Élevage bovins viande : « La plaquette de bois complète la paille dans l’aire paillée de mes vaches aubrac »
Jean-Christophe Lacombe, à Flagnac en Aveyron, utilise depuis dix ans la plaquette de bois comme litière pour ses vaches aubrac. Il apprécie particulièrement l’allègement de la charge liée au paillage, et la qualité du fumier pour l’épandage.
Jean-Christophe Lacombe, à Flagnac en Aveyron, utilise depuis dix ans la plaquette de bois comme litière pour ses vaches aubrac. Il apprécie particulièrement l’allègement de la charge liée au paillage, et la qualité du fumier pour l’épandage.






« J’utilise la plaquette de bois comme litière depuis dix ans en complément de la paille », retrace Jean-Christophe Lacombe, éleveur de l’EARL Des Jean à Flagnac, dans l’Aveyron. Ce dernier élève soixante-quinze mères aubrac pour produire environ vingt-cinq veaux sous la mère en Label rouge et trente-cinq broutards chaque année, ainsi que quelques vaches grasses.
Le bâtiment principal, qui accueille pendant quatre mois et demi d’hiver une cinquantaine de vaches et génisses de 2 ans, est conçu avec une aire paillée de 10 m sur 35 m, prolongée par une aire d’exercice raclée de 4,50 m recouverte de paille et de plaquettes de bois. Ce bâtiment abrite également des box pour une quarantaine de veaux destinés à la vente de broutards. Pour la production des veaux sous la mère, les veaux sont logés dans les box paillés d’une ancienne étable entravée. Matin et soir, leurs mères y sont attachées pour la tétée, d’une durée d’une heure et demie. Bien que la majorité des vêlages soit groupée entre août et octobre, des naissances ont lieu tout au long de l’année. Aussi, les bâtiments accueillent toujours au moins une vingtaine de vaches et leurs veaux, y compris pendant les beaux jours. Les génisses de 1 an sont logées sur un autre site, dans un bâtiment entravé pour l’apprentissage de l’attache.
300 m3 de plaquette et 40 tonnes de paille
Côté confort, « les vaches préfèrent se coucher sur la paille, mais elles s’accommodent très bien de la plaquette. À la différence d’une litière constituée avec de la paille, elles ne s’enfoncent pas avec la plaquette, apprécie Jean-Christophe Lacombe, et elles n’ont pas de problèmes de pied ». Autre avantage, « la plaquette absorbe toutes les odeurs », ajoute l’éleveur. En revanche, le pouvoir chauffant de la plaquette est moindre. C’est pourquoi la paille reste la litière de choix pour les box des veaux.
Au global, l’exploitation consomme en moyenne 40 tonnes de paille chaque année, dont la moitié provient des 4 hectares de céréales à paille, et l’autre moitié est achetée à un agriculteur voisin autour de 50 euros la tonne. À la paille s’ajoutent 300 m3 de plaquette de bois. Il s’agit majoritairement de peuplier, acheté à la scierie de Saint-Cyprien, au prix de 20 euros la tonne. « Ceci revient à 61 euros par tonne équivalent paille » transport compris, calcule Bernard Galibert, conseiller environnement, bâtiment, agroforesterie et forêt à la chambre d’agriculture de l’Aveyron.
Depuis quelques années, Jean-Christophe Lacombe récupère également du bois auprès de voisins, issu de l’élagage et de la taille des haies, gratuitement ; il ne paye alors que le broyage. Pour transformer ce bois en plaquette, l’éleveur fait appel aux services d’une entreprise de travaux agricoles, qui utilise un broyeur au débit de 30 m3 par heure. « C’est un voisin, qui peut donc facilement intervenir pour une demi-journée, voire quelques heures », indique l’éleveur. Cette proximité apporte une certaine souplesse dans l’organisation du travail.
