David Faivre : « Je veux montrer que la vie d’un vigneron est rythmée par 10 métiers »
Avec plus de 80 vidéos et le million d’audiences cumulées, le vigneron champenois David Faivre est devenu un YouTubeur en vue. Ce « révélateur de terroir » se filme dans ses multiples tâches quotidiennes. Il explique, il montre. Outil pédagogique pour les étudiants, outil commercial pour ses clients, outil d’échange d’information avec ceux qui exercent le même métier que lui. Cultiver les vignes et élaborer des cuvées ne s’envisage plus pour lui sans cette communication.
Avec plus de 80 vidéos et le million d’audiences cumulées, le vigneron champenois David Faivre est devenu un YouTubeur en vue. Ce « révélateur de terroir » se filme dans ses multiples tâches quotidiennes. Il explique, il montre. Outil pédagogique pour les étudiants, outil commercial pour ses clients, outil d’échange d’information avec ceux qui exercent le même métier que lui. Cultiver les vignes et élaborer des cuvées ne s’envisage plus pour lui sans cette communication.
David Faivre est vigneron à Belval-sous-Châtillon dans la Marne. Il s’est installé en 2000 et représente la 3e génération du Champagne Robert Faivre. Le domaine couvre 5 ha et demi de vigne situés dans le même village et répartis sur 25 parcelles d’un seul terroir. Pendant 15 ans, il a travaillé en coopérative. En 2016, il décide de créer ses propres vins. En 2020, il opère une conversion en bio. En 2021, il subit le gel et perd 95 % de sa récolte. « Les gens n’imaginent pas à quel point la nature peut être violente quelquefois », observe-t-il. Seul aux commandes il a « énormément de travail ». Difficile de trouver le temps de tout faire mais il garde le cap sur YouTube (chaîne David FAIVRE - Révélateur de Terroir).
Mi-mars, il a démarré une série de 6 épisodes retraçant la visite sur son exploitation de l’expert en champagne Geoffrey Orban. Avec plus de 80 vidéos mises en ligne depuis 2018, il s’est forgé une petite notoriété dans la sphère digitale viticole qui reste encore le théâtre de peu d’acteurs. Entre les vignes et la cave, le « révélateur de terroir » a accepté de nous parler de ces échanges avec les internautes qui font aussi partie de sa vie professionnelle. « Salut, c’est David Faivre ». Entretien.
Sur quels réseaux êtes-vous présent ?
David Faivre – « J’ai lancé ma chaîne YouTube « David Faivre – Révélateur de Terroir » en 2018. Je suis aussi présent sur Instagram avec des vidéos et des photos, sur Facebook et sur Linkedin. »
Pourquoi avez-vous fait ce choix ?
D. F. – « Pour dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit. En 2016, nous avions 3 ans devant nous avant le lancement des cuvées. Il faut trois ans pour faire un champagne. C’est assez long et c’est ce qui explique le prix de nos vins. Ce n’est pas déconnecté de la réalité. J’ai décidé à ce moment-là de parler de notre philosophie, de notre nouvelle façon de travailler. Je voulais montrer le quotidien, tel qu’il est. Montrer aussi quand tout ne va pas si bien, comme en 2021 par exemple. »
Quels sont les thèmes que vous aimez aborder ?
D. F. - « Les thèmes des vidéos arrivent en fonction de l’organisation de la semaine. Je veux donner des détails sur mon travail. Je veux montrer que la vie d’un vigneron est rythmée par 10 métiers, de la vigne à la cave. Ca va très vite. A peine un sujet terminé, on pense au prochain. J’aime aussi inviter d’autres personnes dans mes vidéos. C’est intéressant de ne pas faire que des sujets sur soi. J’ai invité par exemple David Faure, YouTubeur très connu en agriculture. Les YouTubeurs du monde agricole forment une communauté et je les connais tous plutôt bien. Moi, je parle des petites bulles mais eux défendent l’agriculture au sens large. Ils doivent nourrir la population. L’enjeu est plus important pour eux. »
Combien avez-vous d’abonnés et qui sont-ils ?
D. F. - « J’ai 6000 abonnés sur la chaîne. C’est assez peu mais les viticulteurs ne sont pas beaucoup représentés sur YouTube. Dans mon public j’ai beaucoup d’étudiants et une majorité de vignerons et professionnels de la viticulture. Pour le grand public, c’est difficile à quantifier mais toucher ce public n’était pas l’objectif. »
Quelle est votre audience ?
D. F. - « On vient de passer le million de vues depuis le lancement de la chaîne. La meilleure audience a été réalisée en 2021 au moment du gel. On expliquait que le récolte était perdue. Pour les autres sujets, c’est très variable, ça va de 500 vues à 30 000 vues. Quand vous parlez de matériel, ça intéresse beaucoup. »
Etes-vous parfois ou souvent confronté à des commentaires négatifs ?
D. F. - « Ca arrive régulièrement. Quand je réponds, je reste dans l’explication, je ne rentre jamais dans la polémique. Quand vous n’avez pas de récolte, on peut vous dire : " bien fait, parce que vous êtes en bio ". Ou quand vous donnez une conférence au Sitevi, on peut vous reprocher de défendre les lobbies de l’alcool. Il faut faire attention à ce que l’on dit. Je ne suis jamais dans la critique. Je me limite à ce que je fais. »
Avez-vous parfois des regrets d’avoir mis telle vidéo ou telle photo en ligne ?
D. F. - « Non. A partir du moment où on le fait, on réfléchit à ce qu’on dit, aux images. »
« Je ne suis jamais dans la critique. Je me limite à ce que je fais. »
A quelle cadence postez-vous vos vidéos et combien de temps cela vous prend-il ?
D. F. - « Une vidéo par semaine, c’est presque un minimum. Mais en ce moment, je n’ai pas trop le temps. Il y a des périodes plus propices que d’autres pour chercher de l’audience. Quand je trouve le temps, cela peut me prendre une demi-journée par semaine, voire une journée. Pour bien faire les choses, il faut y passer un peu de temps. »
Et pendant les vendanges ?
D. F. - « Pendant les vendanges, on ne fait pas de montage. On filme sur le moment ce qui nous semble un peu sympa. Et on poste. »
Y-a-t-il des choses qui vous agacent sur les réseaux sociaux ?
D. F. - « Les mensonges sur ma profession. En tant que vigneron, je sais ce qui est vrai ou pas vrai dans la communication. Il y a des médias mal informés. »
« Il y a des médias mal informés. »
Quel a été votre déclic pour vous lancer et avez-vous suivi des modèles ?
D. F. - « C’est David Faure qui m’a donné envie de faire ça. Je trouvais ce qu’il faisait simple et pédagogique. Je m’en suis inspiré. Le déclic, ça a été d’avoir envie de parler de notre projet. Et cela nous permet de toucher nos clients importateurs et cavistes. »
Pensez-vous qu’il pourrait y avoir plus de YouTubeurs dans votre domaine ?
D. F. - « Oui, bien sûr. Plus il y en a, plus ça permet de passer les messages. Mais il faut faire attention à la façon d’expliquer les choses. Sur Internet, il y a des gens qui sont à l’affût d’explications négatives. Ils n’attendent que ça. Si j’ai un conseil à donner, c’est de ne jamais être dans la critique, de toujours aller dans le bon sens et présenter les choses de manière optimiste et positive. »
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