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Rétrospective
2016 : une année de bouleversements

Météo exécrable perturbant les campagnes, affirmation vigoureuse du bio et du produit local, contexte international inquiétant : 2016 aura été une année de changement.

Une météo vraiment "pourrie"

Dans la filière, on sait que la météo est la seule vraie maîtresse : elle décide de la production et de l’envie du consommateur. 2016 a été un vrai chemin de croix pour de nombreuses productions. En premier lieu la salade : l’hiver chaud a entraîné surproduction et crise conjoncturelle. La forte dégradation des températures ensuite a jeté dans la tourmente la filière tomate, puis celle du melon. Pour couronner le tout, des pluies torrentielles fin mai et début juin ont laminé les productions maraîchères en région Centre et en Ile-de-France, fortement impacté le légume d’industrie et réduit le potentiel en pomme de terre. La grêle de septembre a touché la production de pommes au Sud. Enfin, le mois de décembre a été le plus sec depuis près de soixante ans, selon Météo France. Cela n’augure rien de bon pour la suite.

Europe : goodbye Royaume-Uni !

Le vote majoritaire en faveur d’une sortie de l’Union européenne au Royaume-Uni a inquiété les exportateurs français. Spécialement sur l’évolution du cours entre livre sterling et euro : la monnaie britannique dépréciée signifie des importations plus chères. Les producteurs de choux-fleurs et de pommes de terre suivent la situation de près.

Le feuilleton de l’été

Le diméthoate utilisé pour lutter contre Drosophila suzukii, surtout en production de cerises, a été le feuilleton de 2016. Le 25 mars, Stéphane Le Foll saisissait la Commission européenne demandant son interdiction immédiate dans toute l’UE. Plusieurs pays européens se joignent à la demande (Espagne, Italie…). Les rencontres se succèdent à Varenne avec les producteurs de cerises français : des fonds pour la communication sont débloqués. En fin de compte, l’offre réduite aussi à cause de la mauvaise météo a entraîné des cours supérieurs à l’année précédente.

E-commerce, digital : entre espoir et crainte

Après Londres, Milan et Berlin, Amazon a lancé son service de livraisons en une heure, Prime Now, sur Paris. Certains sont vent debout contre cette installation (la Ville, Commerces de France, Rungis), ce qui n’empêche pas des enseignes comme Bio C’Bon de rejoindre le programme. Les consommateurs en tout cas attendent plus de communication digitale de la part du commerce local, comme l’a montré en décembre un sondage d’OpinionWay pour Dolmen. Et lors du colloque organisé par le pôle de compétitivité Valorial, Yannick Migotto, ancien responsable alimentation chez Amazon, a enfoncé le clou : « Alibaba (le leader chinois du e-commerce) vend plus de pommes que Rungis ». Le sujet 2017 sans aucun doute.

Le bio encore et toujours plus

Les produits bio sont les grands gagnants de l’année 2016 : consommation en hausse, aides du ministère de l’Agriculture (même si elles restent faibles aux yeux des professionnels)… Le bio est aussi présent dans les travaux législatifs : la loi sur l’ancrage territorial de l’alimentation prévoit désormais que 20 % des aliments proposés en restauration collective soient bio. Et la filière s’investit : le marché de Phalempin sur le créneau de l’oignon et toujours dans les Hauts-de-France, Terraveg crée une branche dédiée, Unibio. La Tour en Provence se lance sur la pomme bio. Solagora (Anecoop) lance des tests en salade et en tomate cerise bio dans le sud de la France. Les Bretons ne sont pas en reste en lançant la marque Be Reizh ("équitable" en breton). Signe fort : les Grès d’Or, prix remis par la Feef, se sont ouverts pour la première fois au bio.

Le local encore plus fort que le bio ?

Le développement, voulu ou imposé, de l’approvisionnement local dans le commerce et la restauration aura aussi été un des grands thèmes de l’année écoulée. Il a pris deux facettes. D’une part, les projecteurs se sont braqués sur l’agriculture dans les villes avec l’émergence des fermes urbaines (FUL à Lyon) et la croissance des potagers sur les toits des immeubles un peu partout en France. D’autre part, les consommateurs ont demandé de plus en plus d’aliments cultivés à proximité des lieux de consommation. Le gouvernement a aussi lancé sa “boîte à outils” pour l’appro local de la restauration collective. La loi Egalité et citoyenneté fixe, au 1er janvier 2020, à 40 % la part de produits mentionnant la qualité et l’origine, issus de circuits courts, dans les repas servis dans les restaurants collectifs publics.

Les marchés de gros font parler d’eux

L’année a été riche en informations pour les marchés de gros français. Outre le lancement d’une vitrophanie dédié aux commerces de proximité lors de la première Journée des marchés de gros en avril, plusieurs marchés se sont fait remarquer. Celui de Cavaillon est ainsi partie prenante de la relance de la demande d’IGP pour le melon de Cavaillon. Le déménagement du Min de Nantes a pris forme avec les traditionnelles inquiétudes des opérateurs sur la clé de répartition financière d’un tel projet. Le Min de Toulouse a engagé le processus de renouvellement de sa concession alors que Châteaurenard présentait un plan très ambitieux de redéploiement. ProNatura a annoncé qu’il s’installerait sur ces deux sites. Rungis a par ailleurs inauguré sa halle bio.

