Hors frontières
Comment nos voisins européens financent-ils leurs installations ?
En Europe du nord, les reprises sont très majoritairement financées par des prêts bancaires. C’est le constat que fait l’Institut de l’élevage dans une étude réalisée pour FranceAgriMer sur les solutions de financement pour aider l’installation dans le secteur laitier. Le poids du foncier est partout beaucoup plus important qu’en France. Il alourdit le niveau de capital à reprendre, tout en facilitant l’accès aux prêts bancaires. L’hypothèque est la forme de garantie dominante, ce qui réduit l’importance de l’autofinancement. Des durées de prêts très longues sont observées notamment aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, qui peuvent proposer jusqu’à 40 ans pour du foncier et des bâtiments. Le Danemark se distingue avec un recours massif à l’emprunt et des prêts hypothécaires rechargeables basés sur la hausse du prix du foncier. Ce système a montré ses limites lors de la crise financière de 2008 avec de lourdes pertes financières pour les agriculteurs danois.
Les prêts familiaux sont fréquents en début de carrière, notamment aux Pays-Bas où les coûts de reprise sont les plus élevés. Il s’agit soit d’un prêt simple, soit d’une acquisition de parts au sein de la famille accompagnée d’un pouvoir de décision sur l’exploitation.
Plusieurs outils financiers plus originaux sont aussi utilisés. Notamment le leasing au Royaume-Uni, Pays-Bas, Allemagne… L’Irlande a mis en place un dispositif de prêt flexible (mensualité ajustée au contexte) spécifiquement adapté au secteur laitier (Milkflex, Agriflex). Le Share farming (emprunté à la Nouvelle-Zélande ) se développe en Irlande et au Royaume-Uni. C’est un contrat entre deux personnes physiques ou morales : l’un conduit l’exploitation et l’autre apporte une partie importante des moyens de production dont le foncier, le résultat est partagé entre eux, et les moyens de productions peuvent être transmis progressivement. Quant aux Pays-Bas, ils ont mis en place une offre de prêts verts à taux réduits pour les exploitations et les PME adhérentes à des labels écologiques. Cette offre s’appuie sur un emprunt direct auprès de la banque européenne d’investissement (BEI).