Désherbage chimique de la vigne : chercher les complémentarités entre molécules et techniques
Les molécules disponibles pour le désherbage de la vigne se raréfient mais couvrent toujours un large spectre d’adventices, surtout en les associant. Le point sur les solutions restantes.
Les molécules disponibles pour le désherbage de la vigne se raréfient mais couvrent toujours un large spectre d’adventices, surtout en les associant. Le point sur les solutions restantes.
En plus de faire face à des retraits récurrents de molécules, le désherbage chimique doit composer avec les résistances. En la matière, celles de l’érigéron et du ray-grass vis-à-vis du glyphosate sont les plus embêtantes. « Le problème aujourd’hui, quand l’érigéron est installé, c’est qu’il n’y a aucun post-levée pour le contrôler. On est obligés de basculer sur le travail du sol », illustre Jacques Oustric, conseiller technique Charrière Distribution et membre de la commission Columa Vigne. En ce qui concerne les pré-levée, si chaque molécule possède ses lacunes, aucune adventice ne passe à travers toutes les spécialités. « L’objectif est donc de s’adapter à ce que l’on observe sur sa parcelle, d’identifier les plantes à problème et d’assembler si besoin deux pré-levée pour avoir un spectre large », analyse le conseiller.
Le flazasulfuron présente par exemple des lacunes sur morelle noire et érigéron mais garde en général une belle efficacité et reste le plus répandu. Les phrases de risques concernant la flumioxazine ayant changé, cette molécule est maintenant mélangeable. Associer les deux et jouer sur la complémentarité peut se révéler une bonne option. « Ce sont en plus des molécules avec des bonnes rémanences, de trois à quatre mois, estime Jacques Oustric. Contrairement à la métribuzine et au penoxulame, qui décrochent après deux mois. » Il considère cette première solution comme intéressante, avec un spectre large, mais la conseille plutôt courant mai en reprise de désherbage. Après un travail du sol par exemple, pour se donner de l’air à la fin du printemps.
Il est devenu primordial de mixer les molécules mais aussi les techniques
De même pour la deuxième, qu’il trouve similaire mais simplement « un ton en dessous ». La napropamide, de son côté, est compliquée au niveau du positionnement (les conditions d’humidité sont primordiales), mais a l’avantage d’être moins toxique pour les jeunes plants. « En première et deuxième années de plantation, on peut faire un Dévrinol/Cent 7 : le premier a un spectre plutôt antigraminées, le deuxième fonctionne mieux sur dicot. Ça n’est pas la panacée mais cela évite de piocher toute la campagne ou de s’arracher les cheveux la troisième année », suggère le technicien. Quant à la propyzamide et la pendiméthaline, il ne les recommande que dans des cas très particuliers.
Tôt en hiver pour la première contre le ray-grass, et éventuellement en troisième feuille pour la seconde. « Mais cette dernière molécule manque d’efficacité, il y a pas mal de plantes qui passent au travers », estime Jacques Oustric. Il n’en reste pas moins que mixer les molécules n’est pas toujours suffisant. Il est devenu quasi impératif de mixer les techniques. « L’époque où tout était simple et où l’on gardait le même programme, c’est fini », assure-t-il. Et d’énumérer quelques exemples : « le liseron passe au travers, mais un coup d’intercep et c’est réglé. De même pour la mauve, qui drageonne, ne craint pas les pré-levée, et ne meurt qu’à des concentrations de glyphosate élevées. » La solution réside, aussi, dans la tolérance d’un minimum d’herbe sur le rang…
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