher un troisième associé. Benoît Chabanne, ex-professeur des écoles et client d’une Amap des Jardins du Treille, rejoint ainsi l’aventure en 2019 et l’EARL devint Gaec. Toujours dans l’optique de gagner du temps libre et de mieux gérer le temps de travail à la ferme, deux nouveaux associés, Rémi Lambert et Sullyvan Rivière, sont intégrés au Gaec en 2022 et en 2023.

Ce fonctionnement à cinq associés permet de construire un vrai projet collectif. Les associés disposent de cinq semaines de congé par an et de quatre week-ends de libre sur cinq. Ils travaillent environ 50 heures par semaine pour une rémunération de 2 000 euros par mois. Chaque lundi se tient une réunion avec l’équipe, et chaque mardi une réunion entre les associés pour composer le planning des jours et des semaines. Un associé est indiqué comme référent pour chaque journée. Il doit composer les équipes de salariés, leur donner les tâches à faire pour la journée. Une réunion mensuelle entre associés est organisée pour parler des sujets de fond.

Bien répartir les tâches ingrates

Différentes pratiques permettent à chaque associé de s’épanouir dans l’entreprise. Par exemple, la création d’un atelier dont l’associé entrant aura l’entière responsabilité, ou bien la division de l’entreprise en pôles (irrigation, fertilisation, maintenance…) qui sont affectés à chaque associé pour qu’ils aient une « zone d’expertise » qu’ils peuvent gérer en autonomie. Il faut également bien répartir les tâches ingrates pour que ce ne soit pas toujours les mêmes qui les réalisent et éviter le ressentiment et la frustration.

Pour que le collectif n’explose pas, les associés sont unanimes : il faut de la communication et beaucoup de patience ! Les temps de réunions sont là pour que tous les sujets soient abordés, les bons comme les mauvais. Chaque décision doit être prise au consensus, car un vote créerait de la frustration et contribuerait à fracturer le collectif. Un blason de l’entreprise a été créé pour rattacher l’entreprise à un projet avec des objectifs, et des valeurs pour avoir un pilier lors des grandes prises de décisions stratégiques pour l’entreprise.

S’inscrire sur le long terme dans le projet

Chaque associé s’engage à titre moral de rester au moins dix ans dans l’entreprise. Même si légalement, un associé peut partir à tout moment, cet engagement moral permet de formaliser le fait de s’inscrire dans le projet d’entreprise et de vouloir s’y impliquer pour du long terme. L’entreprise compte cinq salariées permanentes et embauche deux à trois saisonniers chaque année, ainsi que deux stagiaires par an. Il faut essayer dans la mesure du possible d’écouter les envies du salarié et ses centres d’intérêt pour lui confier des tâches qui l’intéressent et dans lesquelles il ou elle est à l’aise. Il est important de réaliser des entretiens annuels où tout peut être. La ferme a mis en place cette année une prime de partage de la valeur afin que chacun profite du résultat de l’entreprise et pour apporter de la motivation à s’impliquer plus dans celle-ci. Enfin, une journée de cohésion est organisée chaque année pour créer un moment convivial et fédérer l’équipe autour d’une activité hors du travail.

Article paru dans Brassica n° 180 décembre 2024. Bulletin d’information réalisé par les Chambres d’agriculture Ain, Ardèche, Côte d’Or, Isère, Loire, Rhône, Savoies, Saône-et-Loire et l’antenne de Brindas du CTIFL.

Parcours

1987 Marc Rivoire reprend la ferme familiale

2005 à 2017 Construction progressive de 16 tunnels non chauffés

2009 Conversion en agriculture biologique

2015 Création des Jardins du Treille avec Joffrey Murgue

2019 à 2023 Arrivée de trois nouveaux associés, Benoît Chabanne, Rémi Lambert et Sullyvan Rivière

Jongler avec les couverts

 

 
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La plantation des légumes peut se faire dans un couvert couché. © Les Jardins du Treille

La culture d’engrais verts sur les parcelles maraîchères permet de limiter l’érosion des sols, la battance et d’améliorer sa fertilité globale par la structuration grâce aux racines du couvert, l’apport d’azote ainsi que le maintien du taux de matière organique. « Par l’implantation des engrais verts sur nos parcelles, on cherche à compenser la perte de matière organique naturelle de nos sols, ces fameux 2 % qui chaque année sont huméfiés », précisent les associés. Aux Jardins du Treille, des engrais verts sont semés en hiver, au printemps et en été de manière à avoir une bonne occupation des sols.

Soit les engrais verts sont broyés et incorporés, puis la plantation a lieu quinze jours après ; soit le couvert est couché lorsque le seigle est au stade grain laiteux, au mois de mai, et la plantation a lieu dans ce couvert couché. Le semis direct d’engrais verts dans une culture en place, par exemple le chou, est également pratiqué. 90 % des surfaces cultivées en légumes voient des engrais verts au moins une fois dans l’année. Les mélanges semés sont constitués de fabacées (un tiers) et céréales (deux tiers) à une densité de 180 kg/ha au total.

Maraîchage sur sol vivant

L’exploitation a rejoint le GIEE Maraîchage sur sol vivant. Les associés souhaitent optimiser le niveau de matière organique dans leurs sols, maintenir la porosité biologique et permettre le développement de légumes de qualité dans des sols fertiles. Depuis, 2022, ils conduisent deux serres en non-travail de sol. Un apport initial important de matière organique est réalisé avec du fumier incorporé au rotavator (120 t/ha) pour éviter la faim d’azote ainsi que du broyat composté trois mois en surface (150 t/ha).

Cela représente 10 à 15 cm d’épaisseur pour éviter la levée d’herbe. La parcelle est ensuite bâchée avec une toile tissée noire. À la plantation, une irrigation de 15-20 mm est réalisée, puis de 20 min (3-4 mm) tous les jours pour assurer la reprise des plants. Pour limiter l’enherbement, les cultures plantées sont bâchées avec une toile tissée, sauf le chou-fleur, et des occultations sont effectuées entre les cultures. Pour les semis, du compost est tamisé et la culture est semée dessus.

Rédaction Réussir

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