Aller au contenu principal

[Fières d'être éleveuses] "Éleveuse et présidente du cadran de Mauriac"

Après avoir instruit les dossiers liés au passage de gré à gré en cadran du marché de Mauriac, Michelle Chastan, éleveuse bio dans le Cantal, préside la structure depuis sa mise en service. Un outil incontournable pour établir les cotations.

Michelle Chastan (à d.) est éleveuse installée avec son mari depuis 2006. Depuis dix ans, elle préside le marché au cadran de Mauriac, en collaboration avec Emilie Delbert-Bertrnad, cheffe des vantes.
© L'Union du Cantal

« Je suis fille d’éleveurs. J’ai toujours baigné dans ce milieu. Après mes études, j’ai été conseillère de gestion pendant 18 ans au CER15. Avec mon mari, on s’est installés en hors cadre familial sur le tard. Mon mari en 2003, moi en 2006 », explique Michelle Chastan.

Sur leur élevage situé à Barriac-les-Bosquets dans l’ouest du Cantal, ils conduisent sur 80 hectares un cheptel de 60 mères salers en croisement charolais ou blanc bleu pour une production de veaux finis de moins de 8 mois. « Sur la ferme je gère toutes les tâches administratives et les soins aux veaux. Nous sommes en bio depuis cinq ans et je suis également experte foncier et rural. C’est cette seconde activité qui m’a fait quitter mon emploi de conseillère de gestion. »

Mais depuis 10 ans, une bonne partie de l’emploi du temps de Michelle Chastan est absorbée par le Marché au cadran de Mauriac, plus connu localement sous le nom de parc des Redines.

Le renouveau du parc des Redines

Ses halles couvertes ont été construites en 1981 pour remplacer l’ancien site proche du centre-ville. Les apports ont culminé autour de 25 000 bovins par an puis fortement reculé à partir du début des années 2000 pour tomber à 4 500 têtes par an en 2011, année où a été émise l’idée de passer du gré à gré au cadran en s’inspirant de ce qui existait déjà dans d’autres départements.

« Sur notre exploitation, nous avons toujours travaillé avec des négociants privés. C’est une forme de commerce auquel je suis très attachée. Quand, compte tenu de mon ancien métier de conseillère de gestion, on est venu me solliciter pour aider à monter les dossiers visant à transformer ce marché de gré à gré en cadran cela m’a intéressé. J’ai d’abord bien analysé le projet. J’ai vu que cela pouvait fonctionner et à partir de là, je me suis dit j’y vais, je fonce. »

Pour la municipalité compte tenu de l’érosion sensible des apports, il fallait prendre une décision : supprimer ce marché ou engager sa mutation. « Les visites réalisées sur d’autres cadrans, comme celui de Moulins Engilbert m’avaient frappé. L’essentiel des apports sont le fait d’éleveurs installés dans un proche périmètre. »

Maintenir l’économie de la commune

Pour soutenir la réalisation du projet, Michelle Chastan a été secondée par une équipe composée d’une vingtaine d’éleveurs, de six négociants avec l’appui d’Elvéa 15. « Nous avons également eu tout le soutien de Gérard Leymonie, alors maire de Mauriac et également ancien vétérinaire ainsi que l’aide du sous-préfet en place à cette période. Ils avaient bien compris tout l’intérêt de ce type d’outil tant pour les éleveurs de la zone que pour aider à maintenir une vie économique sur la commune », souligne celle qui est ensuite devenue présidente de la SAS en charge de la gestion du cadran tout en étant désormais également trésorière de la Fédération des marchés de bétails vifs.

« Le premier marché a eu lieu le 5 janvier 2014. On savait qu’il nous fallait autour de 15 000 têtes par an pour que le projet soit viable. Dès la première année, on y est arrivé. » L’émergence du marché turc a ensuite boosté les apports avec jusqu’à 25 000 têtes en 2015. L’arrivée du Covid a eu l’effet inverse.

En 2020, les apports sont retombés à 19 000 têtes mais ils sont revenus à 23 655 l’an dernier, soit les chiffres de 2017. « Nous sommes dimensionnés pour traiter dans de bonnes conditions 500 à 600 têtes par marché », analyse Michelle Chastan, tout aussi à l’aise pour jongler avec les différents fichiers de données statistiques sur l’écran de son ordinateur que pour commenter l’évolution au fil des ans des tarifs du maigre selon les fourchettes de poids et les types raciaux.

Et de souligner que le propre d’un marché est d’être le meilleur reflet de l’évolution de la conjoncture avec un rôle clé pour établir des cotations attentivement suivies par tous les éleveurs et les différents acteurs du commerce du bétail. « Un cadran reflète très vite les fluctuations du marché. On est les premiers à baisser et les premiers à monter. La tendance de la semaine nous est donnée par Chateaumeillant dans le Cher puisque c’est lui qui démarre le plus tôt le lundi matin. »

Équilibrer les frais de fonctionnement

Et surtout de rappeler que l’outil économique qu’elle préside est d’abord là pour être au service des vendeurs comme des acheteurs. « On a brassé l’an dernier un volume d’affaires de 18 millions d’euros, mais un marché n’est pas là pour gagner de l’argent. Il doit en revanche équilibrer ses frais de fonctionnement », rappelle Michelle Chastan en soulignant que sa formation et son précédent métier sont pour elle un précieux atout pour gérer cette structure.

