[Edito] Hausse du prix du blé et des engrais : la grande loterie pour le revenu des agriculteurs
On le sait, les engrais azotés peuvent servir à la fabrication d’explosifs. Et c’est bien ce qui est en train de se passer, au sens figuré : la hausse des prix pourrait avoir l’effet d’une bombe pour l’économie de nos fermes. Sous l’effet combiné de l’escalade du prix de l’énergie, d’une forte demande mondiale et de facteurs logistiques, le prix des engrais a flambé en l’espace de quelques semaines. La tension est telle que c’est désormais l’approvisionnement au printemps, pour qui ne se serait pas couvert à temps, qui est hypothéqué.
Alors que la récolte 2021 renouait enfin avec de bons résultats économiques en grandes cultures, ceux de la récolte à venir risquent d’être détériorés par cette folle embardée. Plus que jamais, les comptes vont relever de la loterie, avec des grands gagnants et des (très) gros perdants. Tout va dépendre du moment auquel on a appuyé sur le bouton pour se couvrir en engrais, et pour vendre ses grains.
Le scénario catastrophe serait de voir la météo s’attaquer aux rendements. Jusqu’ici, touchons du bois, les conditions d’implantation d’automne ont été proches de l’optimum. Car si les quintaux ne sont pas au rendez-vous, les bons prix des céréales et oléagineux ne joueront pas leur effet de compensation. Cette situation est d’ailleurs à craindre dans les zones intermédiaires, naturellement fragilisées par de petits potentiels.
Cela met le plan protéines sous les projecteurs. Celui-ci vise à améliorer l’autonomie protéique française, et qui dit protéines, dit légumineuses fixant l’azote de l’air, gratuit, lui. Pois, soja et autres féveroles pourraient ainsi faire un retour remarqué dans les assolements. Mais encore faut-il une valorisation digne de ce nom pour les bennes qui sortent de la parcelle. C’est tout l’enjeu du plan protéines, surtout si la situation actuelle venait à se reproduire. Il deviendrait alors urgent d’explorer la voie de la sobriété azotée.