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Emile Coddens @le.vigneron : « Il faut montrer qu’on est passionné »

Il n’a que 24 ans mais fait déjà des millions de vues sur TikTok et vient d’écrire un livre. Emile Coddens, vigneron débordant de passion a réussi son pari de partager le monde du vin avec une foule d’internautes. Ces petites vidéos de 30 à 40 secondes ont changé sa vie. Désormais il est Second de chai et influenceur. Pour autant, il n’a pas l’intention de changer de métier. Il garde la tête froide et les mains au contact des barriques.

A 24 ans, Emile Coddens est Second de chai chez Plou & Fils à Chargé, près d’Amboise dans le Val-de-Loire. Parcours sans faute, pas de temps perdu. Emile savait ce qu’il voulait faire et a donc passé un Bac Pro et un BTS viticulture œno pour y parvenir. Passionné par son métier, il a décidé de le montrer sur les réseaux sociaux et a trouvé sa place sur TikTok. Il est désormais devenu le.vigneron et s’est même lancé récemment dans l’écriture d’un livre. « Le vin, ça se partage » : le titre de cet ouvrage sorti le 22 septembre 2021 résume bien sa philosophie. C’est aussi ça la « magie des réseaux sociaux » reconnaît-il. L’ancien élève qui n’affectionnait pas particulièrement l’orthographe a été repéré par une maison d’édition et est devenu auteur. « Ma mère est assez heureuse » dit le fils en forme de boutade. Un peu plus d’un an après ses premiers pas professionnels dans l’univers des réseaux sociaux, le jeune homme est sollicité par les chaînes de télévision nationale. En février 2021, il était l’invité du Quotidien de Yann Barthès. En octobre, il participait à l’émission C L’Hebdo. Sur les plateaux, il aime parler de son grand-père, celui qui lui a transmis sa passion pour le vin. Derrière son large sourire et son regard clair, se cachent plein de nouveaux projets. Pour l’heure, il nous parle de son rôle de communicant. Entretien avec un bloggeur qui admet, aujourd’hui, être devenu influenceur.

Pourquoi êtes-vous sur les réseaux sociaux ?

Emile Coddens - « En septembre 2020, c’était les vendanges, c’était le Covid. Je voulais montrer l’envers du décor de mon métier. J’ai créé un truc sur le réseau du moment. Ca a bien fonctionné mais ce n’était pas le but premier. »

Et pourquoi avoir choisi TikTok ?

E. C. – « Je suis sur TikTok, comme beaucoup de jeunes. J’aime beaucoup l’idée de « peu importe « qui on est et d’où l’on vient ». C’est un algorithme assez simple. Ce n’est pas l’internaute qui va chercher l’information. Il y a quelque chose d’un peu aléatoire. On peut aller voir les gens qui se sont posés des questions… ou pas. »

Quelle est votre audience ?

E. C. – « Je suis suivi par 525 000 personnes, une moitié d’hommes, une moitié de femmes. Au départ, j’avais beaucoup de jeunes de 18 ans. Maintenant, 30 à 40% des gens qui me suivent ont entre 15 et 25 ans. Les 60 % restants ont entre 25 et 35 ans. Au début, je m’imposais de tourner 1 vidéo par jour. J’ai mis en ligne à peu près 400 vidéos en un an, ce qui fait qu’il y a beaucoup de gens qui suivent mon compte. »

Quel est le post dont vous êtes le plus fier ?

E. C. – « C’est sans doute celui qui m’a permis de me lancer. Je pose la question : " Pourquoi on recrache quand on est vigneron ? ".  Un mois après la création de mon compte, cette première vidéo a fait 1 million de vues en une soirée. Ca a mis en lumière un peu ce que je peux faire. Je me suis rendu compte que ça suscitait des vues. Les gens regardent. Ca ne veut pas dire qu’ils aiment. Mais le monde du vin intéresse vraiment. Et plus on gagne d’abonnés, plus on gagne des vues. Mais qu’elles fassent 10 000, 100 000 ou plus de 500 000 vues, je suis content de partager ce que j’aime. Celle où je mets du vin en BIB, par exemple, a fait 7,4 millions de vues. Mais il y a beaucoup d’autres sujets. Je suis fière des vidéos où je parle, où j’explique, où je montre un peu tout l’univers du vin. Il faut juste que j’arrive à exploiter en 30-40 secondes. »

 

« J’ai créé un truc sur le réseau du moment. Ça a bien fonctionné. »

Vous est-il déjà arrivé de voir un de vos posts tourner en bad buzz ?

E. C. – « Non, pas vraiment. J’ai de la chance de ce côté-là. La plupart des messages sont bienveillants. J’en ai très peu de négatifs. »

Un de vos posts vous a-t-il particulièrement amusé ?

E. C. – « Oui, il y en a un où je me suis vraiment marré. On était chez un copain qui voulait me faire déguster à l’aveugle. Je n’ai pas trouvé quel cépage c’était. J’étais à côté de la plaque, c’était rigolo. »

Qu’est ce qui a tendance à vous énerver sur les réseaux sociaux ?

E. C. – « Ce que je n’aime pas, c’est le « sans filtre » des gens. On le voit souvent sur les réseaux sociaux. C’est abusif. Moi, je ne le subis pas. Je n’ai pas un contenu qui peut être facilement décrié. Je n’ai pas trop affaire aux anti-vins. »

Avez-vous un modèle sur les réseaux sociaux, un exemple que vous avez suivi ?

E. C. – « Non, pas trop. J’ai plutôt suivi le modèle TikTok, qui, à l’origine, propose beaucoup les mêmes contenus. J’ai vu un jeune qui montrait son métier de chocolatier. Je n’aime pas le chocolat mais je me suis mis à regarder ses vidéos. En fait, j’ai trouvé une idée qui va bien dans la nouveauté TikTok. »

« Je suis suivi par 525 000 personnes, moitié d’hommes, moitié de femmes. »

Quel a été votre déclic pour vous lancer ?

E. C. – « C’est vraiment le premier jour des vendanges, en 2020. Il n’y avait plus de touristes. J’ai trouvé que c’était le bon moment pour y aller. »

Combien passez-vous de temps sur les réseaux sociaux ?

E. C. – « J’y passe beaucoup de temps. Le problème, c’est le soir. Il faudrait une pièce sans téléphone ! »

Quels conseils donneriez-vous à un vigneron qui veut se lancer sur les réseaux sociaux ?

E. C. – « Il faut montrer qu’on est passionné. Rester soi et affirmer qui on est, même si se filmer peut paraître étrange. Plus on est de fous, plus on rit. Il faut quand même se dire, quand on commence, qu’on peut vite perdre les pédales, du jour au lendemain. »

Comment résister-vous à cette pression et aux sollicitations pour être influenceur ?

E. C. – « J’ai mon travail et mon travail reste au milieu de la mêlée. Il y a 3 ou 4 mois, j’ai accepté de faire des partenariats. Ca peut être pour des domaines viticoles, des salons, un peu tout… Les marques ont raison de passer par des influenceurs. C’est un terme qui fait peur mais il faut regarder les choses en face : les influenceurs donnent envie d’acheter. Et quand on a la chance d’avoir une belle vague, il ne faut pas hésiter à surfer dessus. »

« Mon travail reste au milieu de la mêlée. »

 

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