Elle est présente sur le site tous les lundis, pour chaque marché et consacre au marché au cadran une moyenne de trois jours par semaine en étant systématiquement présente le jeudi, jour du paiement des animaux. Elle a également en charge la commission des litiges entre vendeurs et acheteurs. « Là, il faut savoir garder son calme. Il est également important de bien savoir de quoi on parle et donc avoir une bonne connaissance de l’élevage et du bétail… et savoir faire preuve de bon sens et de diplomatie ! »

Le fait d’être une femme n’est pas analysé comme un handicap pour tenir fermement les rênes de cette structure. « J’ai un certain franc-parler. Je ne me gêne pas pour dire ce qui doit être dit. Mais je n’aime pas la polémique. » En revanche, le fait d’avoir eu à gérer le restaurant du marché pendant quatre mois entre le départ d’un gérant et l’arrivée du suivant est tout sauf un bon souvenir. « Ce n’est pas mon métier. Chacun son travail. Cela a été ma pire expérience sur le marché ! », souligne-t-elle avec humour.

Une équipe largement féminine

En plus d’être présidé par une femme, le déroulement des ventes est également orchestré par une main et une voix féminine.

À Mauriac, le chef des ventes est une cheffe en la personne d’Émilie Delbert-Bertrand qui en dehors de ses deux congés maternité a officié dès le départ à la conduite des enchères. « Émilie travaille 30 heures par semaine et elle est également femme d’éleveur. En dehors du lundi, jour du marché, elle est le plus souvent sur le terrain pour aller voir les agriculteurs et surtout les conseiller sur la préparation des ventes de leurs différents lots et faire en sorte qu’ils soient valorisés au mieux. » Le cadran emploie également deux secrétaires à temps plein et 9 bouviers à temps partiel les jours de marché, pour un total de 6 ETP. Trois à quatre personnes d’agriemploi 15 et une salariée d’Elvea sont également sur place tous les lundis.

Bon relationnel et convivialité

« Notre équipe administrative est donc 100 % féminine. Globalement, l’ambiance est bonne dans nos bureaux. Garder un bon relationnel et un esprit de convivialité est important. En général les éleveurs restent manger le lundi quand ils amènent des animaux. Le restaurant du cadran est pour eux un lieu de rencontre et de discussion. Voir du monde, discuter… c’est important pour garder le moral et dans ce sens notre marché a presque un rôle social. Le restaurant fait 150 à 180 couverts tous les lundis. »

 

La recette pour valoriser au mieux ses animaux

Environ 75 % des apports sont le fait d’éleveurs et 25 % de négociants avec un creux des apports au second trimestre. « On est très pointilleux pour le sanitaire. L’ordre de passage des animaux en tient compte. À l’écran, on affiche l’identité de l’animal, sa race, son poids, son âge et son statut sanitaire. C’est une info capitale. Un sanitaire optimum permet d’orienter vers un plus large éventail de destination avec un prix qui s’en ressent forcément. On cherche à sensibiliser les éleveurs sur ce volet. Ensuite le fait de prendre un peu de temps pour analyser quels sont, dans le ring de vente, les animaux les mieux valorisés est extrêmement pédagogique. Il n’y a pas meilleure école. » Un lot homogène côté poids et conformation associé à un sanitaire sans failles, telle est la recette pour arriver à valoriser au mieux ses animaux sur un cadran.

Les plus lus

<em class="placeholder">boeufs croisés limousines angus </em>
Croisement limousin x angus : des résultats qui bousculent les modèles

Connue pour élever un troupeau limousin bio en autonomie alimentaire depuis plus de vingt ans, la ferme expérimentale de…

<em class="placeholder">Maxime Couillard, situé à Jauzé dans la Sarthe, 169 ha de SAU, 55 vêlages en race charolaise, 1 600 m² de volailles de chair</em>
Veau dévoré dans la Sarthe : « Je déplore un manque de considération total des autorités »

Maxime Couillard, situé à Jauzé dans la Sarthe, a retrouvé le 15 septembre dernier l’un de ses veaux dévoré dans une…

<em class="placeholder">Eleveur dans le camembert de sa contention constuite à l&#039;intérieur du bâtiment d&#039;élevage</em>
Bâtiment : « J’ai construit ma contention à l’intérieur du bâtiment pour plus de sérénité »

Au Gaec des Reclous, dans la Creuse, les éleveurs ont construit leur contention en demi-camembert dans le bâtiment d’élevage…

%agr
Rouge des prés : « Combiner conduite économe et revenu avec un troupeau mixte »

Mathieu Chauvé et Florent Cesbron, éleveurs de rouges des prés dans le Maine-et-Loire, valorisent au mieux le potentiel…

vaches parthenaises veaux prairie
Revenu : les arbitrages à faire pour profiter de la déduction fiscale de 150 euros par vache

La déduction fiscale de 150 euros par vache s’applique encore en 2024. Le nombre de vaches à engager, la date de…

<em class="placeholder">Xavier Ferrand, engraisseur de jeunes bovins dans l&#039;Allier, a créé son mélange d&#039;huiles essentielles pour renforcer les défenses immunitaires des taurillons en atelier ...</em>
Maladies respiratoires des bovins : « J’utilise quatre fois moins d’antibiotiques grâce aux huiles essentielles et à la phytothérapie »

Le Gaec de la Sioule, dans l’Allier, a divisé par quatre son utilisation d’antibiotiques en atelier d’engraissement depuis que…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande