Maladie
Comment la listeria peut échapper aux défenses immunitaires
Un groupe de chercheurs vient de découvrir un mécanisme d’échappement immunitaire permettant à la bactérie Listeria monocytogenes d’infecter le système nerveux central.
Un groupe de chercheurs vient de découvrir un mécanisme d’échappement immunitaire permettant à la bactérie Listeria monocytogenes d’infecter le système nerveux central.

Des scientifiques de l’Institut Pasteur, d’Université Paris Cité, de l’Inserm et de l’AP-HP viennent de découvrir le mécanisme qui permet aux cellules infectées par certaines souches hypervirulentes de Listeria monocytogenes de survivre à l’action du système immunitaire. Les cellules infectées circulant dans le sang ont ainsi une probabilité accrue d’adhérer aux cellules de la paroi des vaisseaux cérébraux et de les infecter à leur tour, selon leur étude publiée le 16 mars dans la revue Nature.
Pour rappel, Listeria monocytogenes est la bactérie responsable de la listériose humaine, une infection d’origine alimentaire (surtout via les fromages au lait cru, les poissons fumés, les coquillages crus, la charcuterie), qui peut se traduire par une atteinte du système nerveux central, appelée neurolistériose, infection particulièrement grave conduisant au décès dans 30% des cas.
Un type de globules blancs infectés
Les chercheurs de l’unité de Biologie des infections à l’Institut Pasteur (Université Paris Cité, Inserm) et du Centre National de Référence et Centre Collaborateur OMS Listeria dirigés par Marc Lecuit (Université Paris Cité et hôpital Necker-Enfants malades AP-HP) ont mis au point un modèle expérimental cliniquement pertinent, impliquant des souches virulentes de Listeria issues de patients atteints de neurolistériose. Ils ont d’abord observé qu’un type de globules blancs, appelés monocytes inflammatoires, sont infectés par la bactérie et permettent d’infecter le tissu cérébral.
L’équipe de recherche a ensuite montré que c’est InlB, une protéine de surface de Listeria monocytogenes, qui permet à la bactérie d’échapper au système immunitaire et de survivre dans la niche protectrice que constitue le monocyte infecté. Grâce à InlB, les cellules infectées peuvent donc survivre aux lymphocytes T cytotoxiques.
Ce mécanisme permet de prolonger la durée de vie des cellules infectées, ce qui se traduit par une augmentation du nombre de monocytes infectés dans le sang et favorise la propagation de la bactérie aux tissus de l’hôte, dont le cerveau. Cette propriété favorise également la persistance de Listeria dans le tissu intestinal, son excrétion fécale et sa transmission à l’environnement.
« Nous avons découvert un mécanisme spécifique et inattendu, par lequel un pathogène augmente la durée de vie des cellules qu’il infecte, en bloquant spécifiquement une fonction du système immunitaire essentielle au contrôle de l’infection », résume Marc Lecuit (Université Paris Cité et hôpital Necker-Enfants malades AP-HP), responsable de l’unité de Biologie des infections à l’Institut Pasteur (Université Paris Cité, Inserm).