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« Je réalise mes meilleures marges avec le lin oléagineux en 2024 sur mon exploitation d’Eure-et-Loir »

Agricultrice à Saumeray, en Eure-et-Loir, Angélique Le Borgne a introduit le lin oléagineux de printemps dans sa rotation culturale. En contrat avec la société Valorex, la culture assure de bonnes marges tout en permettant de réduire les infestations de ray-grass.

<em class="placeholder">Angélique Le Borgne, agricultrice à Saumeray (Eure-et-Loir) au milieu d&#039;un champ</em>
Angélique Le Borgne, agricultrice à Saumeray (Eure-et-Loir)" Grâce à l'introduction du lin oléagineux de printemps dans la rotation culturale, cela fait deux ans que le ray-grass n’est plus pénalisant sur le rendement du blé. "
© Valorex

Angélique Le Borgne a repris l’exploitation de ses parents en 2018, avec une rotation classique colza-blé-orge, toute en labour et sans irrigation. « L’enherbement de parcelles par le ray-grass était devenu un important problème, avec un impact sur les productions, témoigne l’agricultrice installée à Saumeray en Eure-et-Loir(1). Je recherchais des moyens de réduire cette pression d’adventices. L’introduction d’une culture de printemps était une solution mais il fallait que je trouve une espèce qui n’ait pas besoin d’irrigation. »

De meilleures marges qu’une orge ou qu’un pois de printemps

La productrice s’est rendue au salon Cultur & Co organisé par la chambre départementale d’agriculture où étaient exposés divers moyens de diversifier ses cultures via des productions sous contrat dont le lin oléagineux. « En variété de printemps, cette espèce assurait a priori de meilleures marges qu’une orge ou un pois. Je me suis lancée dans cette culture en 2019. Et grâce à elle, cela fait deux ans que le ray-grass n’est plus pénalisant sur le rendement du blé. »

« Le lin oléagineux est intéressant pour une exploitation qui cherche une diversification et qui n’a pas l’irrigation », mentionne Aude Legoff, chargée de mission à la chambre d’agriculture d’Eure-et-Loir. Il est en outre peu appétent pour les limaces. Il apporte une plus-value sur la structure du sol et sur le blé qui suit avec un gain de rendement de quelques quintaux par hectare selon Terres Inovia. « En Eure-et-Loir, ce différentiel est de + 6 q/ha en moyenne par rapport à un blé de blé, avec des charges opérationnelles en moins », assure Aude Legoff.

Des contrats de lin oléagineux avec Valorex en Eure-et-Loir

En Eure-et-Loir, l’association Graine de lin 28 regroupe une cinquantaine de producteurs. Elle s’occupe de négocier les contrats, commander les semences, gérer les enlèvements et assurer le suivi technique de la culture. Les productions de lin oléagineux sont sous contrat avec Valorex, société qui transforme des graines d’oléo-protéagineux en aliments pour animaux, « à fort apport nutritionnel », avec une richesse en matière grasse et oméga 3 s’agissant des graines de lin. « Les prix sont définis avant semis avec la société. Ils avaient été négociés à un minimum de 550 €/t pour la campagne 2023-2024 et ramenés à 600 €/t à la récolte 2024 », précise Aude Legoff. C’est sans compter les bonifications sur la qualité des graines (teneurs en oméga 3 et matière grasse) qui peuvent atteindre entre 7 et 15 €/t.

Le lin oléagineux a tiré son épingle du jeu en marge brute en 2024 : entre 800 et 850 €/ha en moyenne

« Sur mes six années de culture, j’ai toujours reçu une prime sur la qualité. À part 2023 où le rendement a été décevant (1 t/ha), les autres années ont été satisfaisantes, même 2024 avec 1,9 t/ha sur 12,5 hectares, rapporte Angélique Le Borgne. Avec des cultures d’hiver qui ont décroché à cause du climat en 2024, le lin oléagineux a été ma meilleure production en termes de marge avec 730 €/ha. » Le lin a tiré son épingle du jeu en 2024. « Certains producteurs ont pu en tirer une marge brute jusqu’à 800 à 850 €/ha avec un prix à 600 €/t. Nous n’obtenons pas des marges extraordinaires avec cette production mais nous recherchons aussi un gain sur la rotation », souligne Aude Legoff.

Une culture peu gourmande en intrants

Le lin ne nécessite pas beaucoup d’intrants. Angélique Le Borgne apporte par exemple 80 unités d’azote (99 €/ha en 2024). Elle effectue un fongicide (35 €), trois désherbages (180 €) et un insecticide. Les semences lui ont coûté 128 €/ha. Le contrat de production impose l’utilisation de semences certifiées, de même que des capacités de stockage à la ferme pour lesquelles les agriculteurs sont rémunérés. En dehors du stockage, le lin oléagineux ne nécessite pas d’équipement spécifique pour sa production et sa récolte.

De la place pour 10 000 hectares supplémentaire en contrat

La société Valorex recherche des surfaces de lin oléagineux. « Nous traitons en contrat 15 000 hectares de cette culture en France notamment pour la filière Bleu Blanc Cœur. Mais il y a la place pour 25 000 hectares en contrat, avec en particulier des variétés de printemps pour lesquelles il y a eu un gap génétique en termes d’amélioration variétale », informe Tiphanie Soulard, en charge du développement des filières végétales chez Valorex.

Un prix minimum garanti de 650 €/t pour la récolte 2025

Les contrats de production de Valorex se décident au printemps de l’année précédant la culture, par exemple en avril 2024 pour la récolte 2025, avec des prix et surfaces définies avec les OS et groupes de producteurs. « L'engagement de Valorex est donc anticipé de deux ans, précise Tiphanie Soulard. Pour la récolte 2025, nous avons proposé un prix autour de 650 €/t. »

« Les agriculteurs de Graine de Lin 28 cultivent environ 600 hectares de l’oléagineux, précise Aude Legoff. Sachant que Valorex cherche des hectares supplémentaires, nous pourrions arriver à 1 000 hectares dans notre département à terme. » D’autres sociétés concluent des contrats de production de lin oléagineux avec des agriculteurs.

(1) EARL Grand Bois. 185 ha dont 70 de blé tendre, 60 de colza, 30 d’orge d’hiver, 15 de lin oléagineux, 10 de jachère. Sols limoneux battants, non irrigués.

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