Empreinte environnementale : la luzerne déshydratée a divisé par 2,3 ses émissions de gaz à effet de serre
Des scientifiques qui ont calculé l’empreinte environnementale depuis la mise en culture de la luzerne jusqu’à la sortie de l’usine de production ont découvert une baisse significative de son empreinte environnementale.
Des scientifiques qui ont calculé l’empreinte environnementale depuis la mise en culture de la luzerne jusqu’à la sortie de l’usine de production ont découvert une baisse significative de son empreinte environnementale.
Pour intégrer l’alimentation animale, la luzerne doit être déshydratée dans des fours, après un pré-séchage au champ. « Or, la déshydratation est un processus très énergivore. C’est pourquoi il est très important de calculer l’empreinte environnementale de cette production pour évaluer les marges de progrès afin de réduire ses impacts » écrivent les scientifiques de l’Inrae et de l’université de Reims Champagne-Ardenne qui ont planché sur l’empreinte environnementale de la luzerne depuis sa mise en culture jusqu’à la sortie de l’usine de production, sur les périodes 2006-2009 et 2016-2019.
Douze usines de production, dont huit situées dans le Grand-Est (principal bassin de production de luzerne en France) ont été le support de cette étude : elles représentent plus de 50 % de la production nationale de luzerne déshydratée.
Renouvellement des outils de production
Les résultats de l’étude publiée dans Journal of Cleaner Production montrent que l’innovation et le renouvellement des outils de production entre les deux périodes ont permis de réduire la consommation énergétique d’origine fossile. Les scientifiques expliquent qu’en 2006-2007, la plupart des fours utilisés pour déshydrater la luzerne étaient chauffés à 750°C et utilisaient principalement de la lignite et du charbon comme source d’énergie. « Au fil des années, les équipements ont été remplacés par des fours fonctionnant à basse température (250°C), ce qui a permis de baisser la consommation globale d’énergie » notent-ils.
Injecteurs de biomasse
Autre innovation soulignée par les scientifiques : les usines ont également équipé ces fours d’injecteurs de biomasse pour utiliser des sources d’énergies renouvelables comme le bois, du miscanthus et d’autres coproduits d’origines agricole et forestière. « Avec ces avancées, en une décennie, les usines ont divisé par 3,5 l’utilisation de la lignite et du charbon, cette dernière passant de 352 à 100 kg par tonne de luzerne déshydratée entre la période 2006-2007 et la période 2018-2019 » analysent les scientifiques.
Utilisation des terres
Ils remarquent aussi : « Symétriquement, l’introduction d’énergies renouvelables pour déshydrater la luzerne a augmenté pour représenter 127 kg de biomasse par tonne de luzerne déshydratée en 2018-2019. Cependant, l’utilisation accrue de biomasse renouvelable a augmenté l’impact environnemental global de la production sur le critère de « l’utilisation des terres » (passant de 0,840 m².an à 1,222 m².an) puisqu’il inclut de fait l’utilisation de terres pour la production de bois ou de cultures énergétiques ».
Allongement du temps de préséchage au champ
Selon eux, l’autre facteur ayant contribué à la baisse de l’empreinte environnementale de la luzerne déshydratée a été un allongement du temps de préséchage de la luzerne au champ avant la récolte, passant de 2-3 heures à 48 h, et l’évolution climatique. « En effet, cette technique a permis de réduire la teneur en eau de la luzerne récoltée, ce qui a permis, conjointement à un climat qui est globalement devenu plus chaud et sec, de fortement réduire la consommation d’énergie du transport de la luzerne et de la déshydratation dans les fours » estiment-ils. Ils nuancent cependant : si la luzerne est récoltée trop sèche au champ, elle perd en qualité protéique du fait d’une chute potentielle de folioles lors des opérations mécaniques.
Des émissions de gaz à effet de serre divisées par 2,3
Les scientifiques concluent : « Globalement, le secteur de la production de luzerne déshydratée en France a ainsi divisé par 2,3 ses émissions de gaz à effet de serre, passant de 1,150 à 0,494 kg CO2-eq par kg de matière sèche de luzerne déshydratée entre la période 2006-2009 et la période 2016-2019 ».