« 30 à 35 % des Français sont dans une dynamique de transition alimentaire », selon le sociologue Eric Birlouez
Selon Eric Birlouez, sociologue de l’agriculture et de l’alimentation, les attentes des consommateurs français vis-à-vis des fruits et légumes sont très fragmentées, entre recherche de produits sains et locaux, pouvoir d'achat et manque d'intérêt pour l'alimentation.
Selon Eric Birlouez, sociologue de l’agriculture et de l’alimentation, les attentes des consommateurs français vis-à-vis des fruits et légumes sont très fragmentées, entre recherche de produits sains et locaux, pouvoir d'achat et manque d'intérêt pour l'alimentation.
Quelles sont aujourd’hui les attentes des consommateurs pour les fruits et légumes ?
« Les attentes historiques de satiété, sécurité sanitaire, praticité, goût, santé et prix n’ont pas disparu. Mais il y a de nouvelles attentes pour du bio, du local, du naturel, des produits éthiques et équitables. La notion de local varie selon les consommateurs et les produits, entre ultra-local, régional, français. Mais tous veulent être sûrs que ce qu’ils achètent est bon pour leur santé et l’environnement. Et une motivation forte aujourd’hui est qu’ils veulent contribuer à faire vivre leur territoire. Les attentes sont toutefois fragmentées. 30 à 35 % des Français, surtout les jeunes et les personnes diplômées, sont dans une dynamique de transition alimentaire. Un tiers ne s’intéresse pas à l’alimentation. Et un tiers est en situation de précarité, le pouvoir d’achat étant alors un frein à la consommation de produits plus qualitatifs ou locaux. »
Après une forte hausse en 2020, les achats de fruits et légumes ont diminué de 4,6 % en volume en 2021. Comment l’expliquez-vous ?
« En 2020, il y a eu une hausse de consommation pour beaucoup de produits frais. Les confinements, la fermeture des restaurants et cantines, le télétravail… ont amené les Français à acheter plus de produits frais pour manger à domicile et donc plus de fruits et légumes que ce qu’ils consommaient habituellement. En 2021, il y a eu un retour à la situation d’avant. »
Depuis quelques mois, on assiste à une baisse de consommation des fruits et légumes bio. Qu’en pensez-vous ?
« En 2020, les fruits et légumes bio préemballés ont paru plus rassurants par rapport au Covid. Des consommateurs se sont aussi tournés vers les producteurs locaux bio ou les magasins de proximité où la gamme bio est plus étendue. En 2021, la baisse du pouvoir d’achat a pu constituer un frein à l’achat de produits bio. Par ailleurs, depuis quelques années, des gens se disent que la bio ne tient pas ses promesses avec des tomates bio qui viennent de loin, sont produites sous serre chauffée, avec du personnel mal payé et mal traité. Pour s’en sortir, la bio doit être locale et éthique. Pour beaucoup de Français, le nouveau totem est le local. Ils ont vu qu’on peut produire des fruits et légumes en France et estiment qu’il n’est pas normal que 50 % soient importés. Il y aura peut-être des désillusions pour certains quand ils réaliseront que le local n’est pas forcément vertueux sur tous les plans. »