Cuivre : connaître la phytotoxicité d’un sol viticole
Les experts de l’Inrae et de la Fnab ont partagé les résultats du projet BasIC. Ils ont notamment modélisé le transfert du cuivre dans le sol et sa disponibilité pour la vigne.
Les experts de l’Inrae et de la Fnab ont partagé les résultats du projet BasIC. Ils ont notamment modélisé le transfert du cuivre dans le sol et sa disponibilité pour la vigne.
Si les taux de cuivre dans les sols des parcelles viticoles françaises sont dans la moyenne européenne, ils peuvent néanmoins entraîner des situations de phytotoxicité pour la vigne. Selon une étude publiée en 2004 et portant sur des porte-greffes gravesac, 50 % des plants de vigne ont vu une diminution de leur croissance racinaire lorsque la concentration en Cu2 + dans l’eau porale du sol a atteint 32 µg/l. Des taux qui peuvent être dépassés dans certaines zones viticoles.
Les sols acides auront davantage de Cu2 +
Mais dans quels cas de figure cela peut-il se produire ? C’est ce qu’a voulu savoir Laurence Denaix, de l’Inrae de Bordeaux, dans le cadre du projet BasIC (bas intrant cuivre). « Le cuivre passe en solution selon la capacité d’échange cationique du sol, son pH et les constituants du sol », introduit-elle. Or c’est une partie de ce cuivre en solution, la forme ionique, qui est toxique pour les plantes. « Plus le sol est acide, plus on aura de cuivre sous forme ionique », met-elle en garde. Chauler un sol permettra donc de contrôler son écotoxicité.
De même, un taux élevé de matière organique diminuera les taux de Cu2 +, la matière organique complexant le cuivre. Pour savoir précisément si un sol risque d’entraîner une phytotoxicité de la vigne, l’Inrae a mis au point une équation de pédotransfert. Les chercheurs ont établi que log (Cu2 +)=-1,13(+-0,09)pHKCl + 1,41 (+-0,28) log (Cutotal)-1,63 (+-0,36) log (MO)+3,54 (+-0,78). À partir des éléments d’une analyse de sol classique, il est donc possible de calculer la biodisponibilité du cuivre.
Attention lors de l’irrigation ou de la plantation
Par ailleurs, le cuivre s’accumule dans l’horizon superficiel du sol qui est le plus riche en matière organique. L’enracinement de la vigne étant profond, elle est en général peu sensible à la toxicité du cuivre. Mais il faut être particulièrement vigilant sur des parcelles irriguées (racines en surface) ou lors des plantations. « Lors de la préparation de la parcelle, il faut veiller à ne pas enfouir la couche de surface, contaminée en cuivre, en profondeur, conseille Laurence Denaix. Cela risquerait de créer un problème pour le passage des racines de la vigne. Il vaut mieux bien mélanger les couches de surface et non juste retourner la terre. » Elle recommande également d’apporter de la matière organique, et de chauler.
Parallèlement à cela, des travaux sont en cours sur les couverts végétaux. « Pour le moment nous n’avons pas trouvé de plante hyper-accumulatrice de cuivre, regrette l’experte. Il y a bien la caméline mais elle est très difficile à implanter. »
Veiller à employer le moins de cuivre possible est une autre voie pour limiter la phytotoxicité. Selon les enquêtes menées dans le cadre du projet BasIC, l’observation de la vigne, le bon positionnement des traitements et une gestion adéquate de la vigueur sont les paramètres ayant le plus d’impact pour diminuer les doses.