[Coronavirus] En situation de pandémie, la question cruciale de l’autonomie protéique en alimentation animale de la France
Dans la situation de crise sanitaire du Covid-19, le sujet de l’autonomie protéique de la France apparaît primordial. L’alimentation animale est dépendante des importations, notamment de soja. Des pistes sont à l’étude pour réduire cette dépendance.
Dans la situation de crise sanitaire du Covid-19, le sujet de l’autonomie protéique de la France apparaît primordial. L’alimentation animale est dépendante des importations, notamment de soja. Des pistes sont à l’étude pour réduire cette dépendance.
C’était le 25 janvier 2018. En transmettant ses vœux à la filière agricole, Emmanuel Macron avait souhaité la construction d’une « vraie filière des protéines » à échéance de cinq ans. Deux ans après, en pleine crise sanitaire du coronavirus, les paroles du président de la République semblent être un objectif plus que jamais prioritaire. Qu’il s’agisse de l’alimentation humaine ou de l’alimentation animale, la voie de l’autonomie protéique apparaît, de plus en plus, être celle qui va dans la bonne direction.
En 2017, le Cereopa (Centre d'Etude et de Recherche sur l'Organisation des Productions animales a publié un « Rapport sur l'indépendance protéique de l'élevage français ». Globalement, la France importe 20 à 25 % des matières premières utilisées en alimentation animale. La France est notamment dépendante pour ses approvisionnements en soja.
Les protéines importées représentent 2,7 Mt et plus de 75 % de ces importations sont des tourteaux. En 2015, le tourteau de soja a représenté plus de 55 % des protéines importées. Il est importé principalement du Brésil et dans une moindre mesure d’Argentine et des USA. Ces sojas importés d’Outre-Atlantique sont essentiellement transgéniques.
S'affranchir du soja importé, rêve ou réalité ?
Mais peut-on réellement s’affranchir du soja importé ? C’est la question que pose Agri 79. « Les événements démontrent qu’il faut une réponse sur notre territoire », affirme Laurent Stéfanini, responsable ruminants chez le fabricant de nutrition animale Alicoop à Pamproux, dans le journal agricole des Deux-Sèvres.
L’Institut de l’élevage, dans le cadre de son projet PROTecoW, explore des pistes de remplacement du soja, rapporte la revue. Cinq précisément que sont les tourteaux de colza, l’implantation de ray-grass italien (RGI) entre deux maïs, l’amélioration de la qualité de l’herbe ensilée, l’autoconsommation de féveroles toastées et la conversion à l’agriculture biologique en conservant un haut niveau de production laitière.
Agri 79 évoque également les tentatives de création d’une filière locale du soja en Poitou-Charentes. « De nombreuses problématiques sont venues ralentir son essor », note Agri 79.
Lire l’intégralité de l’article « S’affranchir du soja importé, rêve ou réalité ? » dans Agri 79.
Bovins, porcs et volailles, pas au même stade d'autonomie alimentaire
Gagner en autonomie protéique est l’objectif de nombreux éleveurs laitiers. Réussir Lait a abordé récemment au travers d’un reportage dans une exploitation bio d’Ille-et-Vilaine. La famille Peu, adhérente d’une coopérative de déshydratation, cultive luzerne, trèfle blanc et trèfle violet, et vise l’autonomie alimentaire pour ses 110 vaches.
« En identifiant les matières premières importées (tourteaux soja et tournesol hipro), on estime que 63 % des besoins protéiques de l’élevage français sont couverts par des matières premières nationales (hors aliments minéralisés vitaminés et fourrages) ». Ces estimations sont celles fournies par Cécile Cordier, de l’Ifip, l’Institut du Porc, dans Réussir Porc.
Les filières porc et volaille consomment du soja. Cependant « la capacité des porcs à valoriser une large gamme de coproduits riches en protéines, hors tourteau de soja, permet à l’élevage porcin français de consommer des protéines à 80 % d’origine nationale », assure Cécile Cordier. « Par comparaison, la consommation protéique de l’élevage avicole dépend fortement des importations. Elle n’est qu’à 55 % d’origine française ».
En élevage porcin, redécouvrir la culture du pois est une solution envisagée pour améliorer l'autonomie protéique. Un des axes de travail actuels de la filière est d'augmenter la part des protéines locales dans l'alimentation des porcs. C'est l'objectif visé par le programme SOS Protein lancé par les régions Bretagne et Pays de la Loire.
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