Réduire la fréquence de paillage
Deuxième objectif du passage à la litière plaquette : réduire la fréquence de paillage. Jean-Christophe Lacombe dédie une heure et demie à deux heures chaque semaine pour pailler les bâtiments et curer la salle de tétée. Une organisation qu’il préfère au paillage quotidien. Autre avantage, « la plaquette génère moins de poussière que la paille. Et puis, elle ne nécessite aucun outil supplémentaire : j’utilise l’épandeur pour remettre une couche de plaquette dans la stabulation », décrit l’éleveur. Depuis quelques mois, Jean-Christophe Lacombe fait broyer plus finement la plaquette : « Plus les morceaux sont fins, plus la litière est absorbante », apprécie-t-il. Pour améliorer encore le pouvoir séchant de la plaquette, il réfléchit à une meilleure solution de stockage. « Aujourd’hui, la plaquette une fois broyée est placée dans une cellule de stockage située à l’extérieur du bâtiment. Cette solution n’est pas idéale, car les couches de plaquette les plus extérieures absorbent l’humidité en fonction des conditions météo », reconnaît Jean-Christophe Lacombe. Un projet de création d’un nouveau bâtiment d’élevage pourrait prochainement libérer un bâtiment et lui permettre d’y stocker la plaquette au sec.
Un épandage de qualité
L’aire paillée et les box des broutards sont curés deux fois dans l’hiver, et leur fumier très compact déposé en tas au champ. Une fumière à trois côtés non couverte de 150 m² stocke le fumier compact issu du raclage hebdomadaire de l’aire d’exercice. Le fumier d’étable provenant de la salle de tétée est récupéré une fois par semaine par un évacuateur puis repris au godet et déposé dans la fumière, et le fumier très compact des box à veaux du même bâtiment, sont déposés tous les deux mois au champ ou dans la fumière selon la place disponible. Enfin, une poche à effluents de 100 m3 utiles récupère le purin et les lixiviats de la fumière.
« L’utilisation de plaquettes a permis de mettre aux normes le bâtiment en aire paillée lors de mon installation, sans réaliser de travaux pour augmenter la capacité de stockage des effluents », retrace Jean-Christophe Lacombe. En effet, « la plaquette n’engendre pas de purin au raclage, contrairement à la paille », complète Bernard Galibert : le fumier compact qu’elle génère s’adapte bien aux installations existantes.
Adepte du fumier, l’éleveur a écarté la possibilité de passer sur un système lisier. « L’épandage du fumier pose moins de contraintes que le lisier », estime Jean-Christophe Lacombe. L’éleveur apprécie la dégradation plus lente de la matière organique, qui permet d’étaler dans le temps l’apport d’azote. Pour le chantier d’épandage aussi, la plaquette de bois a son avantage : « Dans l’épandeur, le comportement du fumier de plaquette se rapproche de celui d’un compost. Il passe tout seul dans l’épandeur, le matériel ne souffre pas. De plus, une fois épandu, le fumier de plaquette ne fait pas de tas, contrairement au fumier de paille », apprécie Jean-Christophe Lacombe. L’hiver, le fumier est épandu sur les couverts.
« Composter le fumier de plaquette pour améliorer la disponibilité de l’azote »
Bernard Galibert, conseiller environnement, bâtiment, agroforesterie et forêt à la chambre d’agriculture d’Aveyron
« Le fumier de plaquette de bois a un ratio C/N plus élevé qu’un fumier classique, et la dégradation de sa matière organique mobilise davantage d’azote, lequel sera donc moins disponible pour le sol. Avec certaines essences, le compostage est même nécessaire, c’est le cas des bois riches en tanins (chêne, châtaignier…) et en terpènes (résineux) notamment. En effet, ces substances empêchent la pousse de l’herbe ; le compostage est indispensable pour les éliminer. Sur l’EARL Des Jean, Jean-Christophe Lacombe envisage un projet de compostage à froid. Ce processus permettrait de rendre plus disponibles l’azote, le phosphate, le potassium et le calcium contenus dans le fumier. Il s’agit de tasser le fumier afin d’en chasser l’air, comme on le ferait sur un silo. Le fumier tassé est ensuite recouvert de vieux foin afin de le protéger du soleil. En revanche, ce procédé allonge le temps passé au curage, car il est important de tasser le fumier le jour même du curage pour assurer la qualité du compostage. Cet hiver, Jean-Christophe Lacombe teste l’ajout de litière forestière fermentée (LiFoFer) pour ensemencer le fumier plaquette et améliorer la disponibilité de l’azote. »