FeL Partenariat, un vrai sujet de filière

Tout au long de l’année, la démarche volontaire d’autocontrôle s’est invitée dans les débats. D’une part, lors d’une journée dédiée au sujet en janvier, un appel fort à la distribution avait été lancé pour favoriser la pratique. En mars, lors de l’assemblée générale de l’Aneefel, c’est sur le domaine de l’exportation, où GlobalGap ou BRC domine, qu'a été évoquée l’idée d’étendre FeL Partenariat. 2016 aura vu l’arrivée de la coopérative de grossistes Vivalya dans la démarche et 2017 devrait voir celle de Creno. Au total, aujourd’hui, 114 grossistes sont engagés dans la démarche.

Interfel fête ses 40 ans…

L’interprofession a mis les petits plats dans les grands pour fêter sa quarantième année d’existence. Côté protocolaire, les "familles" d’Interfel ont été reçues par le président de la République, François Hollande, en juillet. Côté réjouissances, plus de 400 professionnels se sont retrouvés au restaurant Le Pré Catelan pour une grande soirée d’agapes.

…et réorganise son organigramme

L’interprofession a modifié sa gouvernance en instituant trois nouvelles directions : Valérie Sené, directrice marketing & communication, Emmanuel Demange (ex-FNPFruits), directeur Produit & Qualité et Coordination des actions régionales, et Olivier de Carné (ex-Coop de France) directeur Accords, Economie et Affaires publiques. Ils épaulent le directeur général d’Interfel, Louis Orenga.

Ça bouge aussi au CTIFL

Le rapprochement entre Interfel et le centre technique interprofessionnel de 2015 a vu l’arrivée de Jacques Rouchaussé (Légumes de France) à sa présidence. En 2016, Louis Orenga en est devenu le directeur général. Ludovic Guinard (ex-FCBA) a ensuite été recruté au poste de directeur général adjoint.

Les vertus du dialogue

Dès début 2016, les familles de l’interprofession f&l ont montré qu’elles pouvaient dialoguer : les accords interprofessionnels sur la coopération commerciale et sur les standards de palettisation sont des avancées majeures. Mais, il ne doit pas cacher le travail au quotidien sur les produits. Ainsi, un accord interprofessionnel a été signé pour le concombre et pour la pomme Granny Smith. Renouvellement pour l’abricot, la prune, le kiwi, les pêches et nectarines.

Une interprofession est née !

Par arrêté du 5 septembre, les Pouvoirs publics ont reconnu l’Association interprofessionnelle de la banane (AIB) en tant qu’interprofession agricole. L’AIB est composée de trois collèges réunissant six familles : production, mise en marché en vert et commerce/distribution. Le premier bureau se compose de Bruno Huord (président), Bertrand Guély et Christian Métadier (vice-présidents).

Les “Vergers écoresponsables” plus présents

La signature développée par les producteurs de pommes français au sein de l’ANPP a connu de belles avancées : le sigle “Vergers écoresponsables” s’est retrouvé sur les sachets de pommes découpées chez McDonald’s. Un partenariat a aussi été noué avec la marque f&l d’Intermarché Mon Marché Plaisir. De plus, l’AOP pêches et nectarines a présenté sa charte “vergers écoresponsables” à Fruit Logistica (l’ANPP lui avait concédé le label en 2013).

Le sac plastique est mort

Les sacs plastique à usage unique pour les f&l sont interdits depuis le 1er janvier. Les fabricants se sont mis bien avant cette date en ordre de bataille pour offrir des solutions alternatives. La ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, a inauguré en Meurthe-et-Moselle les nouvelles lignes de fabrication de sac biosourcés de l’entreprise Schweitzer (groupe Sphère). BASF comme le binôme Barbier/Novamont a aussi lancé son sac 100 % compostables.

Et toujours l’embargo russe…

On en serait presque venu à l’oublier, celui-là. Il est vrai aussi que, malgré les appels des uns et des autres (Freshfel, Copa Cogeca), le dossier n’a guère progressé, bien au contraire. A l’été, la Russie avait annoncé la reconduction de son embargo sur les produits alimentaires européens jusqu’à août 2017. En décembre, l’Union européenne a prolongé de six mois (jusqu’au 31 juillet 2017) ses sanctions envers la Russie. Les exportateurs restent à la peine.

En pommes de terre, un dialogue plus difficile

Autre filière, autre réalité. La conférence entre l’UNPT et le GIPT, entre négoce, transformation et production, en fin d’année, a montré les prémices d’un potentiel rapprochement mais aussi la distance qui les séparait, dans le contexte d’une campagne 2016-2017 tendue. Un constat qui n’a pas empêché la filière de se structurer en fin de compte. On aura appris par exemple que Pomuni France et Pom’Allliance se rapprochaient et la création de “Producteurs pour Aviko”, regroupant les producteurs français et belges travaillant avec le transformateur.

Accords et désaccords

Fin 2015, suite à la contestation soulevée par le Front Polisario sur le Sahara occidental, le tribunal de l’Union européenne avait annulé l’accord de libre-échange entre le Maroc et l’Europe en matière d’agriculture et de pêche. Le dossier a empoisonné les relations avec l’Etat chérifien toute l’année jusqu’à décembre, où la Cour de justice de l’UE a considéré que l’accord n’était pas applicable au Sahara occidental et n’aurait donc pas dû être annulé. Le projet de traité de libre-échange avec les Etats-Unis (TTIP) a été plus ou moins stoppé en rase campagne suite à la demande du gouvernement français, fortement poussé par sa base agricole. En revanche, celui avec le Canada (Ceta) a été signé le 30 octobre. Enfin, l’accord entre l’Europe et le bloc Colombie, Equateur et Pérou, préserve peu ou prou la banane européenne (clause de sauvegarde).

(Suite dans notre prochain numéro).

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