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La place des alternatives aux pesticides vue par des chercheurs du Cirad, de Sciences Po et du CNRS

Une équipe de scientifiques européens et latino-américains ont travaillé sur la question des pesticides et de leurs alternatives. Ils livrent leurs conclusions dans un numéro spécial de la revue Environmental Science and Policy.

pulvérisateur dans un champ
© Christian Gloria

La question des alternatives aux pesticides est abordée dans un numéro spécial de la revue Environmental Science and Policy, coordonné par des chercheurs du Cirad, de Sciences Po Bordeaux et du CNRS, et impliquant des scientifiques européens et latino-américains. Les éditeurs de ce numéro spécial explorent, dans l’article d’introduction, la pluralité de ces alternatives ainsi que les processus socio-politiques qui favorisent ou entravent leur expansion.

Deux familles d’alternatives

L’équipe de chercheurs s’est penchée sur deux principales familles d'alternatives aux pesticides :

•    les solutions basées sur la substitution, avec des technologies telles que le biocontrôle

•    celles basées sur la refonte en profondeur des systèmes de culture et de production agricole, telles que l'agriculture biologique ou l'agroécologie, utilisant un ensemble de pratiques agronomiques telles que la diversification des espèces cultivées, l'usage de produits organiques (fumier, compost, etc.) et la rotation des cultures.

« Au-delà de leurs différences agronomiques, ces alternatives se distinguent par leurs trajectoires sociales, par les acteurs qui les défendent et par le degré de remaniement des systèmes alimentaires qu’elles impliquent », explique Eve Fouilleux, politiste au CNRS et chercheuse associée au Cirad.

 

Biocontrôle : une promesse technologique de premier plan

Les auteurs expliquent qu’en France ou dans les pays agro-exportateurs comme l’Argentine ou le Brésil, le biocontrôle est considéré comme une promesse technologique de premier plan, permettant d’assurer des niveaux de productivité élevée sans pour autant remettre en cause les fondements techniques du modèle conventionnel, ni ses différentes déclinaisons socioéconomiques. « Dans la famille large du biocontrôle, le développement et l’utilisation de microorganismes constitue en particulier un front technologique et scientifique majeur, dans lequel les États encouragent les chercheurs, les industriels et les agriculteurs à s’engager », analyse Frédéric Goulet, sociologue de l’innovation au Cirad.

L'agriculture biologique "peu soutenue par les politiques publiques"

D’autres solutions existent selon les scientifiques mais « elles restent dans l’ombre, révélant une forme de concurrence entre alternatives plus ou moins coûteuses en termes de changement de pratiques ». Ils expliquent que c’est le cas de l’agriculture biologique, « particulièrement peu soutenue par les politiques publiques en France comme dans les autres pays agro-exportateurs, tandis qu’elle l’est beaucoup plus dans les pays du nord de l’Europe par exemple ». Un des articles du numéro spécial explique comment, par des chemins institutionnels différents, la Suède et le Danemark sont arrivés à mettre en œuvre un objectif de 80 % de produits issus de l’agriculture biologique en restauration collective.

L’importance des différents types d’expertise scientifique

Les chercheurs expliquent que la mise en avant d’une alternative plutôt qu’une autre est notamment le reflet de la place plus grande accordée à certains types d’expertise scientifique plutôt que d’autres (discipline scientifique ou courant dans une discipline donnée).

Les deux articles portant sur la France, qui étudient respectivement le plan Ecophyto et les dispositions adoptées pour réguler l’usage du glyphosate, montrent ainsi comment le type d’experts convoqués influence l’orientation des décisions prises.

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