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La coopérative Euralis ne vendra plus de produits phytosanitaires : 7 points à retenir de cette stratégie

Arrivé à la présidence d’Euralis le vendredi 12 février, Christophe Congues dévoile une feuille de route inédite pour une coopérative aussi importante. La coopérative ne vendra plus de produits phytosanitaires. La vente de ce pôle devrait être effectif avant juillet. Comptant plus de 6000 salariés et plus de 12000 coopérateurs agricoles, Euralis se veut pionnière dans une transition quasi obligatoire selon son président.

"Pour compenser la marge issue de la vente des produits phytosanitaires, chaque pôle de la coopérative devra être à l'équilibre".
© Euralis

"Ne pas subir, être maître de son destin", "Nous avons décidé de nous faire mal, mais d’être les premiers" : derrière ces phrases, Christophe Congues veut réinventer le fonctionnement de sa coopérative. Euralis mise sur l’anticipation de son avenir et cela passe pour eux par la vente du pôle phyto. Nous vous proposons aujourd’hui les 7 points à retenir de notre entretien avec son nouveau président, Christophe Congues.

 

1/Vers un discours plus cohérent des conseillers des agriculteurs

Lorsqu’une partie de leur rémunération est liée à la vente des produits phytosanitaires, les conseillers ne seraient-ils pas tentés de pousser à leur utilisation ? Une situation assez paradoxale dont Euralis ne veut plus. Supprimer la vente de ces produits est un choix plus que logique selon eux : " Si l’on veut pouvoir donner les conseils les plus adaptés à l’agriculteur, il est assez évident que le conseiller ne doit pas être biaisé par un quelconque intérêt. Leur rémunération était aussi liée à la vente des phytos".

Pour la coopérative, les phytosanitaires ne sont donc "pas un produit d’avenir". Christophe Congues admet également que la loi de séparation entre la vente et le conseil a été l’un des éléments déclencheurs de cette nouvelle stratégie. Même s'il indique avoir grandi "avec les phytos", le président de la coopérative veut aussi "entendre les attentes sociétales".

2/ 9 M€ de résultat net pour la vente des produits phytosanitaires : un défi économique de taille

La vente de produit phytosanitaire n’était pas marginale pour la coopérative. Avec plus de 9M € de résultat net sur l’exercice 2019/2020, un pan entier de son activité économique tend donc à disparaître. C’est d’autant plus étonnant lorsque l’on connaît le résultat global net qui est nul sur ce même exercice. Pourtant, il n’est pas question pour Christophe Congues de se projeter sur des résultats négatifs pour les prochaines années. Reste alors à combler ce manque à gagner que représentaient les produits phytosanitaires. Pour compenser l'absence de la vente des phytosanitaires, l'objectif est donc que chaque pôle soit à l'équilibre économiquement.

3/ Pôle phytosanitaire : une vente prévue avant juillet

Avec d’un côté une entité liée à la vigne et de l’autre aux grandes cultures, l’ensemble du pôle phyto devrait trouver un repreneur avant l’été. Le président est assez confiant sur cette vente qui serait déjà bien engagée avec des repreneurs qui se sont positionnés. Il souhaite tout de même que l’activité soit reprise par un acteur du monde coopératif. Deux lots sont donc en vente, l’un destiné à la vigne et l’autre aux grandes cultures. "On veut choisir notre partenaire pour pouvoir orienter notre stratégie vers le biocontrôle quand c’est possible".

4/ Semences et foie gras : un regard vers l’international

26 %, c’est le pourcentage du chiffre d’affaires réalisé par Euralis hors de nos frontières. Un chiffre qui risque de croître selon Christophe Congues. La coopérative mise sur une nouvelle usine de semences en Russie pour conquérir des territoires vierges : "nous avons décliné le même modèle que lors de la construction de notre usine ukrainienne. Les semences de notre territoire sont aujourd’hui ensachées en Russie". 80 % de la production des semences du groupe est exportée. Au niveau agroalimentaire, le nouveau du marché foie gras français en Chine donne des perspectives. La marque Rougier, dédiée aux chefs étoilés dans le monde, réalise 40 % de son chiffre d’affaires hors de l’hexagone. "De puis la visite d’Emmanuel Macron en Chine, nous pouvons désormais exporter notre foie gras français. Nous ne produirons plus en Chine".

5/ Le kiwi : une nouvelle production

Située sur le piémont pyrénéen, cette nouvelle culture sera dans des conditions pédoclimatiques propices à son bon développement. Elle traduit la nouvelle volonté du groupe à ramener de la valeur sur nos territoires en particulier dans les petites et moyennes exploitations recherchant du revenu.

6/ Le potentiel des énergies décarbonées en agriculture

S'il amputera les marges de la coopérative, le vente des pôles phytosanitaires devrait lui dégager des moyens pour investir. Ayant pour objectif de devenir un leader du domaine dans le Sud-Ouest, la coopérative souhaite développer le photovoltaïque et la méthanisation. "Nous volons ramener de la valeur ajoutée sur nos territoires, à nos agriculteurs", insiste Christophe Congues. De plus, elle travaille en collaboration avec Safran et Total dans le développement de biocarburants de deuxième génération issus des productions de maïs. L’objectif final étant de diversifier les sources de revenus avant d’améliorer la résilience de la rémunération des agriculteurs.

7/ L’innovation au cœur du projet coopératif

30M €, c’est la somme allouée par la coopérative à l’innovation. Le groupe développe, par exemple, un nouvel outil visant à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires par détection des adventices. Créé en collaboration avec 3 start-ups, il devrait être disponible pour cet été. Christophe Congues souligne que malgré le coût de cet outil, il souhaite le rendre accessible à tous les coopérateurs. "Nous voulons accompagner nos agriculteurs pour massifier le HVE3".

 

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